Retranscription des premières minutes du podcast :
- Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le fait du jour.
- Belgrade, Belgrade a connu une journée de colère historique, samedi 15 mars.
- Des centaines de milliers de serbes ont déferlé dans la rue de leur capitale pour demander justice.
- Au cinquième mois de ce qui est le plus puissant, le plus long mouvement de protestation anti-corruption jamais vu dans ce pays des Balkans, comptant 6,6 millions d'habitants.
- Slobodan Despot, bonjour.
- Bonjour André.
- Alors Slobodan, vous êtes écrivain, vous êtes éditeur, on vous a déjà reçu et toujours avec plaisir.
- Vous êtes éditeur de Xenia et vous êtes fondateur du site Antipresse, que je vous conseille d'ailleurs, éditeur résident de Sud Radio, de consulter, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de choses.
- Alors expliquez-nous un peu ce qui...
- Comment sont justement par la Serbie et par Belgrade ? On voit, on a vu les images de foules immenses, chaque pays est différent.
- La Serbie n'est évidemment pas la Roumanie, ni l'Allemagne, ni autre.
- Qu'est-ce qui se passe exactement là-bas ? Bon, ce qui se passe, c'est qu'effectivement, il y a une effusion de colère populaire contre le gouvernement du président Aleksandr Vucic.
- Colère qui s'accumule depuis des années.
- Et qui, d'une certaine manière, a accompagné ce gouvernement depuis pratiquement les débuts.
- Simplement, cette colère a pris des formes diverses.
- Et pourquoi cette colère, M. Bonhomme ? Alors, d'abord, c'est très difficile de donner une motivation unique à toutes les tendances et à tous les groupements qui se sont rassemblés ce samedi à Belgrade pour protester.
- Parce que vous aviez à la fois les étudiants progressistes, les plus ou moins de gauche, vous aviez des autonomistes de Vojvodine, et vous aviez, d'un autre côté, les serbes patriotes, nationalistes, orthodoxes, qui, théoriquement, n'ont pas beaucoup de points communs, mais qui ont en commun cette détestation du gouvernement actuel.
- Ça, oui.
- Donc, ça, c'est une chose.
- Maintenant, si vous voulez, c'est très difficile.
- Je dois vous dire une chose, André, c'est qu'il est très difficile de commenter les événements de Serbie de manière impartiale, de manière dépassionnée.
- Parce que vous entendez des gens qui sont absolument pour les étudiants, qui ont déclenché ce mouvement, il y a des gens qui défendent le régime.
- Bon, en Occident, non.
- En Occident, on est maintenant à peu près consensuellement contre le régime en place.
- Il y a de bonnes raisons, d'ailleurs, de le condamner, en interne.
- Mais la situation est extrêmement complexe.
- Pourquoi ? Parce que, d'abord, vous avez un mouvement d'étudiants qui a été déclenché.
- C'est lui qui a déclenché le mouvement.
- Le mouvement actuel, ce sont des étudiants, effectivement, qui se sont soulevés après un incident qui est survenu l'année dernière, un accident tragique où il y a eu 15 morts suite à la chute de l'avant-toit de la gare de Novi Sad, la deuxième ville du pays.
- Vous me direz, et c'est ça qui est un peu curieux, c'est que des accidents comme ça, cela arrive.
- En Italie, il y a quelques années, il y a huit ans, il y a eu cet effondrement du viaduc de Gênes.
- Il y a eu 43 morts.
- Il y a eu des négligences constatées, mais l'enquête se poursuit encore et aucun ministre n'a quitté son poste.
- Là, en Serbie, il y a eu tout de suite des démissions et arrestations à la suite de cet accident, mais ça n'a pas suffi.
- Donc, ça a fait boule de neige.
- Le gouvernement a voulu ignorer la colère populaire.
- Nous, à l'antipresse, comme je suis originaire de là-bas et parce que nous avons beaucoup d'informations qui viennent de tous côtés, ça fait longtemps que nous chroniquons les problèmes de ce pays qui est en croix à une sorte… de révolution colorée de basse intensité permanente.
- D'accord.
- Cette révolution colorée dont vous parlez, est-ce que cette révolution colorée, Slobodan, est semblable à d'autres révolutions colorées qu'on a connues il y a quelques années dans d'autres pays proches, où ça n'a rien à voir ? Colorées ? Ça fait longtemps que je les ai… Les deux, les deux, mon général.
- D'accord.
- D'abord, le pays qui a fourni le prototype des révolutions colorées, c'est la Serbie elle-même, puisqu'en l'an 2000,...
Transcription générée par IA