Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
- Notre invité ce matin, Frédéric Ancel. Frédéric Ancel, bonjour. Bonjour.
- Alors je rappelle plusieurs choses. Vous êtes docteur en géopolitique, professeur à Sciences Po, professeur à la Paris School of Business.
- Et vous publiez « La guerre mondiale n'aura pas lieu. Les raisons géopolitiques d'espérer » aux éditions Odile Jacob.
- Je vais évidemment ouvrir votre livre dans quelques instants, mais je voudrais que nous regardions l'actualité obsèque du pape François samedi.
- Il y aura tout le monde, ou presque, sauf Vladimir Poutine, pour de multiples raisons. Mais tout le monde, ce sera un moment de géopolitique aussi, Frédéric Ancel.
- Justement de géopolitique, notamment parce que le pape François dirigeait une religion encore très très importante.
- Enfin il les dirigeait spirituellement. On voit à peu près 1,4 milliard de fidèles, dont bien peu.
- Ils sont encore fidèles. Et c'est ça le problème. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le catholicisme, il est dépassé de plus en plus souvent, notamment dans les deux Amériques, mais également en Afrique subsaharienne, par l'évangélisme protestant.
- Et ça, on n'en parle pas suffisamment parce que c'est l'un des fameux signaux faibles de géopolitique.
- Mais prenez le cas des États-Unis, prenez le cas du Brésil, qui ne sont pas des petits pays, et qui sont en train littéralement de se convertir à l'évangélisme, avec d'ailleurs toute une série de conséquences géopolitiques très intéressantes.
- Alors lesquelles ? Lesquelles ? Eh bien notamment sur le Proche-Orient.
- Oui.
- Parlons-en dès maintenant. Les évangélistes considèrent que le peuple juif est le véhicule, en quelque sorte, eschatologique, spirituel, choisi par Dieu dans l'attente du retour de Jésus de Nazareth, de la parousie.
- Et par conséquent, la plupart d'entre eux sont soit favorables à Israël, soit très farouchement favorables à Israël, y compris dans sa nature... Enfin en tout cas, sur ses parties de tendance, ce n'est pas religieux.
- Ce qui explique peut-être la position américaine actuelle.
- Parce que l'influence évangélique aux États-Unis est forte, après Eric Ancel.
- Absolument. J'ai commencé ma thèse de doctorat sur Jérusalem en 1993. Il y avait environ 40 millions d'évangéliques aux États-Unis.
- Il y en a 99 millions. Donc on ne peut pas considérer que ça n'a pas déjà eu de poids géopolitique au Proche-Orient.
- Bien. Je vais... On va parler de votre livre « La guerre mondiale n'aura pas lieu ». Pourquoi ? Vous allez nous expliquer pourquoi vous pensez qu'elle n'aura pas lieu.
- Mais puisque nous sommes dans l'actualité, puisque nous sommes au Proche-Orient, restons-y. Nous parlerons de l'Ukraine aussi, de l'actualité.
- Le Proche-Orient, Gaza. Pourquoi Israël a fermé toutes les frontières de Gaza ? C'est une question que je me suis posée. Pourquoi ? Il y a un but. On ne ferme pas les frontières de Gaza par hasard. Aucune aide humanitaire ne peut entrer à Gaza aujourd'hui.
- Aucun journaliste, a fortiori, ne peut entrer à Gaza. Pourquoi est-ce que Gaza est fermée ? Quelle est la volonté d'Israël, selon vous ? Alors première question.
- La raison très simple liée à la volonté du Premier ministre et de l'État-major, qui a perdu une partie de sa crédibilité dissuasive à l'époque du massacre du 7 octobre, c'est d'en finir militairement de manière définitive avec le Hamas. Et le problème, disent les Israéliens, l'État-major et le Premier ministre, pas la majorité des Israéliens, dont on sait dans toutes les enquêtes d'opinion qu'ils sont contre M. Netanyahou.
- Ils disent qu'à chaque fois que de l'humanitaire passe, en réalité, c'est pris immédiatement par le Hamas, qui, de façon arbitraire, d'abord, bien évidemment, prodigue à ses propres troupes.
- Les soins, les médicaments, les vivres, les denrées, etc. Et en revanche, les refuse à ceux qui contestent son pouvoir totalitaire.
- Je rappelle d'ailleurs à vos auditeurs, mais je pense qu'ils ont déjà vu des images tout à fait exceptionnelles de ça, que très courageusement, des milliers de Palestiniens protestent contre le Hamas.
- Et d'ailleurs, entre parenthèses, c'est pas nouveau. Ça date du putsch du Hamas contre l'autorité palestinienne en juin 2007.
- Ce n'est pas nouveau. Est-ce que ça s'étend ? Est-ce que ça se développe ? Oui, c'est étendu. Très manifestement. Moi, je suis ça de très près, comme vous pouvez l'imaginer, depuis longtemps.
- Il y...
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