Avec Didier Leschi, directeur de l'Office français de l'immigration et de l'intégration
Didier Leschi, directeur de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, est l'invité politique de Jean-Jacques Bourdin
Les invités
Rendez-vous incontournable du matin, tous les jours à 8h30, les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro d’un Jean-Jacques Bourdin sans filtre. Retrouvez "L'invité Politique" sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Entre 145 000 et 150 000 demandes d'asile en France ?"
Jean-Jacques Bourdin : Bonjour, bonjour à toutes et à tous, c'est un plaisir de vous retrouver. Meilleur vœu pour cette année 2024, merci pour votre fidélité, merci d'être avec nous, toujours plus nombreux à écouter Sud Radio et notre rendez-vous politique. Les Français veulent savoir, parlons vrai ce matin avec Didier Leschi, qui est directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration depuis 2015, en fait depuis le 1er janvier 2016, et président de l'Institut européen en sciences des religions, Didier Leschi, bonjour, merci d'être avec nous. L'immigration est au cœur de la vie politique française depuis plusieurs semaines, et ce n'est pas terminé. Au-delà des postures politiciennes de la droite, de la gauche, de l'opposition et de la majorité, et alors que les associations et partis opposés aux textes tentent de mobiliser, y compris dans la rue contre la loi immigration, parlons vrai de la situation migratoire en France. Et ce sera ma première question, Didier Leschi, on va commencer avec des chiffres actualisés. Les demandes d'asile en 2023 ont-elles augmenté ?
Didier Leschi : Oui, elles ont augmenté, aux alentours de 10% par rapport à 2022, elles ont augmenté dans toute l'Europe. La France n'est pas le pays où ça augmente le plus, C'est l'Allemagne qui va de nouveau avoir une très forte poussée de demandeurs d'asile afghans syriens, nous, nous n'avons toujours pas, ou pas, ou très peu de syriens, nous avons surtout des afghans, des africains de l'ouest, et puis aussi cette année une présence turque très affirmée, qui est sans doute la projection de la crise économique qu'on connaît en Turquie, et l'Allemagne aussi a aussi ces arrivées.
Jean-Jacques Bourdin : C'est-à-dire, forte augmentation des demandes d'asile autour de 10%, c'est à peu près ça ?
Didier Leschi : Oui, c'est ça, oui. On va être aux alentours entre 145 000 et 150 000, on aura les chiffres, je pense, d'ici une semaine ou 15 jours.
Jean-Jacques Bourdin : Entre 145 000 et 150 000 demandes d'asile en France ?
Didier Leschi : En première intention de demandes d'asile.
"Mais on a une arrivée d'immigration de travail qualifiée."
Jean-Jacques Bourdin : En 2023, et en Europe aussi, forte augmentation sur toute l'Europe ?
Didier Leschi : Alors, comme les années précédentes, la demande d'asile se concentre essentiellement dans les anciens pays de l'ouest, si vous voulez, par rapport à l'Europe, c'est-à-dire les deux premiers pays de la demande d'asile, ça va être l'Allemagne, puis très loin la France. On a une demande d'asile en Italie, mais qui est beaucoup plus faible que le nombre d'arrivées en Italie. L'Italie, en gros, enregistre la 1, 1 de 1 personne sur 2 qui débarque.
Jean-Jacques Bourdin : Et beaucoup de sud-américains, en Espagne notamment.
Didier Leschi : Alors, au niveau de l'Europe, oui, les quatrièmes et cinquièmes nationalités, ce sont les Vénézuéliens, les Colombiens, qui viennent en Espagne. On en parle peu. C'est le reflet de la situation, en particulier au Venezuela. Vous savez que plus de 6 millions de Vénézuéliens ont quitté le Venezuela. C'est un des pays qui a produit ces dernières années le plus de réfugiés au monde. Et c'est lié à l'échec, on ne peut pas dire autre chose, des expériences lancées par M. Chavez et puis M. Maduro.
Jean-Jacques Bourdin : Didier Leschi, autre chiffre, l'immigration de travail. Vous avez des indices aussi ?
Didier Leschi : Alors, l'immigration de travail. Alors, je pense que c'est important de parler d'immigration de travail et de ne pas mélanger dans la discussion sur l'immigration entre l'immigration légale et l'immigration illégale. Nous avons, nous, toujours une forte immigration légale, soit par l'immigration familiale, soit par l'immigration de travail. Et on a vu les effets, en particulier depuis l'année dernière, et c'est lié à des besoins économiques indéniables. On avait 52 000 titres de séjour au titre du travail l'année dernière. Je pense que cette année, on n'a pas encore les chiffres, mais il n'y a pas de raison que ça ait baissé. Si je prends, puisque ça passe en partie par l'OFI, des pays très précis, en particulier du Maghreb, on a une augmentation des arrivées de travailleurs dans l'informatique, comme conducteurs de chantier, même si on a, on le sait, des difficultés aujourd'hui dans ce secteur. Mais on a une arrivée d'immigration de travail qualifiée.
"Est-ce qu'on peut dire, comme certains le disent, que l'augmentation du nombre d'immigrés est plus forte en France qu'ailleurs en Europe ?"
Jean-Jacques Bourdin : Qualifiée. Alors c'est très intéressant parce que nous chassons toutes les idées reçues. Nous disons, et nous parlons vrai, nous disons clairement les faits, sans porter de jugement encore une fois à Didier Leschi. Nous ne sommes pas là pour ça. L'AME en 2023, augmentation du nombre de bénéficiaires de l'AME ?
Didier Leschi : Très certainement, je n'ai pas les chiffres exacts, mais on avait déjà cela. Et puis justement, le rapport de la Cour des Comptes qui vient de sortir parlait de l'immigration illégale et de la forte progression de l'aide médicale d'État ces dernières années. Donc on devait être aux alentours de 460 000 personnes.
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce qu'on peut dire, comme certains le disent, que l'augmentation du nombre d'immigrés est plus forte en France qu'ailleurs en Europe ?
Didier Leschi : Non. Non, on ne peut pas dire ça du tout.