Avec Marie Toussaint, députée européenne et tête de liste des Écologistes aux élections européennes
Marie Toussaint, députée européenne et tête de liste des Écologistes aux élections européennes, est l'invitée politique de Jean-Jacques Bourdin
Les invités
Rendez-vous incontournable du matin, tous les jours à 8h30, les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro d’un Jean-Jacques Bourdin sans filtre. Retrouvez "L'invité Politique" sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Mêlez vos voix au RN ne vous gêne pas, Marie Toussaint ?"
Jean-Jacques Bourdin : Bonjour, bonjour à toutes et à tous, merci d'être avec nous, 8h39, l'interview politique, vous le savez, les Français veulent savoir, ce matin parlons vrai avec Marie Toussaint, Marie Toussaint vous êtes députée écologiste, députée européenne, et vous êtes tête de liste écologiste aux prochaines européennes, bonjour. (Bonjour.) Merci d'être avec nous. Commençons avec le projet de loi immigration, en discussion à l'Assemblée nationale, pourquoi je commence avec ce projet de loi ? Parce que c'est aujourd'hui que chacun va se prononcer sur la motion de rejet écologiste déposée, toute la gauche votera cette motion de rejet. Si LR et RN votent le texte du gouvernement, le texte du gouvernement, s'ils votent le texte, le texte du gouvernement sera rejeté. Mêlez vos voix au RN ne vous gêne pas, Marie Toussaint ?
Marie Toussaint : Écoutez là, ce n'est pas le sujet, le sujet c'est que les écologistes présentent une proposition qui est une demande de rejet d'un texte dont nous ne voulons pas, et il est possible que d'autres se joignent à cette proposition. Mais vous comprenez ce qui se passe, c'est que la réalité, c'est que personne ne veut de ce texte. Et moi c'est ce que je comprends, c'est que pour des raisons symétriquement opposées, diamétralement opposées, et bien la plus grande partie de l'échiquier politique refuse aujourd'hui ce texte.
Jean-Jacques Bourdin : À quoi sert l'Assemblée nationale ? Vous ne voulez pas ce texte ? Pourquoi ne pas en débattre ? Et pourquoi ne pas essayer de le modifier ? Pourquoi ne pas débattre sur un texte aussi important ?
Marie Toussaint : Écoutez, le problème de ce texte, c'est la logique qu'il sous-tend. On est dans une situation dans laquelle M. Darmanin, M. Macron brandissent un texte qui a pour effet d'une part de durcir la vision que nous avons des clandestins et d'autre part de n'avoir aucune efficacité sur le terrain. Je vais vous expliquer quelque chose. Voilà déjà 30 ans que gouvernement après gouvernement, loi après loi, on nous explique qu'on va durcir les conditions de l'immigration légale de sorte à réduire le nombre de clandestins. On voit bien toutes les limites parce que ça ne pousse pas les gens à ne pas venir. Quelqu'un qui fuit un pays en guerre, quelqu'un qui fuit une famine, quelqu'un qui fuit des difficultés économiques profondes, qui quitte son pays, qui est arraché à sa terre, et bien il va continuer à arriver sur notre territoire. Et ne parlons même pas du dérèglement climatique et des centaines de millions de migrants qui se baladeront. Et donc, si nous durcissons les conditions de l'immigration légale, ce que nous faisons, c'est que nous favorisons une immigration qui est illégale et donc un texte qui prétend lutter contre la clandestinité, et bien en fait vient nourrir la clandestinité. Et donc ça a un double impact. Un, ça précarise de manière dramatique les personnes qui arrivent sur notre territoire, des hommes, des femmes, parfois même des enfants qui arrivent et qui vivent dans des conditions absolument inextricables. Et puis de l'autre côté, eh bien, ça fait peur à la population, parce qu'on lui raconte qu'on veut lutter contre cette immigration illégale et que dans la réalité, on n'y arrive pas.
"Vous dites non à l'expulsion des étrangers délinquants, non à la régularisation des travailleurs sans papiers ?"
Jean-Jacques Bourdin : Mais Marie Toussaint, vous ne défendrez pas ce point de vue, puisque avec une motion de rejet, il n'y aura pas de débat si la motion de rejet est acceptée. Vous dites non à l'expulsion des étrangers délinquants, non à la régularisation des travailleurs sans papiers ?
Marie Toussaint : Écoutez, moi, je vais vous rajouter un point pour comprendre à quel point ce texte est étrange et qu'il est étrange qu'il en arrive là. On est en train de discuter en ce moment au niveau européen. Parce que je suis députée européenne.
Jean-Jacques Bourdin : Tout à fait. D'un pacte européen sur l'immigration et l'asile.
Marie Toussaint : Avec plusieurs textes à l'intérieur. Les négociations sont actuellement bloquées. Elles pourraient se débloquer très vite. Et donc, d'ici quelques semaines, le texte qui est aujourd'hui en discussion à l'Assemblée nationale pourrait être caduque. On voit bien donc que le seul objectif du gouvernement, c'était de prétendre lutter contre l'extrême droite en se montrant plus dur encore que Marine Le Pen. On se souvient des propos de Gérald Armanin qui disait à Marine Le Pen, mais vous êtes beaucoup trop molle. Donc le gouvernement essaye de chasser sur les terres du rassemblement national. Moi, ce que je vous dis, c'est qu'à ce petit jeu-là, c'est l'original qui gagne et pas la copie.
Jean-Jacques Bourdin : Donc, le gouvernement chasse sur les terres du rassemblement national. Vous, vous votez contre ce texte comme le rassemblement national. À propos de la régularisation des travailleurs dans les métiers travailleurs sans papier, dans les métiers en tension, Edor Philippe propose des quotas pour la régularisation de ces travailleurs sans papier. C'est une bonne idée ou pas ?
"Bien, le pacte européen sur la migration à l'asile sera adopté ?"
Marie Toussaint : Non, mais écoutez, la République a toujours fonctionné par vague de régularisation. Et donc, c'est le fonctionnement de notre République, de la République française, de la République des droits de l'homme. Et donc, il faut aller vers ces vagues de régularisation. On commence par les métiers en tension. Pourquoi pas ? Mais en tout cas, c'est un devoir, une responsabilité et puis une tradition de la République française.
Jean-Jacques Bourdin : Bien, le pacte européen sur la migration à l'asile sera adopté ?
Marie Toussaint : On verra, écoutez, les négociations sont en cours, elles traînent. Voilà, il y a eu toute une nuit de négociation encore la semaine dernière.
Jean-Jacques Bourdin : En janvier ? (C'est possible.) Rééquilibrer la gestion de la migration entre tous les pays d'Europe, c'est l'objectif. La demande d'asile ne sera pas systématiquement traité par le pays d'arrivée. C'est bien cela. En tout cas, c'est bien ce que contient le pacte.
Marie Toussaint : Le pacte dit plusieurs choses, il y a plusieurs textes.