Avec Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l'Industrie
Avec Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l'Industrie
Les invités
Les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro de Jean-Jacques Bourdin. Retrouvez " L'invité politique" chaque matin à 08h30 sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Une bombe sociale, dit parmi d'autres,"
Jean-Jacques Bourdin : Il est 8h34, merci d'être avec nous, vous savez que vous pouvez réagir 0-826-300-300 aux réponses données par mon invité politique mais aussi aux questions, à toutes les questions d'actualité du jour tout à l'heure après les infos de 9 heures, vous appelez et vous êtes à l'antenne évidemment, on a besoin de vous, on aime cela. Roland Lescure, ministre délégué à l'industrie, notre invité ce matin, Roland Lescure, bonjour. (Bonjour.) Merci d'être avec nous, alors industrie verte, planification écologique, énergie, production de médicaments, nous allons évoquer ces sujets, d'autres aussi, mais je commence avec l'un des débats du moment, les logements, dit, passoire énergétique classé G, seront interdits à la location à partir du 1er janvier 2025. Une bombe sociale, dit parmi d'autres, Édouard Philippe, est-ce qu'il se trompe ?
Roland Lescure : En tout cas, il était premier ministre quand on a discuté de cette mesure et je dois reconnaître qu'il était déjà assez réservé à l'époque, donc je lui reconnais ça, l'objectif il est quoi ? Aujourd'hui, on a des gens qui louent des passoires thermiques, qui ont des factures électriques du coût chères, en moyenne une facture d'électricité en France c'est 2000 euros par an, il y a des gens qui paient 3000-4000 euros parce que leur logement est mal isolé, alors le propriétaire lui ne paie pas les travaux, mais c'est le locataire qui paie la facture, donc l'objectif de cette mesure c'est d'être forcé, et donc du coup c'est un peu coercitif, je le comprends, les propriétaires à rénover pour que les locataires paient moins cher, il y a des aides pour ça, elles ne sont peut-être pas suffisantes, mais en tout cas, on a deux ans pour le faire.
"Comment voulez-vous qu'un petit propriétaire, qui a peu de moyens, puisse rénover son logement ?"
Jean-Jacques Bourdin : Comment voulez-vous qu'un petit propriétaire, qui a peu de moyens, puisse rénover son logement ?
Roland Lescure : Oui, alors il y a des petits propriétaires en France, (il y en a beaucoup), oui, et il y a aussi beaucoup de moins petits propriétaires, et au fond, ce qu'on dit là, je reconnais que ce n'est pas facile, parce que deux ans pour rénover, à un moment où en plus l'industrie du bâtiment ne se tient pas forcément très bien, (un peu plus d'un an.) oui, enfin la rénovation elle-même ça peut être assez rapide, et puis c'est uniquement pour vraiment les passoires, non mais c'est des logements qui fuient, c'est-à-dire qu'il faut quand même qu'on comprenne de quoi on parle, oui, mais malgré tout, si à un moment on ne fait rien, on continuera à rien faire, c'est-à-dire qu'on dira, on ne fait rien pour le réchauffement climatique, on ne fait rien pour les factures énergétiques des Français.
Jean-Jacques Bourdin : Donc pas question de reporter la mesure.
Roland Lescure : mais en tout cas, aujourd'hui, il faut que les gens fassent les travaux, ceux qui le peuvent, et il faut qu'on voit, parce que ça c'est un vrai sujet, comment on peut aider davantage ceux qui ne peuvent pas, parce qu'effectivement…
Jean-Jacques Bourdin : Ils seront aidés davantage ?
Roland Lescure : Mais il faut qu'on y réfléchisse, ce ne sera peut-être pas dans ce budget-ci, je le répète, on a encore un an et demi, mais je pense qu'on doit profiter des mois qui viennent pour réfléchir à la manière de mieux aider ceux qui rénovent, vous savez que les logements aujourd'hui sont un peu en crise, on a du mal à construire de nouveaux logements, on a du mal à acheter et vendre de nouveaux logements, la rénovation, ça peut être une bonne réponse à cette crise du logement, parce que ça fait travailler évidemment l'industrie de la construction.
Jean-Jacques Bourdin : Donc la date d'interdiction sera maintenue ?
Roland Lescure : Oui, moi je pense que oui, on l'a voté, je l'ai voté, j'étais député, il n'y a pas de raison pour remettre en cause des choses qui ont été votées à l'Assemblée.
"Allez-vous renoncer à ponctionner les réserves du régime Agir-Arco ?"
Jean-Jacques Bourdin : Autre actualité du jour, les retraites, et notamment les retraites complémentaires, dans les éco-hier, ça ne vous a pas échappé, le président du MEDEF a mis en garde le gouvernement, pas question de toucher aux excédents du régime Agir-Arco géré par les partenaires sociaux, ce sont les retraites complémentaires, allez-vous renoncer à ponctionner les réserves du régime Agir-Arco ?
Roland Lescure : Alors c'est pas de la ponction, c'est de la redistribution d'une retraite à une autre, sachant que le système de retraite Agir-Arco, on le sait, il est aujourd'hui excédentaire du fait de la réforme des retraites qu'on a voté.
Jean-Jacques Bourdin : Mais aussi du fait des créations d'emplois, des augmentations de salaires. Et tant mieux !
Roland Lescure : Mais tout ça, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'aujourd'hui, il y a deux manières d'équilibrer nos systèmes de retraite, une, vous l'avez dit, par l'emploi et les salaires, et tant mieux, on en est en partie responsables, M. Martin sans doute aussi, mais nous aussi, l'emploi monte, alors qu'il réduit partout, les salaires augmentent, on le dit pas assez, ça, ça fait plus de cotisations. Puis par ailleurs, on a une bombe démographique là, en l'occurrence, qui fait qu'on a de moins en moins de gens qui vont travailler, de plus en plus de gens qui vont partir à la retraite, qu'il faut équilibrer tout ça. Évidemment, on n'est pas en train de vider les caisses de l'Agir-Arco, on parle de 1 à 2 milliards qui vont être transférés au régime général, donc qui vont contribuer aussi à la solidarité nationale.
"Il vole l'argent, pardon, des Français."
Jean-Jacques Bourdin : Mais oui, mais c'est du paritarisme Agir-Arco, c'est géré par les partenaires sociaux, le patronat et les syndicats, l'État vient s'immiscer dans cette gestion, l'État vient ponctionner, ce qui c'est pas un détournement de fonds, je vais jusqu'au bout.
Roland Lescure : Non, alors clairement, non, l'État n'est pas un cambrioleur de l'Agir-Carco.
Jean-Jacques Bourdin : Il vole l'argent, pardon, des Français.
Roland Lescure : Non, non, non, non, non, mais l'État ne vole rien, attention, d'abord. Non, non, non, non, mais attention quand même. (…)