Bruxelles : état des lieux au lendemain de l'attaque.
Lundi soir vers 19 heures, un homme a ouvert le feu à Bruxelles, faisant deux morts et un blessé grave. André Bercoff revient avec Eric Denécé, directeur du Centre français de recherches sur le renseignement (CFRR), sur la situation et fait le point sur ce que l'on sait au lendemain de l'attaque terroriste : profil de l'assaillant, nombre de victimes, état d'esprit à Bruxelles, implication de l'État islamique dans l'attentat,...
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"Et aujourd'hui c'était au temps Bruxelles terrorisée ou Bruxelles assiégée même s'il n'y a qu'un seul…"
André Bercoff : C'était au temps… C'était au temps, oui Jacques Brel, c'était au temps. Et aujourd'hui c'était au temps Bruxelles terrorisée ou Bruxelles assiégée même s'il n'y a qu'un seul… qu'il y a eu deux morts, des blessés et effectivement Bruxelles continue à vivre et heureusement, ça devient une espèce de répétition morbide répétition générale de quoi ? Bonjour Éric Dénécé (Bonjour.) On a l'impression aujourd'hui, vous êtes directeur du centre français de recherche sur le renseignement on vous a reçu récemment et toujours avec plaisir sur ce qui se passe mais on a l'impression que vraiment c'est une espèce de… je dirais presque d'histoire monotone s'il n'était pas aussi morbide et massacreuse Enfin encore une fois, juste je rappelle Tunisien de 45 ans qui a demandé l'asile à Belgique en novembre 2019 on le lui a refusé, il était connu des services de police pour des faits suspects de trafic d'êtres humains etc. Voilà, demande d'asile rejetée en 2020 et bien il a reçu une décision négative en octobre 2020 il a disparu des radars peu après il n'a jamais été représenté par la police en tout cas la police n'a plus eu une nouvelle de lui On a l'impression Eric Dénécé que c'est presque un schéma devenu classique.
Eric Denécé : Oui, malheureusement c'est assez classique et c'est assez cyclique c'est ce que nous connaissons depuis plus d'une vingtaine d'années maintenant avec des périodes très violentes et très actives en matière d'action terroriste comme s'il y avait dans l'air du temps quelque chose qui pousse ces individus isolés à agir et puis des autres moments où les choses se calment et nous avons aujourd'hui malheureusement tous les signes qui nous permettent de dire que nous sommes dans une période de reprise d'activité très préoccupante
"Mais comment expliquer que dans cette ville quand même aujourd'hui on est un peu sur le qui-vive."
André Bercoff : Oui, surtout qu'on sait qu'il y a eu, je ne sais pas si c'est lié mais ça a eu le fameux discours de Khaled Mechaal du Qatar le chef du Hamas qui disait vendredi jour de colère allez-y, révoltez-vous dans le monde entier, etc. Alors est-ce que c'est lié, on n'en sait rien mais comment expliquons, c'est vrai qu'on a eu nous aussi ça avec les frères Kouachi. Mais comment expliquer que dans cette ville quand même aujourd'hui on est un peu sur le qui-vive. Cette personne a été à moto, a fluo avec armée, bien armée, lourdement armée a circulé pendant 12 heures a été filmée au fur et à mesure par un certain nombre de gens qui postaient leurs vidéos évidemment sur Internet, sur les réseaux et puis qui a été arrêtée au café où il s'était arrêté à 8 heures du matin ça aussi normal, classique ?
Eric Denécé : Oui, alors d'une certaine manière oui parce que systématiquement les terroristes sont toujours arrêtés on l'a vu à Arras aussi, ils étaient en plus identifiés comme c'est le cas dans les deux situations préalablement mais tant qu'ils n'avaient pas commis d'activités criminelles ils ne pouvaient pas être interpellés et puis ça traduit aussi quelque chose ça traduit d'une certaine manière la bêtise du terroriste qui s'arrête pour prendre un café en dehors de sa cruauté puisqu'il a assassiné lâchement 2 voire 3 personnes.
André Bercoff : Absolument. Alors dites-moi juste à votre avis, parce que c'était la Suède, parce que ces trois Suédois enfin deux qu'il a assassinés, un autre qu'il a grièvement blessé bon on ne sait pas si c'était voulu ou pas par rapport à la Suède mais en fait il a eu le temps quand même comme vous le savez de faire des vidéos avant il a dit voilà je suis l'Etat islamique, Daech enfin il a aussi discours hélas classique je suis là pour défendre les musulmans et passer à l'acte etc. Tout ça a été quand même très organisé même si c'est à titre individuel.
"C'est presque un schéma devenu classique."
Eric Denécé : Oui, je pense que l'enquête montrera que comme dans le cas d'Arras on a un individu qui s'est radicalisé soit via internet, soit via les réseaux sociaux, via des individus mais ça s'inscrit quand même dans un mouvement plus large On entend peu parler d'Al Qaeda et Daech depuis quelque temps ce qui ne veut pas dire que ces deux mouvements-là ne préparent pas quelque chose dans le silence même si leur activité s'est réduite Al Qaeda a frappé il y a une quinzaine de jours en Syrie où plus de 150 personnes ont été tuées et d'ailleurs personne en Occident n'a apporté le moindre soutien à cette attenta terroriste.
André Bercoff : On en a très peu parlé sinon pas du tout.
Eric Denécé : C'est tout à fait anormal et donc aujourd'hui il y a aussi des événements de Gaza qui font que finalement tous les islamistes radicaux vont s'abreuver sur un certain nombre de sites qui poussent à la réaction contre l'Occident soit directement parce qu'on brûle des courants en Suède soit parce qu'une nouvelle loi sur l'immigration va être discutée en France soit parce que l'Occident soutient Israël dans l'affaire de Gaza. (…)