Banners reading "Enough is enough" (L) and "Agriculture thinks in generations, not in (legislative) periods" are fixed on tractors during a protest against the federal government's austerity plans in Halle an der Saale, eastern Germany, on January 8, 2024. - Farmers have been up in arms over government plans to withdraw tax breaks for the agricultural sector. The government already partially walked back the planned subsidy cuts. A discount on vehicle tax for agriculture would remain in place, while a diesel subsidy would be phased out over several years instead of being abolished immediately, the government said. The agriculture sector however said the move did not go far enough and urged the government to completely reverse the plans, announced after a shock court ruling forced the government to find savings in the budget for 2024. (Photo by JENS SCHLUETER / AFP)
Montées de colère en Allemagne : les futurs gilets jaunes ?
Lundi, les agriculteurs allemands ont donné le coup d'envoi d'une semaine de protestations dans toute l'Allemagne. Une montée de colère loin de s'affaiblir... et qui pourrait aboutir à une version allemande des Gilets jaunes, comme nous l'avons connu en France ? On en parle avec François Bayle, journaliste spécialiste de l'Allemagne.
Les invités
Accompagné d'un invité expert, André Bercoff détaille pour vous, du lundi au jeudi, un fait marquant de l'actualité du jour. À retrouver sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
André Bercoff : C'est ma terre, c'est ma terre, c'est ma terre, oui, Christophe Maher, une très très belle chanson de Christophe Maher, c'est ma terre. Et voilà, montée de colère en Allemagne, ça fait déjà une semaine. Et c'est drôle parce qu'on en parlait très très très très peu, un peu partout. Pourtant, les tracteurs, les camions, c'est la montée de toutes parts. Les agriculteurs protestent fermement depuis plusieurs semaines contre la suppression progressive d'un avantage fiscal sur le gazole. Ça rappelle de certains gilets hauts, vous vous rappelez de certains gilets d'une certaine couleur ? Eh bien écoutez, manifestation du 8 au 15 janvier, ça a commencé hier, c'est énorme, il y a énormément de gens qui sont sur les routes. On va en parler et voilà, on a supprimé des subventions, grosso modo. C'est que la suppression des subventions sur le gazole agricole équivaut à un milliard d'euros de coûts en plus pour les agriculteurs, un milliard d'euros. Alors Olaf Scholz, vous savez, le gouvernement du chancelier Olaf Scholz, a décidé effectivement, "vers oblige, écologie oblige", d'augmenter effectivement le gazole. Mais en fait, en fait, il y a autre chose, on a entendu ceci, nous, les dizaines de milliers d'entrepreneurs d'employés et agriculteurs libres de toute la Saxe, étions et sommes toujours dans le rue, non pas seulement pour l'histoire du gazole, mais pour attaquer le système complet de mise sous tutelle d'encadrement et de pillage de l'État. Il ne peut s'agir de moins si nous voulons un avenir. Voilà ce que dit Saxe. Alors que se passe-t-il exactement ? On va en parler avec François Bayle. Bonjour François Bayle.
François Bayle : Bonjour Monsieur Bercoff.
André Bercoff : Bonjour. Heureux de vous avoir effectivement expliqué nous ce qui est en train de se passer exactement. Vous êtes journaliste, je le rappelle, vous êtes spécialiste de l'Allemagne, vous avez écrit Histoire secrète du couple franco-allemand aux éditions Talents, et Dieu sait s'il a des choses à dire sur ce couple franco-allemand dont on ne sait s'il est pacsé, divorcé, séparé ou non. Enfin le sujet n'est pas là, mais on va sûrement en reparler. Qu'est-ce qui se passe en Allemagne ? Parce que effectivement, moi ce qui m'a frappé c'est que je voyais énormément de choses sur les réseaux sociaux et très très très peu de choses dans les médias sur cette colère qui montait et que l'on voit un peu partout sur les routes, les autoroutes. François Bayle.
François Bayle : Alors ce qui se passe en Allemagne aujourd'hui ce sont les agriculteurs bien entendu qui manifestent lourdement. Pour nous français c'est pas une nouveauté, on est né avec des agriculteurs dans la rue donc on est un peu immunisé. En Allemagne c'est quand même important, c'est différent parce que c'est un métier qui est évidemment beaucoup moins important que chez nous en France. Il faut parler un peu de chiffre, vous savez que l'Allemagne c'est à peu près en surface la moitié de la France. Par contre en densité de population c'est plus de deux fois, enfin plus du double de la France. C'est-à-dire que les terres agricoles en Allemagne ne sont pas nombreuses, que ce que nous avons bâti ensemble en Europe, la politique agricole commune ne peut pas s'appliquer de la même manière et que les gouvernements allemands avaient trouvé moyen intelligemment du reste d'aider leurs agriculteurs par exemple en faisant des exonérations fiscales sur le fioul ou sur des trucs comme ça. Mais il n'y a pas de mise en place dans un pays aussi petit, c'est un grand pays bien sûr mais structurellement en termes de kilomètres carrés c'est moitié moins que la France. La deuxième chose à rappeler c'est que l'agriculture dans toute l'Europe est européenne. L'idée depuis 20 ans, 30 ans, 40 ans d'arriver à garantir la sécurité alimentaire des 450 millions d'européens, même si elle a été mise en déséquilibre avec la guerre en Ukraine, c'est une volonté qui est essentielle. Dans ce domaine là, je ne vais pas faire plaisir à tout le monde mais il faut comprendre que nos amis agriculteurs allemands ne sont pas des producteurs de très très grand débit, de très très grande quantité. Leur pays fait partie d'un système économique où le fromage va finir de s'affiner en Italie, ou le cochon vient en avion de Chine, etc.
André Bercoff : Ils ne sont pas producteurs comme nous, nous sommes producteurs, ça n'a rien à voir. (...)