Des agriculteurs en colère retournent les panneaux du nom des villages pour alerter le gouvernement.
Les panneaux de noms des villages dans le viseur des agriculteurs... Une action de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs pour dénoncer une politique agricole qui "marche sur la tête", contre l’empilement des contraintes administratives, réglementaires et environnementales... Pour en parler, André Bercoff reçoit Christopher Régis, agriculteur céréalier et semencier, président des Jeunes Agriculteurs du Tarn.
Les invités
Accompagné d'un invité expert, André Bercoff détaille pour vous, du lundi au jeudi, un fait marquant de l'actualité du jour. À retrouver sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Alors, on marche sur la tête. Pourquoi ?"
André Bercoff : Ah, c'était le temps où ils montant pouvaient chanter, effectivement, il fait bon chez vous maître Pierre, et ça sent bon le grain, mais aujourd'hui, je ne sais pas ce qui sent bon, je ne sais pas ce qui sent mauvais, mais il y a quelque chose qui se passe, effectivement, quand les panneaux à l'entrée de plusieurs communes sont retournés, sont retournés, effectivement. Pourquoi ? Eh bien, ce n'est pas une opération de magie. C'est une action menée par la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles et les jeunes agriculteurs, et c'est né dans le Tarn, ils ont lancé une action inédite, on marche sur la tête. Bonjour Christophe Régis.
Christopher Régis : Bonjour.
André Bercoff : Vous êtes agriculteur céréalier, vous êtes semencier, vous êtes président des jeunes agriculteurs du Tam.
Christopher Régis : Oui, tout à fait.
André Bercoff : Alors, on marche sur la tête. Pourquoi ? Je voudrais que vous expliquiez. Vous savez, dans cette émission, on a déjà depuis des années reçu beaucoup d'agriculteurs, et effectivement, il y a ce scandale de ces fins de mois qui sont absolument éthiques avec tout ce qui se passe, mais aujourd'hui, vous dites, vous êtes touché de plein fouet par l'augmentation des charges, et les prix de ventes n'augmentent pas, je voudrais que vous nous disiez, qu'est-ce qui se passe ? L'état des lieux, c'est quoi ?
"L'idée a été de retourner les panneaux s pour qu'on parle de nous."
Christopher Régis : Alors, déjà, on a commencé par vouloir faire une action un peu pour que l'on parle de nous, sans dire qu'encore une fois, on sortait avec du fumier ou on mettait des choses partout, dans les villes ou autres, donc voilà, l'idée a été de retourner les panneaux s pour qu'on parle de nous. Clairement, ce qui se passe actuellement, c'est qu'il y a un mal-être agricole qui est énorme, qui ne cesse de grandir depuis, on va dire, des années, et là, on en arrive à un point de non-retour, c'est-à-dire qu'on nous demande tout, et on nous augmente tellement tout ce qui est les charges, tout ce qui est la paperasse, tout ce qui est également attaché avec l'exploitation, qui est le GNR, de ça, le GNR, on ne peut pas faire fonctionner notre matériel agricole.
André Bercoff : Le GNR est précisé juste pour nos éditeurs, GNR ?
Christopher Régis : Le gasoil non-routier.
André Bercoff : D'accord, le gasoil non-routier, d'accord.
Christopher Régis : Le gasoil non-routier qui doit être donc taxé, donc en fait, bien évidemment, on va reprendre des taxes dessus, alors qu'il est détaxé, voilà, donc du coup, ça servirait à force d'avoir ce gasoil, parce qu'on arriverait à un prix qui serait comme du gasoil blanc.
"C'est quand même un scandale, normalement on devrait, nous français, avec ce qu'est ce pays, manger avec tout ce que la France peut produire."
André Bercoff : C'est-à-dire en fait, augmentation des taxes, et pas d'augmentation de vos prix à vous ?
Christopher Régis : Non, non, non, ça c'est sûr, on vend toujours le litre du lait, toujours au même prix qu'il y a des années, les céréales ne bougent pas. On a connu une histoire avec la guerre en Ukraine, où on a eu nos prix qui se sont emballés, et maintenant tout est retombé, mais il ne faut pas oublier qu'avec l'augmentation que l'on a eue de nos produits à cause de la guerre en Ukraine. On a eu nos charges qui ont explosé, on a eu nos prix d'engrais qui ont doublé voire triplé à l'achat, voilà. On a eu des choses qui se sont passées, qui ont bouleversé et touché nos agriculteurs, et là on en arrive à un point où le mal-être est tellement fort, que comment voulez-vous que d'ici 5 ans, on arrive à pouvoir installer plus de jeunes, que des départs à la retraite qui vont être importants, puisqu'on va perdre énormément d'actifs qui arrivent à la retraite, on a des jeunes qui aimeraient s'installer, mais quand ils voient le désarroi, quand ils voient comment on pourrait, ou comment ils veulent avoir sur du long terme une exploitation, ils se disent que ce n'est pas possible. On a tellement de charges, une charge qui se cesse d'exposer, non, là on ne peut pas installer des jeunes sur du long terme. Vous le savez, le métier agriculteur c'est un métier de passion, un métier d'amour, on a ça dans le sang, on a envie de produire, on a envie de nourrir, et d'assurer cette souveraineté alimentaire pour nos français, on ne cesse de dire qu'il faut manger français, on ne cesse de dire qu'il faut manger des produits de la saisonnalité, on ne fait que le dire. Je pourrais vous parler de plein de choses, mais il y en a tellement de choses.
André Bercoff : Non mais c'est très important Christopher, parce que la France a toujours été un pays agricole, quand je pense qu'on pouvait nourrir toute la population, et qu'aujourd'hui on importe 50% des produits alimentaires. C'est quand même un scandale, normalement on devrait, nous français, avec ce qu'est ce pays, manger avec tout ce que la France peut produire.
Christopher Régis : Oui, on pourrait être autosuffisant, c'est le mot, on pourrait dire qu'on pourrait s'auto-suffire. (...)