Avec François-Xavier Bellamy, député européen LR et auteur de "Esperer" (Grasset)
Avec François-Xavier Bellamy, député européen LR et auteur de "Esperer" (Grasset)
Les invités
Les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro de Jean-Jacques Bourdin. Retrouvez " L'invité politique" chaque matin à 08h30 sur Sud Radio et en podcast.
Jean-Jacques Bourdin avec François-Xavier Bellamy
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Que diriez-vous à vos élèves ? Quels sont les mots que vous emploierez ?"
Jean-Jacques Bourdin : Sur Sud Radio, merci d'être avec nous. Vous savez qu'à partir de 9h, vous pouvez réagir à l'actualité 0826-300-300. Ce n'est pas compliqué. En attendant, nous recevons François-Xavier Bellamy. Bonjour. (Bonjour.) Merci d'être avec nous. Alors, député européen LR, on le sait, votre livre espéré, publié par Grasset, sorti la semaine dernière. François-Xavier Bellamy, regardons, vous étiez professeur. En fait, vous êtes professeur. C'est votre profession.
François-Xavier Bellamy : C'est mon métier.
Jean-Jacques Bourdin : C'est votre métier. Le 16 octobre 2020, il y a trois ans, jour pour jour, Samuel Paty est décapité près de son collège des Yvelines pour avoir montré à des élèves les caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression. Aujourd'hui, une minute de silence sera observée dans chaque classe de France. École, collège, lycée à 14h, les cours commenceront à 10h, les professeurs se rencontreront avant. Vous êtes professeur, donc. Que diriez-vous à vos élèves ? Quels sont les mots que vous emploierez ?
François-Xavier Bellamy : Samuel Paty est mort. Vous l'avez dit, Jean-Jacques Bourdin, pour avoir montré ces caricatures. En réalité, il est mort pour avoir représenté la liberté, pour avoir représenté la transmission du savoir et de la culture. Et je ne sais pas si vous vous rappelez, mais au moment où il avait été assassiné, il y avait eu, modestement, heureusement, mais enfin, ce débat avait quand même existé de savoir s'il aurait fallu montrer ces caricatures, s'il n'avait pas été trop loin. Aujourd'hui, on le voit, Dominique Bernard est mort parce qu'il incarnait la même chose. Il incarnait le savoir, la transmission, la culture. Le terroriste qui est rentré dans son lycée il y a quelques jours a dit, je veux un prof d'histoire. Il cherchait un professeur d'histoire. Il cherchait un professeur d'histoire parce que le professeur d'histoire, c'est celui qui transmet notre héritage commun, notre mémoire commune, celui qui transmet précisément l'exigence de ces principes qui ont fait ce que nous sommes et qui nous relient et qui doivent nous engager pour l'avenir. Et je crois qu'aujourd'hui, nous avons le devoir de ne pas nous habituer. C'est le grand danger, le grand danger. C'est que le risque serait que nous finissions par nous dire, de toute façon, ça arrive. On ne peut pas faire grand chose contre ça. Comment protéger des centaines de milliers de professeurs ? Comment protéger des milliers d'écoles ? Comment faire en sorte qu'on évite ce type de situation et qu'on finisse par traiter le djihadisme d'atmosphère d'une certaine façon, comme si c'était une question de climat qui nous tombe dessus et on n'a rien ?
Jean-Jacques Bourdin : Ce sont les mots, les mots que vous avez employés dans la tribune que vous publiez ce matin dans le Figaro. Ce sont les mots que vous diriez aux élèves en rappelant, en rappelant le rôle du professeur, en rappelant le rôle de l'éducation.
"Mieux lutter contre l'obscurantisme."
François-Xavier Bellamy : Et je crois que ça dit aussi, et si j'étais devant des élèves aujourd'hui, c'est sans doute ce que je leur dirais, ça dit le devoir que nous avons tous, parce qu'il y a le rôle de l'État, du gouvernement, de faire en sorte de lutter contre le terrorisme. Il y a le rôle évidemment des institutions, de garantir la sécurité des professeurs. Mais à la fin, nous avons tous un devoir. Et les élèves, je crois, si certains d'entre nous nous écoutent, doivent se dire que eux aussi sont concernés. Et que quand on voit que des professeurs sont menacés, on a le devoir de prendre conscience de la valeur de ce qu'ils transmettent, de la valeur de leur mission, de l'importance, de leur responsabilité. Et du coup, comme élèves aussi, de notre rôle. Parce que si le terrorisme veut nous réduire à l'obscurantisme, s'il veut faire taire les professeurs, alors dans ce cas, il est d'autant plus important de les écouter et de tirer le meilleur de ce qu'ils ont à enseigner pour pouvoir préparer l'avenir.
Jean-Jacques Bourdin : Mieux lutter contre l'obscurantisme. Emmanuel Macron, le président de la République, demande au préfet d'être plus attentif à la situation des jeunes venus du Caucase. Mais pas que, évidemment, à la situation de tous les étrangers inscrits dans ce fameux fichier FSPRT, qui est un fichier traitant la radicalisation. Je crois qu'il y a un peu plus de 5100 personnes en France qui sont inscrites dans ce fichier. Et que faut-il faire ? Il faut expulser les étrangers qui sont inscrits dans ce fichier.
François-Xavier Bellamy : Moi je suis stupéfait de cette consigne du président de la République qui nous dit aujourd'hui, hier plus exactement, les préfets doivent regarder dans le fichier des personnes dangereuses, parce que c'est de ça qu'on parle, lesquelles sont expulsables. Et ce serait peut-être bien de regarder si on ne peut pas les expulser. Mais il aurait peut-être fallu s'y prendre avant. Il aurait fallu s'y prendre plus tôt. Est-ce qu'on a besoin d'attendre que les morts se répètent, que les crimes se reproduisent ? Est-ce qu'on a besoin d'attendre que le terrorisme islamiste frappe sur notre sol pour se dire qu'il est temps de protéger les Français ? Donc oui, nous le disons. Et nous le disons depuis des années. Il faut enfin réussir à réarmer l'État sur le plan migratoire notamment, pour que des gens qui sont étrangers, qui sont dangereux, qui sont islamistes, qui professent la haine de la France, qui constituent une menace pour les Français, que ces gens-là soient empêchés de nuire avant qu'ils aient tué. Et ça c'est l'enjeu évidemment du débat sur la loi immigration que nous devons avoir aujourd'hui. Parce que mettre hors d'État de nuire des gens qui menacent les Français, (...)