RN aux portes du pouvoir : une inéluctable victoire ?
"Marine Le Pen et le Rassemblement national peuvent-ils perdre la prochaine présidentielle ? Alors que la classe politique qui dirige le pays depuis près de quatre décennies est en butte à des records de défiance, de colère et de rancœur, l'héritière du FN, devenue une figure familière et rassurante, occupe aujourd'hui cette place centrale qui prédispose à diriger l'État". On en parle avec Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne et auteur de "Aux portes du pouvoir - RN, l'inéluctable victoire ?" (éd. Michel Lafon).
Les invités
Du lundi au jeudi, André Bercoff donne la parole à des écrivains pour parler de leur nouveau livre et vous donne la parole pour réagir en direct avec notre invité. À retrouver sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 3 premières minutes de votre émission :
"L'inéluctable victoire ?"
Philippe David : Et pour le face-à-face, nous avons le plaisir d'avoir en notre compagnie Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire et auteur de « Aux portes du pouvoir, RN, l'inéluctable victoire » publié chez Michel Laffont. Arnaud Benedetti, bonjour.
Arnaud Benedetti : Bonjour.
Philippe David : Bienvenue sur Sud Radio, un studio que vous connaissez bien puisque vous venez régulièrement chez Valéry Expert. On va commencer par le titre de votre livre, « L'inéluctable victoire ? ». Quand on voit ce qui s'est passé entre les deux tours, on se demande si ce n'est pas plutôt la défaite qui est inéluctable pour le RN.
Arnaud Benedetti : Alors c'était d'abord avec un point d'interrogation, il faut le préciser dans le titre, et donc ça a quand même son importance et sa nuance évidemment, le caractère d'inéluctabilité. La réalité, c'est que le Rassemblement National a connu une déconvenue ce dimanche, pour plusieurs raisons, d'abord on a certainement mésestimé ou sous-estimé l'efficience encore active du Front Républicain, que récemment le RN a souffert d'un déficit de professionnalisation, et on l'a vu avec un certain nombre de candidats qui étaient, c'est le moins qu'on puisse dire, insuffisamment adaptés, et insuffisamment préparés pour une élection législative, d'autant plus que le focus s'est fait plus particulièrement sur ces candidats. On aurait pu peut-être en trouver dans d'autres formations politiques aussi, dont le parcours était parfois aussi contestable, mais peu importe. Troisième point, je pense qu'aussi le RN a donné durant cette campagne législative quelques ingrédients à sa rediabolisassions, notamment sur la controverse concernant la binationalité. Donc tous ces éléments ont certainement fragilisé la dynamique du RN. Mais après, une fois qu'on a dit ça, il faut regarder les chiffres. Les chiffres, la réalité, c'est que le RN progresse. Ce qui progresse, c'est qu'aujourd'hui, il dispose stricto sensus au sein de son groupe 123 parlementaire, 145 ou 143 avec les alliés Ciottistes, qui vont certainement former un groupe parlementaire, et surtout, c'est plus de 10 millions de voix. Donc la réalité, c'est que si le Front républicain qui s'est mis en place entre les deux tours de l'élection législative a empêché le RN de cranter une majorité relative ou une majorité absolue, il n'a pas malgré tout empêché la progression du fait du RN. Donc la dynamique de ce point de vue-là demeure. Elle a été moins rapide que peut-être que l'on pouvait attendre, mais la dynamique est là. Et je dirais, et je rajouterai pour juste être tout à fait complet, c'est que la situation politique très instable dans laquelle nous sommes en train de rentrer, avec une Assemblée nationale pour le moins fracturée, peut, quelque part, disons, potentiellement être utile à la dynamique future du RN.
Philippe David : Alors maintenant, on va parler de la situation politique, qu'on rebondissait évidemment sur le titre de votre dernier ouvrage, qu'il faut vraiment lire parce que c'est très intéressant, comme toujours vos livres Arnaud Benedetti. 48 heures après le scrutin, est-ce qu'on y voit un peu plus clair en termes de rapports de force à l'Assemblée nationale ?