Le crépuscule de l'universel : explications avec Chantal Delsol.
"Après la Seconde Guerre mondiale et la chute du mur de Berlin, nous avons cru à la victoire définitive de notre vision du monde, caractérisée par l’individualisme libéral, le cosmopolitisme et la démocratie des droits de l’homme. Mais depuis le tournant du siècle, plusieurs cultures mondiales s’opposent clairement et fermement aux principes occidentaux considérés jusque-là comme universels". On en parle avec la philosophe Chantal Delsol, auteure de "Le crépuscule universel" (éd. du Cerf).
Les invités
Du lundi au jeudi, André Bercoff donne la parole à des écrivains pour parler de leur nouveau livre et vous donne la parole pour réagir en direct avec notre invité. À retrouver sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 2 premières minutes de votre émission :
"On est dans une démocratie dégradée."
André Bercoff : De l'univers, c'est vrai, je sais, l'univers aussi est au crépuscule, pas tout à fait le même, mais effectivement, et je rappelle d'ailleurs, vraiment, je reçois toujours avec plaisir Chantal Delsol, et vous avez écrit un autre livre aux éditions Bollen sur la démocratie. Il y aurait beaucoup de choses à dire. Alors est-ce que c'est aussi, je fais une transition un peu facile, est-ce que c'est aussi le crépuscule de la démocratie en ce moment ?
Chantal Delsol : J'espère que non, mais c'est vrai que la démocratie est un régime fragile, difficile à maintenir parce qu'il n'est pas si naturel que ça, même pas du tout naturel, et donc je suis pas sûre qu'on fasse assez d'efforts pour le maintenir, c'est un petit peu ça. On s'imagine que ça coule de source, que ça va de soi, mais...
André Bercoff : Oui, que c'est à l'étal maintenant, qui est là pour l'éternité.
Chantal Delsol : Pas comme ça que ça marche. Voilà. Donc il faudrait qu'on se rende compte de cette difficulté et qu'on fasse un effort pour... Et l'effort n'est pas toujours facile ni agréable, donc je suis pas sûre qu'on ait pris conscience de ça.
"Le bien commun est dit par le bon sens populaire qui est souverain."
André Bercoff : Mais quel effort ? Par exemple, prenons notre cher et doux pays. On est en 2024, vous savez, les choses étant ce qu'elles sont, comme disait le général, on sait ce qui s'y passe. Est-ce qu'aujourd'hui, je vous pose la question brute de décoffrage, est-ce qu'on est en démocratie au sens véritable du terme ? Je dis qu'on n'est pas en dictature, on n'est pas en Corée du Nord, heureusement, on n'est pas dans certains pays, mais est-ce qu'on est en démocratie ? Au sens où vous l'entendez.
Chantal Delsol : On est dans une démocratie dégradée. On est en démocratie parce qu'officiellement oui, mais en fait cette démocratie est dégradée à plusieurs niveaux, selon plusieurs points de vue.
André Bercoff : Alors dégradée comment de quoi ?
Chantal Delsol : Elle est dégradée d'abord parce qu'il y a une technocratie très très vivace, c'est-à-dire une élite qui s'imagine que, parce qu'elle est composée d'experts, c'est elle qui dit le bien commun, alors qu'une démocratie, c'est pas ça du tout. Dans la démocratie, le bien commun est dit par le bon sens populaire qui est souverain. Or actuellement, on n'en est pas vraiment là. Donc ça c'est un problème. (...)