Marseille-Lyon : nouveau fiasco pour le football français.
Alors que l'Olympique de Marseille (OM) devait recevoir, dimanche 29 octobre au stade Vélodrome, l'Olympique Lyonnais (OL) pour clôturer la 10e journée de Ligue 1, la rencontre choc a été reportée par la Ligue de Football Professionnel. Cela fait suite au caillassage du bus de l'Olympique lyonnais, qui a touché au visage son entraîneur, Fabio Grosso, et son adjoint Raffaele Longo. Jean-Marie Bordry reçoit Mathieu Zagrodzki pour en parler.
Les invités
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"Bref, triste soirée..."
Jean-Marie Bordry : Ce que vous entendez, ce que vous entendez, ce sont des supporters, on va les appeler comme ça, marseillais qui accueillent ironiquement bien entendu le bus des joueurs lyonnais hier qui arrivait dans la ville de Marseille précisément pour préparer ce match qui devait avoir lieu à 21h au stade Vélodrome Olympique de Marseille, Olympique lyonnais. Alors le bus n'a pas été caillassé, il a été pulvérisé en tout cas ses vitres à coups non pas de cailloux mais de pavés au point que l'entraîneur de l'Olympique lyonnais, on l'a dit, a eu le visage complètement en sang. Fabio Grosso, c'est une soirée absolument lamentable, le match n'a pas eu lieu, on a ensuite assisté à des scènes et des gestes racistes de la part de certains ultra lyonnais dans les tribunes du Vélodrome. Bref, triste soirée, on en parle avec notre invité Mathieu Zagrotski, bonjour à vous.
Mathieu Zagrodzki : Bonjour.
Jean-Marie Bordry : Bienvenue sur Sud Radio, vous êtes chercheur associé aux 16 DIP spécialisés dans la sécurité intérieure. Il s'est passé beaucoup de choses depuis hier, la seule chose qui n'a pas eu lieu c'est finalement le match. Evidemment, les événements que je viens de vous décrire ont causé un scandale. D'abord c'est le gouvernement qui a commencé par réagir. "Il y a eu 500 policiers, un demi, milliers de policiers de gendarme pour un match de football, de quoi parlons-nous ? Est-ce qu'il n'y a pas une responsabilité des supporters ? Est-ce qu'il n'y a pas une responsabilité des clubs ?" Est-ce qu'il n'y a pas une responsabilité des clubs ? En gros, c'est le premier flic de France, Gérald Darmanin, qui explique que c'est aussi la responsabilité des supporters et pas seulement de la police. La ministre des Sports elle-même a réagi, madame Oudéa Castéra. "S'il est établi qu'il y a des supporters qui ont été impliqués et que les rôles et les responsabilités permettent de l'établir de manière très irréfragable, les clubs ne peuvent pas se désintéresser de ça." Alors sans désintéresser, c'est une chose, mais à qui la faute ? C'est la question qui revient ce matin Mathieu Zagrotski, qui peut être techniquement tenu responsable de ces débordements qui ont eu lieu manifestement en dehors du stade ?
"Est-ce qu'on est capable en France d'organiser un match entre deux des équipes les plus populaires du pays sans qu'il y ait le moindre d'incidents Mathieu Zagrotsky ?"
Mathieu Zagrodzki : D'abord les auteurs des jets de projectiles. Les premiers responsables juridiquement, ce sont les personnes qui se sont rendues auteurs de ces délits. Ensuite sur la question de savoir si le club est responsable ou non pour, encore une fois, différencier la responsabilité juridique de la responsabilité morale. Juridiquement, vous pouvez difficilement imputer quoi que ce soit à un club de football pour des événements qui se produisent sur la voie publique et pas dans le stade. Le club est responsable de ce qui se passe dans le stade parce qu'il est organisateur de l'événement. Là on est sur quelque chose qui se déroule dans la rue, sur une voie de circulation. C'est pas vraiment le club qui est en charge de ça. C'est l'Etat qui a la responsabilité de ce qui se passe dans la rue. Là c'est un convoi qui est escorté par la police nationale. Le bus des joueurs du Stade Pioneer est escorté par un convoi de la police. Donc c'était à la police d'assurer la sécurité des occupants de ce bus.
Jean-Marie Bordry : Je le dis de manière un petit peu ironique parce qu'on peut aussi imaginer que nos forces de l'ordre, par les temps qui courent dans le climat délétère qui suit du pays, auraient mieux à faire que d'escorter des joueurs de foot qui viennent disputer leurs propres matchs. Il y a eu une autre réaction elle est intéressante. Je vous propose de la réécouter Mathieu Zagrotsky. C'est celle d'un ancien entraîneur de l'Olympique de Marseille, Rolland Courbis. "Des quarts de joueurs de l'OL et de supporters ont été attaqués par des Marseillais. Attaquez même caillassez . Votre réaction Rolland Courbis, bonsoir. J'ai été surpris il y a quatre ou quatre ans, supporters lyonnais, de descendre à l'Olympique de Marseille. Les emmerdes, on les cherche ou on le fait exprès ? Quand je vois ce qui s'est passé et que je sais qu'il y a eu sept à huit quarts de supporters lyonnais qui se sont fait caillasser, je pose la question suivante. Est-ce qu'il y aurait eu ces problèmes-là sans le déplacement des supporters ? J'ai le doute." Si on suit la logique de Roland Courbis, c'est ce qui aurait eu ce genre de problème si on avait organisé un match ou si on l'avait pas annulé en amont pendant qu'on y est. Est-ce qu'on est capable en France d'organiser un match entre deux des équipes les plus populaires du pays sans qu'il y ait le moindre d'incidents Mathieu Zagrotsky ?
Mathieu Zagrodzki : C'est vrai que c'est compliqué parce que c'était le premier déplacement lyonnais depuis plusieurs années, ça a été dit. Peut-être pas une norme en France mais c'est une norme qui est assez fréquente. Il y a tous les ans des déplacements qui sont interdits par le ministère de l'Intérieur. Pour les auditeurs qui ne suivent pas forcément le football, un déplacement interdit ça veut dire que les lyonnais n'ont pas le droit de se rendre à Marseille pour assister au match. Or, c'est quelque chose qui n'existe pas dans d'autres pays. En Angleterre, ça n'existe pas, ce serait totalement considéré comme attentatoire aux libertés individuelles, à la liberté d'aller venir. (...)