Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
- Il est 8h35. Notre invité ce matin, Thierry Breton, ancien ministre de l'Économie et des Finances et ancien commissaire européen.
- Thierry Breton, bonjour. Bonjour.
- Merci d'être avec nous. Ancien ministre de l'Économie et des Finances, je vais commencer avec ça.
- Nous parlerons de l'Ukraine. Nous parlerons des 100 jours de Trump, évidemment.
- Mais Thierry Breton, pourquoi ? Parce que les chiffres sont là et la réalité, désindustrialisation, fermeture d'usines, on le constate en France toujours, toujours des fermetures d'usines, avec un chômage qui remonte, avec une dette qui s'accroît.
- Est-ce que la situation devient intenable en France ? Intenable, non, mais préoccupante, bien entendu. Bien entendu, ça ne date pas d'aujourd'hui.
- Vous venez, du reste, d'évoquer la dette. La dette, c'est un indicateur très clair.
- Quand on est surendetté, regardez ce qu'il s'est passé aux États-Unis, on en parlera peut-être tout à l'heure, mais quand on est surendetté, on dépend de ses créanciers. La France, aujourd'hui, est surendettée, elle dépend de ses créanciers.
- La France, aujourd'hui, parce que, précisément, depuis 2007, on a laissé dériver la dette comme jamais, 3 300 milliards aujourd'hui, la France, aujourd'hui, d'abord, a une voix qui porte beaucoup moins, évidemment, par rapport...
- L'Europe en matière de maîtrise des déficits. Évidemment, quand on est dans un club à 27, il faut montrer l'exemple.
- Quand on ne montre pas l'exemple, il ne faut pas se...
- Donc on est moins influents, aujourd'hui. La France est moins influente.
- Mais bien entendu, on est moins influents, parce que, précisément, quand on est dans un club comme le club européen, qui est plus qu'un club, c'est un projet, c'est notre projet d'avenir, il y a des traités. Il y a des traités qui nous unissent.
- On doit les respecter. Chacun doit respecter ses traités. Et ceux qui ne respectent pas les traités sont montrés du doigt.
- Eh bien oui.
- Et croyez-moi, ça ne me fait pas plaisir de vous dire ça ce matin à votre micro.
- Je sais. C'est la raison pour laquelle...
- Eh bien oui. La France, aujourd'hui, est montrée du doigt parce que nous n'arrivons pas à réformer nos finances publiques et parce que nous n'arrivons pas à réformer notre dépense. Je dis bien notre dépense, Jean-Jacques Bourdin.
- Est-ce qu'il est possible... Alors je vous pose une question. Est-ce qu'il est possible, justement, de retrouver un équilibre dans les dépenses publiques et dans notre budget ? Un équilibre budgétaire ? Je vais vous dire les choses autrement. C'est pas possible.
- C'est juste indisputable.
- C'est indispensable. Aujourd'hui, songez, pour nos auditeurs, qu'on tourne, si vous me permettez cette expression, à 150 milliards d'euros de déficit par an. Parce qu'évidemment, à 6% de déficit, ça fait 150 à 180 milliards dans la dette tous les ans supplémentaires.
- Donc on va pas pouvoir continuer comme ça éternellement. Mais je voudrais vous donner quelques chiffres pour voir de quoi on parle.
- Aujourd'hui, la France fonctionne en dépensant en gros 1 600 milliards d'euros. On dépense par an 1 600 milliards d'euros.
- Oui.
- Le budget de l'État.
- Le budget d'État, des administrations, des ministères. C'est 350 milliards. Le budget de la dépense sociale. On est très attachés, évidemment, à notre modèle social.
- Il faut le préserver. Le modèle social qui comprend évidemment les retraites. C'est 900 milliards. C'est 3 fois le budget de l'État.
- Alors vous allez me dire qu'aujourd'hui, on cherche 40 milliards.
- Oui.
- On va pas trouver 40 milliards dans 1 600 milliards de dépenses. Mais enfin, où on est, Jean-Jacques Bourdin ? Quel pays est-on devenu ? On va pas trouver 40 milliards d'économies dans une dépense.
- Pour la France totale, pour la France, de 1 600 milliards ? Vous pensez bien qu'effectivement, les autres pays qui nous regardent se posent la question que je vous pose ce matin au micro ? Oui.
- Ça va durer combien de temps ? Eh bien il faut maintenant prendre ce sujet à bras-le-corps. Il faut faire en sorte qu'on mette ce sujet sur la table.
- Je me réjouis du reste. J'applaudis que le Premier ministre ait voulu le faire, veuille le faire, et notamment à l'occasion de ce conclave.
- Oui.
- Parce qu'il faut parler des chiffres....
Transcription générée par IA