Dissolution : que retenir de ce tremblement de terre politique ?
Des résultats qui font l'effet d'une bombe. Dimanche 09 juin, la liste du Rassemblement National menée par Jordan Bardella a largement remporté les élections européennes, loin devant la liste Renaissance menée par Valérie Hayer et celle de l'alliance PS-Place Publique menée par Raphaël Glucksmann. Dans la foulée, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue de nouvelles élections législatives les 30 juin et 07 juillet prochains. Depuis, les appels à une union de la gauche se multiplient, le député LFI de la Somme François Ruffin ayant même plaidé pour la création d'un "Front Populaire". On en parle ave Jérôme Sainte-Marie, sondeur et politologue.
Les invités
Accompagné d'un invité expert, André Bercoff détaille pour vous, du lundi au jeudi, un fait marquant de l'actualité du jour. À retrouver sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 3 premières minutes de votre émission :
"Ces interventions ont motivé les Français pour voter contre eux."
André Bercoff : parlons pas de tsunami, n'exagérons rien, mais quand même, mais quand même, je vais vous montrer deux cartes, deux cartes. Ça, ce sont pour les gens qui sont sur YouTube et pour la radio, on expliquera. Élections européennes 2024 en France, sur les communes. Le Rassemblement National est en tête dans 94% des communes de France et de Navarre. Et sur les métropoles, c'est Glucksmann, sauf Marseille et Nice, c'est le Rassemblement National. C'est quand même assez parlant. Et en fait, regardez, je montre ça pour l'image, et encore mieux, en bleu, ce sont les départements. Quelle liste est arrivée en tête dans votre département ? Alors regardez bien, bleu, bleu, monochrome, pratiquement je ne sais pas, ou une toile Yves Klein. Sauf Paris, sauf la région parisienne. La région parisienne, alors d'un côté, il y a la France Insoumise, et d'un autre côté, il y a Valérie Hayer, et un tout petit peu de Bardella à Paris, à Paris, à Paris. Intramuros, alors là, c'est Glucksmann, c'est Hayer, et ensuite, c'est LFI, la France Insoumise. Intéressant, intéressant, à part ça, effectivement, nous ne sommes pas clivés, nous ne sommes pas divisés, nous n'avons pas de problème, il n'y a pas de face à face, il n'y a pas de non, non, non, tout va bien dans le meilleur des mondes. Et en fait, Jérôme Sainte-Marie, moi je voudrais qu'avant qu'on fasse, alors c'est très intéressant, parce que depuis hier, j'entends qu'il va se passer ça, il a dissous pour ça, il va y avoir, mais les RN ne pourront pas tenir, on fait de la cuisine électorale, de la petite soupe électorale. Mais est-ce qu'on ne peut pas prendre le temps d'analyser ce qui s'est passé ? Et ce qui s'est passé est quand même très intéressant.
Jérôme Sainte-Marie : Oui, je crois qu'on est en fait au bout d'une crise politique qui se déroule en France depuis juin 2022, depuis le second tour des législatives, depuis l'arrivée de près d'une centaine de députés du Rassemblement National, depuis l'absence de majorité pour le parti gouvernemental à l'Assemblée Nationale, les institutions sont déréglées en fait, et Emmanuel Macron continue à faire des réformes, récemment la réforme de l'allocation au chômage, la réforme des retraites qui a pris des millions de gens dans la rue, et il gouverne comme s'il était encore majoritaire et tout cela. Et ça, les Français l'ont très mal supporté et l'ont sanctionné. Je voudrais d'ailleurs souligner que ce n'est pas le Rassemblement National qui a nationalisé ce scrutin. Au départ, c'était plutôt une stratégie de faire des élections européennes, un référendum sur l'immigration, et sur des sujets qui étaient à la fois français et européens. Mais on a eu la surprise, et pour le Rassemblement National leur surprise, de voir le Premier ministre et le Président de la République tenir à tout prix à s'inviter dans la campagne, sans se rendre compte d'un effet d'aveuglement assez incroyable que les Français les rejetaient profondément, et ils ont motivé, comme le disait Marine Le Pen juste avant l'élection d'ailleurs, ces interventions ont motivé les Français pour voter contre eux. (...)