Avec Manuel Bompard, député des Bouches du Rhône et coordinateur de La France Insoumise
Manuel Bompard, député des Bouches du Rhône et coordinateur de La France Insoumise, est l'invité de Jean-Jacques Bourdin
Les invités
Rendez-vous incontournable du matin, tous les jours à 8h30, les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro d’un Jean-Jacques Bourdin sans filtre. Retrouvez "L'invité Politique" sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Je lui dis qu'il a défiguré la France par ce vote, c'est un vote qui est tout simplement inacceptable."
Jean-Jacques Bourdin : Il est 8h34, bonjour à toutes et à tous, 8h30, 9h, l'interview politique « Les Français veulent savoir, parlons vrai » avec Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de la France Insoumise, Manuel Bompard, bonjour. (Bonjour.) Merci d'être avec nous. Le projet de loi immigration adopté à l'Assemblée nationale, 573 votants sur 577, 349 voix pour, 186 contre, 20 députés de la majorité ont voté contre, 5 modems, 2 horizons russis et puis beaucoup d'abstentions dans la majorité, toute la gauche a voté contre, le président de la République s'exprimera dans la journée, que lui dites-vous ce matin ?
Manuel Bompard : Je lui dis qu'il a défiguré la France par ce vote, c'est un vote qui est tout simplement inacceptable. C'est un projet de loi qui met au cœur de la République française un certain nombre de propositions qui sont historiquement les propositions de l'extrême droite française depuis 40 ou 50 ans, la préférence nationale, la déchéance de nationalité, la remise en cause du droit du sol, pour prendre par exemple ces exemples, sont des propositions qui sont directement inspirées du programme de Marine Le Pen, or quand on est un président de la République qui prétendait être élu pour faire barrage aux idées de l'extrême droite, je pense qu'un an et demi mettre en œuvre son programme c'est tout simplement inacceptable.
Jean-Jacques Bourdin : Je vais revenir sur le texte dans le détail, il s'exprimera ce soir sur France 5 dans c à vous, a-t-il perdu le sens de l'Etat ?
Manuel Bompard : Ça fait bien longtemps de mon point de vue si vous voulez que le président de la République a perdu le sens de l'Etat, mais là en l'occurrence je crois qu'il a perdu le sens de la République française, je pense qu'il faut que tout le monde mesure à quel point le vote qui a eu lieu hier est un vote de bascule, le cœur de ce qui fait notre nation, la France, la République que l'on aime, elle s'appuie sur un contrat qui est un contrat civique, s'appuie sur des idées d'égalité, de liberté, de fraternité, la France a jamais été une nation qui se définissait par une couleur de peau, par une religion, la France a toujours été une nation autour d'un contrat politique qui unit les citoyens, et je pense que par ce vote il a rompu avec parfois plusieurs siècles d'histoire de la France.
"De ma question, est-ce que vous remettez ce matin en cause la légitimité d'Emmanuel Macron ?"
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce qu'il est encore à la hauteur de la fonction ?
Manuel Bompard : Non mais il ne l'a jamais été, écoutez, franchement le président de la République n'a jamais été à la hauteur de la fonction, et hier on a assisté à une séquence qui est une séquence complètement pitoyable, en l'occurrence il a perdu le sens de la République, mais il a aussi perdu sa majorité qui part en lambeau, vous avez donné les chiffres, il faut quand même que tous les gens qui nous écoutent le comprennent, un quart des députés macronistes n'ont pas voté ce projet de loi, un quart, 25% des députés de la République En Marche, du Modem ou d'Horizon n'ont pas voté cette proposition de loi. Donc je pense que le président de la République, j'ai envie de dire, aurait dû avant ce vote se ressaisir tout simplement.
Jean-Jacques Bourdin : Je vais jusqu'au bout. De ma question, est-ce que vous remettez ce matin en cause la légitimité d'Emmanuel Macron ?
Manuel Bompard : Mais j'en ai pas le pouvoir de le faire Jean-Jacques Bourdin, il a été élu par les français, je le regrette, maintenant moi je le combat, je suis un opposant, je le conteste, et je dis que face à une dérive aussi grave, face à une droite et une extrême droite qui se coalisent autour des positions de l'extrême droite, ma responsabilité en tant qu'opposant politique c'est d'ouvrir une perspective, de ne pas laisser le pays comme ça partir petit à petit, je suis notamment à gauche, je ne peux pas remettre en cause quoi que ce soit, je dis que maintenant notre devoir est de travailler une alternative.
"Le premier jour de la fin du macronisme, qui est en train de partir en lambeau total."
Jean-Jacques Bourdin : Alors fin du macronisme, vous pensez que c'est la fin du macronisme ?
Manuel Bompard : Je pense qu'hier a marqué effectivement, on va dire, le premier jour de la fin du macronisme, qui est en train de partir en lambeau total. Et je pense oui, qu'on s'approche de la fin, qu'il y a une ambiance de fin de règne, je le crois.
Jean-Jacques Bourdin : Une victoire idéologique de Marine Le Pen, c'est ce qu'elle dit ?
Manuel Bompard : Clairement, quand Marine Le Pen arrive à faire inscrire dans un projet de loi défendu par le gouvernement aujourd'hui, des propositions phares du programme de l'extrême droite, oui je le regrette, mais bien sûr que c'est une victoire idéologique, mais cette victoire idéologique, c'est le président de la République, la première ministre et Monsieur Darmanin qui ont choisi de lui donner...
Jean-Jacques Bourdin : Mais une défaite pour vous aussi ? (...)