André Bercoff reçoit Aram Mardirossian pour parler de la situation en Arménie. Au milieu du contexte international que nous vivons actuellement, l'Arménie est-elle oubliée ?
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"Je ne crois que ce que je vois."
"Pour toi, Arménie Tes saisons chanteront encore Très entendant."
André Bercoff : Oui l'Arménie, l'Arménie qui pose d'ailleurs le problème de tellement de peuples. Est-ce qu'on a le droit d'exister sur une terre quand autour de nous, les gens ne sont pas d'accord, même si on a été là depuis 2000, 2500 ans, etc. C'est vraiment, c'est pas le droit, la différence. C'est de savoir quand un territoire est majoritairement occupé, un territoire, une terre, une région, est-ce qu'ils ont le droit d'exister, est-ce que les Kurdes ont le droit d'exister, etc. Mais alors l'Arménie, voilà, 100 000 personnes, plus de 100 000 personnes ont fui leur terre. Là, en septembre, le Haut-Karabakh est passé sur le côteau de l'Azerbaïdjan, donc la population a retrouvé refuge en Arménie. Voilà, alors hier, hier, effectivement le ministère des armées Sébastien Lecornu, le ministère français des armées, a rencontré hier son homologue arménien Suren Papikyan en disant voilà, on va vous vendre des événements pour protéger vos frontières. Donc la France vend des équipements de défense solaires à l'Arménie, après l'exercice militaire de l'Azerbaïdjan, effectivement avec la Turquie, on sait que c'est les Azéries, voilà, ils se sont emparés effectivement du Haut-Karabakh, ils disaient, mais ça c'est à nous, etc. Donc, Aram Mardirossian, bonjour. Vous êtes professeur d'histoire du droit à l'université Panthéon Sorbonne. Ce qu'on a envie de vous demander d'abord, c'est vos réactions, justement, au fait que la France, quand même, là, a pris parti, en tout cas, apparemment de façon assez concrète, puisque c'est le ministre de la Défense qui est allé voir, son homologue arménien, et a dit, on va vous aider.
Aram Mardirossian : Alors, ici, je vais être comme Thomas, je ne crois que ce que je vois. Si réellement, dans un avenir proche, des armes vont être livrées à l'Arménie par la France, c'est effectivement une bonne chose. Mais ici, le regard de l'historien peut être intéressant. Ça fait presque mille ans que des rapports existent, et globalement, l'Occident et la France en tête ont toujours donné de beaux mots, de belles paroles, ont été évoquées, mais dans les actes, ça a toujours été beaucoup plus compliqué. Et les choses-mêmes sont aggravées, pour faire un petit point d'histoire, à partir de 1536, lorsque François Ier, moi, vous savez, André Bercoff, j'ai plutôt de la sympathie pour la monarchie, mais là, en l'espèce, c'est probablement l'un des rois qui a commis le plus d'erreurs politiques. Bref, il a conclu un traité avec le Sultan Ottoman, et depuis, en dépit évidemment d'affrontements, peut-être pendant la Première Guerre mondiale, ou à d'autres moments, s'il y a en parole un soutien toujours affirmé aux chrétiens d'Orient et aux Arméniens, dans les faits, et aujourd'hui le clé d'Orsay est un beau représentant, il y a une politique très pro-turque, pour différentes raisons, différentes raisons qui sont d'ailleurs perdantes. Que ce soit au cours de la Première Guerre mondiale, lors du génocide des Arméniens, que ce soit plus tard lors de la guerre de la Première Guerre du Arrapa, entre 1991 et 1994, et surtout que ce soit entre 2020 et 2023, la France, là encore, des belles paroles, n'est aucun acte. Donc si aujourd'hui les choses changent, je veux bien, mais j'en suis vraiment pas forcément convaincu, et j'ai bien peur que ce soit éventuellement une espèce de lot de consolation.
"Est-ce qu'au moins l'un de ces pays ouvrira son espace aérien pour que les armes passent ?"
Aram Mardirossian : Et juste une question aussi, on y apportera peut-être une réponse, quatre pays entourent l'Arménie, Turquie, Géorgie, Azerbaïdjan, Iran. Est-ce qu'au moins l'un de ces pays ouvrira son espace aérien pour que les armes passent ? C'est possible, je n'ai pas d'influence particulière. Je pose la question, et c'est l'une des questions. Parce que je veux rebondir et aller un peu plus loin. Je ne doute pas que le peuple français et même beaucoup de politiques français individuellement ait de la sympathie pour l'Arménie, il n'y a aucun doute. Mais lorsqu'on arrive au niveau de l'État français, le vrai problème c'est un problème, je pense d'abord, de souveraineté. C'est-à-dire que malheureusement, notre pays aujourd'hui n'est plus globalement sur les choses qui comptent vraiment, je parle pas dans les nuances, je parle sur les points fondamentaux, une réelle souveraineté par rapport à sa politique étrangère, nous sommes désaffidés pour ne pas dire parfois des caniches de l'OTAN et des États-Unis. Or les États-Unis, jusqu'à maintenant, n'ont jamais voulu se mettre sérieusement à dos. La Turquie et donc l'Azerbaïdjan qui est son petit frère, parce que en réalité, c'est vu à tort, à raison selon moi, à tort, comme une espèce de bélier contre notamment les Russes.
"Donc vous, vous entendez quoi ? Les gouttes de pétrole et de gaz qui coulent ou quoi ?"
André Bercoff : Donc ce que vous dites par exemple, quand vous entendez Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne, qui dit, ah mais les Azéries, le régime Azéri, le président Azéri est dine de confiance. Donc vous, vous entendez quoi ? Les gouttes de pétrole et de gaz qui coulent ou quoi ?
Aram Mardirossian : De mon point de vue, c'est l'une des erreurs, il y a la dimension économique, il y a la dimension de pétrole, mais le pétrole et le gaz azérie ne représentent même pas 10%, voire 5% des... C'est du pétrole russe. Plus de la moitié, voire les deux tiers sont du pétrole russe. (...)