Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
- Notre invité ce matin, Philippe Juvin, qui est, on le sait, député LR des Hauts-de-Seine et chef du service des urgences de l'hôpital Georges Pompidou.
- Philippe Juvin, bonjour. Bonjour.
- Nous allons beaucoup parler de la situation politique, de François Bayrou, du budget. Nous allons parler d'autres sujets.
- Et santé, avec notamment, tiens, la mortalité infantile, parce que c'est un sujet qui vous intéresse beaucoup.
- Philippe Juvin, mais je voudrais commencer avec la fin de vie, la proposition de loi relative à la fin de vie, création d'un droit à l'aide à mourir, adoption du texte vendredi, texte général vendredi en commission. Je voudrais regarder l'article 4 de cette loi. Que dit-il ? J'ai sous les yeux, là. Vous l'avez sous les yeux.
- Plus de 18 ans.
- Ils ont plus de 18 ans. Ils souffrent d'une affection grave et incurable qui engage le pronostic vital en phase avancée ou terminale et présentant une souffrance physique ou psychologique liée à cette affection qui est soit réfractaire au traitement, soit insupportable selon la personne lorsqu'elle a choisi de ne pas recevoir ou d'arrêter de recevoir un traitement.
- Là, c'est possible. Dans ces conditions, c'est possible.
- C'est possible. Ça suffit.
- En pratique, dites-le, l'euthanasie, c'est-à-dire l'injection ou l'administration d'un produit létal, ça signifie que si vous le traduisez ainsi, c'est ouvert à des gens qui, potentiellement, ont plusieurs années à vivre. Et je vous donne l'exemple le plus connu.
- C'est celui de l'insuffisant rénal qui est dialysé. Vous savez, il y a des gens dont le rein ne fonctionne pas.
- 100 000 personnes en France en attente de greffe ou qui ne seront d'ailleurs jamais greffées pour certains, malheureusement.
- Et ils ont une affection grave et incurable. C'est incurable. Ça engage le pronostic vital.
- Vous arrêtez la greffe, vous mourrez en quelques semaines. Vous arrêtez la dialyse, vous mourrez en quelques semaines.
- C'est en phase terminale par définition. C'est la définition. Et puis si vous avez une souffrance psychologique intolérable, mais c'est vous-même qui la jugez, eh bien vous pouvez demander l'euthanasie.
- Donc ça signifie qu'on nous avait vendu une loi sur la fin de vie. D'ailleurs, c'est le titre.
- Oui, bien sûr.
- Mais ça va s'adresser à des gens qui ne sont pas en fin de vie. C'est ça que je veux que vous compreniez.
- Et j'ai donné aussi le deuxième exemple.
- Une femme avec une quarantaine d'années avec un cancer du sein métastasé aux os d'emblée, elle peut avoir plusieurs années à vivre avec les nouvelles immunothérapies.
- Et donc c'est une loi sur la fin de vie qui n'est pas sur la fin de vie.
- Vous dites qu'on propose à travers cette loi la mort à des personnes qui ne sont pas en fin de vie.
- Mais c'est exactement ça. Et pourquoi ? Parce qu'il y a un an, il y a eu un premier texte, il y a un an, qui parlait de pronostic vital à court terme.
- Oui.
- Effectivement, on était à fin de vie. Ou à moyen terme, à l'époque.
- Et là, il y avait un débat, parce qu'on ne sait pas ce que ça signifie.
- Bon, déjà, c'était un peu bancal. Mais ce pronostic vital à court terme a disparu de la loi.
- On est désormais sur autre chose.
- Oui, mais Philippe Juvin, le patient définit lui-même si sa souffrance psychologique ou physique est insupportable.
- Absolument.
- C'est bien, ça.
- Mais en fait, il y a deux débats. On est pour ou contre l'euthanasie. Moi, je suis contre. On va peut-être en parler.
- Oui.
- Et le deuxième débat, c'est ce que nous avons tous les deux là actuellement.
- C'est à qui s'adresse cette loi ? Cette loi, il est faux de dire que c'est sur la fin de vie.
- Ça pourra s'adresser à des gens qui ne sont pas en fin de vie.
- C'est la raison pour laquelle vous ne la voterez pas ? Oui, ça, c'est certain. Mais il y a d'autres raisons.
- Quelles autres raisons ? Par exemple, la décision est assez expéditive, puisque, en gros, entre le moment où vous verrez le médecin, où vous demanderez l'euthanasie, et celui-ci vous examinera, prendra la décision, il y aura entre...
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