Emmanuel Macron peut-il changer les choses à Ramallah ?
Alors qu'Israël a annoncé vouloir mener une offensive terrestre à Gaza pour éradiquer le Hamas, Emmanuel Macron est depuis mardi en déplacement au Proche-Orient pour tenter de faire peser la voix diplomatique française dans le processus de négociations. Après une rencontre après le premier Ministre israélien à Tel-Aviv, Emmanuel Macron s'est rendu à Ramallah pour s'entretenir avec le président de l'Autorité palestinienne. Que peut-on attendre de cette visite à Ramallah ? André Bercoff fait le point avec Jonathan Alpeyrie, qui revient tout juste de Cisjordanie.
Les invités
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"Et bien malheureusement la rationalité, vous savez, elle disparaît assez vite quand justement la violence et la manipulation s'installent."
André Bercoff : Le chaos, le chaos, le chaos, les hurlements, les cris, les bombes, les missiles, les tortures, tout cela, terrifiant, terrifiant mélange effectivement de toutes les guerres et à chaque fois on se dit mais c'est pas possible, on va pas continuer, ça va s'arrêter, nous sommes civilisés, nous sommes raisonnables, nous sommes rationnels, et bien malheureusement la rationalité, vous savez, elle disparaît assez vite quand justement la violence et la manipulation s'installent. Alors on va parler de ce qui se passe effectivement en ce moment au Proche-Orient, vous l'avez du matin au soir, vous écoutez ça, Emmanuel Macron était en Israël hier, il est en Jordanie aujourd'hui, à Ramallah, Cisjordanie, il va rencontrer le roi de Abdallah, demain il sera en Egypte, bien, alors les pour-parlers, les négociations un peu partout, est-ce qu'alors le secrétaire général de l'ONU demande à cesser le feu humanitaire immédiat, d'autres disent non, attendez, cesser le feu non, corridor humanitaire, oui, cesser le feu non, enfin voilà, ça discute de tous les côtés, chacun de son côté, en attendant des hommes, des femmes et des enfants meurent, voilà, et justement nous on est contents d'accueillir des personnes qui sont sur le terrain, qui ont été sur le terrain, et quand même le terrain c'est autre chose, la carte c'est une chose, la carte c'est la carte idéologique, émotionnelle, et puis le terrain, le territoire, c'est le territoire, et Jonathan Alpeyrie, bonjour, vous êtes photo reporter, vous êtes franco-américain et je crois que vous couvrez le terrain des guerres depuis assez longtemps.
Jonathan Alpeyrie : Une vingtaine d'années à peu près.
André Bercoff : vous avez été un peu partout, dites-nous un peu où vous avez été, pour des journaux vous êtes indépendant ?
Jonathan Alpeyrie : Je suis indépendant, j'ai travaillé pour beaucoup de grands médias américains, j'ai couvert un peu tous les grands conflits, les vingt dernières années, Irak, Afghanistan, Ukraine, beaucoup de conflits différents.
André Bercoff : D'accord, donc vous avez une expérience assez forte de ce qui se passe effectivement sur le terrain, et vous avez travaillé surtout pour des journaux américains ?
Jonathan Alpeyrie : J'ai un peu travaillé pour la presse française à une époque, Paris match notamment, mais il y a une dizaine d'années, mais j'ai surtout travaillé pour les grands médias américains comme Bloomberg, Vanity Fair ou Wall Street Journal, enfin pas mal de publications de la sorte.
André Bercoff : Très bien, alors là vous avez passé deux semaines effectivement après l'attaque du Hamas sur les kibboutz de Gaza le 7 octobre, vous venez de rentrer de là-bas, vous avez été donc autour de la frontière de Gaza, et puis vous avez été en Cisjordanie. Alors dites-moi d'abord ce que vous avez à la fois vu et ressenti par rapport à ces quinze jours que vous avez passé là-bas ?
"Est-ce qu'on vous a laissé aller dans les kibboutz, se sont passés des choses extrêmement violentes, on peut dire des massacres ou pas ?"
Jonathan Alpeyrie : Disons que je suis arrivé le 10, donc c'était juste après les attaques du Hamas sur le territoire israélien. Disons qu'au début les choses étaient très fluides, donc quand je suis arrivé l'armée israélienne était encore en train d'essayer de reprendre le terrain, notamment sur Sderot par là, et plus vers le sud, vers les kibboutz de Be'eri, tout ça, et donc les combats se passaient à ce moment-là. Aussi au même moment en Cisjordanie, les choses étaient très calmes, d'ailleurs elles sont restées assez calmes jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas eu encore de grands mouvements.
André Bercoff : Oui c'est ça c'est intéressant parce que ça fait quinze jours, il n'y a pas eu de grands mouvements en Cisjordanie, il n'y a pas eu de manifestations monstres etc.
Jonathan Alpeyrie : Non très peu, il y a eu quelques morts, par contre ce qui se passe encore aujourd'hui c'est qu'il y a beaucoup de palestiniens qui ont été arrêtés par les Israéliens, à peu près un millier, je crois qu'il y a eu une cinquantaine de morts, donc j'ai passé pas mal de temps aussi en Cisjordanie pour voir, mais de manière générale c'était très tendu évidemment à Ramallah, mais c'était quand même assez calme, il n'y a pas eu de soulèvement comme beaucoup de gens pensaient.
André Bercoff : Alors est-ce que vous êtes allé, est-ce qu'on vous a laissé aller dans les kibboutz, se sont passés des choses extrêmement violentes, on peut dire des massacres ou pas ?
Jonathan Alpeyrie :Si si on a eu accès, donc là évidemment les autorités israéliennes contrôlent énormément les médias, surtout dans ces zones-là, juste à la frontière de Gaza, pour des raisons assez évidentes, l'une d'entre elles c'est parce que l'état hébreu ne fait peu confiance à la presse internationale, ça depuis de nombreuses années, donc on est très...
André Bercoff : Ils pensent que la presse internationale est contre eux, enfin...
Jonathan Alpeyrie : Ils pensent ça énormément en effet, donc ce qui n'est pas vrai entièrement, enfin ça dépend évidemment des médias, ceux qui sont plus nuancés, exactement. Donc j'ai eu accès à ça avec d'autres journalistes, les maisons étaient détruites, artilleries, des combats d'infanterie qui ont été assez durs, d'assassins de cadavres absolument partout, et on voit encore, il y a du sang un peu partout, on voit les restes des armes qui étaient utilisées par l'infanterie du Hamas, donc ils se sont vraiment accrochés. (...)