Chaque matin, Valérie Expert et Gilles Ganzmann reçoivent ceux qui fabriquent vos programmes à la télévision et à la radio.
Les invités
Animateurs, acteurs, journalistes, patrons de chaines, ils font l'actualité des médias. Chaque matin, Valérie Expert et Gilles Ganzmann reçoivent ceux qui, dans la lumière ou dans l'ombre, fabriquent vos programmes à la télévision et à la radio. Retrouvez "Sud Radio Média" du lundi au vendredi de 10h à 10h30 sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Plus aucun territoire n'échappe aux stupéfiants aujourd'hui,"
Valérie Expert : Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles Gansman. (Bonjour Valérie.) Bonjour Frédéric Ploquin, merci d'être avec nous ce matin, vous êtes journaliste spécialisé crime fait divers, non ? C'est comme ça qu'on peut vous qualifier, vous avez fait un certain nombre de sujets, de livres sur le sujet et France 5 propose un document formidable dans le cadre du monde face à la drogue et dans le pré, enfin quand je dis formidable, terrifiant sur la manière dont la drogue s'est infiltrée un petit peu partout, en région, en province, dans des petites villes, dans des territoires qu'on n'imagine pas, (partout) avec une organisation assez…
Frédéric Ploquin : Je dirais pour résumer que plus aucun territoire n'échappe aux stupéfiants aujourd'hui, c'est un peu le constat de ce documentaire.
Valérie Expert : Gilles vous a préparé un zapping sur mesure pour vous et on commence tout de suite.
Gilles Ganzmann : Evidemment, je vous ai fait un zapping délinquant, c'est évidemment l'actualité m'a rattrapé avec l'effroyable à fusillade qui a eu lieu hier à Marseille, depuis début d'année c'est plus de 42 morts, mais ce qu'a remarqué BFM, c'est qu'aujourd'hui cette fusillade a eu lieu à 18-19 heures là où tout le monde est présent : "Il est un peu avant 20 heures, une voiture arrive, elle a repéré trois hommes sur la droite de votre écran, un homme sort du véhicule, il traverse et n'hésite pas, ouvre le feu instantanément, vide son chargeur sur ses trois hommes, a priori il en repère un en particulier, et il repart, la voiture va être retrouvée quelques minutes plus tard. Alexis Plouillat, vous êtes à l'endroit où s'est produit de cette fusillade qui a donc fait deux morts et un blessé, ce matin on envoie les traces sur place. Oui, absolument, je peux vous assurer que c'est le choc ici dans ce quartier plutôt tranquille, dans le quatrième arrondissement de Marseille, mais ce qui choque les gens, et bien c'est que ça s'est passé à 19h40, vous imaginez, on est dans un quartier très commerçant, vous voyez cette pharmacie, il y a cette boulangerie qui était ouverte hier à 19h40." Il n'y a plus de limites ?
"Il n'y a plus de limites ?"
Frédéric Ploquin : Les tueurs passent à l'acte à l'heure qu'ils les arrangent en réalité, c'est à dire quand la cible est facile à atteindre, ils se foutent complètement en réalité de ce qui se passe à l'extérieur, de ce qui se passe dans la rue, ils sont dans leur monde, dans leur logique criminelle, dans leur parcours criminelle, et finalement peu importe qui est autour, le but, l'objectif c'est d'abattre la cible, l'ennemi, le rival, celui qui si vous ne le tuez pas va peut-être vous tuer avant.
Valérie Expert : Mais ça veut dire qu'ils n'ont peur de personne ni de rien ?
Frédéric Ploquin : Je crois qu'ils sont vraiment dans leur bulle, c'est un peu comme s'ils étaient dans leur salon avec leur tablette vidéo en train de jouer, le monde extérieur n'existe pas, n'a pas prise sur eux, et donner la mort pour eux devient une espèce de gymnastique comme ça, de chose qui n'est même pas réfléchie, je pense que les conséquences de cet acte-là, de l'acte criminel, n'atteignent même pas leur conscience et leur cerveau, ils sont vraiment dans leur logique de toute puissance, d'impunité relative, sinon on ne fait pas ça en pleine rue comme ça. Cela dit, les grands voyous marseillais ça fait un demi-siècle qui se butent dans la rue en plein jour, de cette façon là, la différence entre la grande époque du milieu marseillais aujourd'hui, c'est qu'il y a des gens qui filment avec des vidéos, et donc on voit les images, mais des faits de ce type là, à Marseille ça fait un demi-siècle qu'il y en a.
Valérie Expert : Il n'y en avait pas moins ?
Frédéric Ploquin : Non, il y en avait beaucoup, il y avait des années, il y avait 25 de mort à Marseille.
"Le but ultime, c'est de tuer leur propre patron,"
Gilles Ganzmann : Mais est-ce qu'elle inverse les dealers, puisque là on sait que c'est des histoires de dealers, est-ce que les dealers ont peur de la mort ?
Frédéric Ploquin : En tout cas eux, j'ai l'impression que non, en fait la vie du trafiquant de stupéfiant, elle est relativement courte, a priori sur le papier. Autrefois, au temps de la French Connection, on avait des vieux trafiquants de 70 ballets qui trafiquaient l'héroïne et qui l'exportaient vers les Etats-Unis. Aujourd'hui, le plan de carrière, il démarre à 14-15 ans dans la rue, petit, en bas de l'échelle, vous rentrez dans un monde, vous rentrez dans cet univers, vous adoptez les codes, vous ne rêvez que de ça, votre vie, ce n'est pas de mettre des sous de côté pour préparer la retraite, c'est d'en profiter un maximum pendant en gros 10 années, entre 14 et 24 ans, où vous pouvez vous épanouir, gravir les échelons, renverser, parce que c'est ça l'objectif, il faut commencer en bas de l'échelle, il faut renverser, éliminer ce qui est juste au-dessus pour prendre sa place, etc. Et à chaque fois que moi je m'entretiens avec des jeunes de 15 ans, comme ça je suis assez surpris, qu'au bout d'un moment il m'avoue qu'en réalité le but ultime, c'est de tuer leur propre patron, c'est-à-dire de tuer leur propre patron, parce que c'est lui qui s'enrichit le plus pour prendre sa place, c'est ça la logique. Et donc à un moment donné, si le patron veut passer de sa place, ce qui est à peu près normal, puisqu'il touche l'argent du point de dîne, il mûrit chez ce jeune l'idée qu'il va le bousculer, qu'il va être plus fort (…)