Retranscription des premières minutes :
- Bonjour, Arnaud Benedetti. Bonjour à vous.
- Merci d'être avec nous. Vous êtes rédacteur en chef de la revue Politique et parlementaire, professeur associé à l'université Paris-Sorbonne, auteur du livre « Comment sont morts les politiques ? Le grand malaise du pouvoir », c'est aux éditions du Serre. Bonjour, Johan Gillet.
- Bonjour, Laurence. Bonjour, Arnaud. Bonjour.
- Journaliste politique. Alors messieurs, face à la montée des extrêmes droites, des populismes partout, en Europe, en Allemagne, Italie, dans un monde qui semble gouverné par Trump et Poutine, est-ce que vous-même, vous redoutez un péril fasciste ? Et faut-il utiliser ce mot « fascisme » ? Je commence par vous, Arnaud Benedetti.
- Écoutez, moi, je pense que cette manifestation, c'est le plus petit dénominateur commun pour réussir à coaguler des gauches qui, sur le fond, sont extrêmement divisées.
- C'est agiter l'épouvantail antifasciste. C'est une figure historique qui, à une époque, a eu une véritable pertinence, en effet, mais qui, aujourd'hui, et d'ailleurs, votre petit sondage le démontre, et je suis convaincu que si on faisait un sondage sur l'ensemble de la population française, je ne suis pas sûr qu'en tout cas pour ce qui concerne la France, ce danger soit considéré comme véritablement la préoccupation principale des Français, tout simplement parce qu'il faudrait encore qu'on s'entende.
- Sur ce qu'est la notion d'extrême-droite. La notion d'extrême-droite, elle obéit, qu'on le veuille ou non, à des critères historiques qui sont tout à fait spécifiés. Vous êtes d'extrême-droite quand vous voulez renverser le régime, c'est-à-dire la République.
- Aujourd'hui, je n'entends pas, en tout cas, parmi les formations qui sont qualifiées d'extrême-droite par ceux qui vont manifester demain, des gens qui veulent renverser la République. Il faut, par exemple, s'assumer clairement comme antisémite, ce qui était un grand nombre.
- Il y a eu un grand nombre de formations politiques dans les années 30 qui, d'ailleurs, souhaitaient renverser la République.
- Les Maurassiens, en l'occurrence, l'action française était antirépublicaine, elles voulaient renverser la gueule et elles étaient antisémites.
- Je ne crois pas que les formations que l'on désigne aujourd'hui comme d'extrême-droite soient explicitement antisémites.
- Donc, en l'occurrence, on est, je pense, face à une figure politique qui est une figure politique qui constitue une ressource politique pour la gauche.
- Et moi, vous savez, en ce moment, comme vous le savez, la revue politique et parlementaire est très engagée.
- Oui.
- J'aurais aimé la Ligue des droits... J'aurais aimé que la Ligue des droits de l'homme... Je suis désolé pour ce coup de gueule.
- J'aurais aimé que la Ligue des droits de l'homme, qui appelle à manifester aujourd'hui dans la rue, ait un mot de soutien vis-à-vis de Bohème Sansal, qui, aujourd'hui, a 80 ans et est emprisonné en Algérie.
- Oui, oui, oui. Je vais faire réagir aussi, Yoann Gilles. Ce mot « fascisme », pour vous, il n'a pas de résonance, malgré tout ? Alors, on ne parle pas que de la France, mais de l'Europe et du monde.
- Alors, je suis inquiet qu'il n'ait pas de résonance.
- Oui.
- Parce qu'il y a quand même des petits gestes qui, pour le coup, nous rappellent des symboles de l'histoire, des bras qui se lèvent...
- Des salunazis, vous voulez dire ? Oui.
- Des petits bras, des petits salunazis qui sont en train de se lever un petit peu partout et qui, là, ne sont plus simplement une idée conceptuelle de journaliste métaphorique.
- C'est-à-dire que les bras se lèvent vraiment. On les voit à des meetings, il n'y a plus de problème.
- Donc, je suis un petit peu inquiet quand je vois que les gens ne craignent pas cette évolution.
- Après, Arnaud Benedetti a mille fois raison d'être précis sur les mots, parce que c'est quand on galvaude les...
- Les mots que, de fait, on permet de faire monter les vrais fascistes et les vrais nazis.
- Alors, les vrais responsables, effectivement, de la montée de cet extrémisme de fascisme et de nazisme sont les fascistes et les nazis eux-mêmes.
- Ce sont eux les premiers responsables.
- C'est-à-dire, ce sont ceux qui, par exemple, ne croient pas en l'état de droit.
- L'état de droit, c'est quand même ce qui nous permet, globalement, de dire que notre système à nous, il tient sur des règles...
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