Le Général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre et professeur associé à Sciences Po, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio, à 8h10, dans "C'est à la une".
Avec le Général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de Guerre
Avec le Général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de Guerre
Les invités
Les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro de Jean-Jacques Bourdin. Retrouvez " L'invité politique" chaque matin à 08h30 sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Entrer dans Gaza permettrait à Israël de se défendre ?"
Jean-Jacques Bourdin : Dans l'habitude de retrouver ce moment fort entre 8h30 et 9h, ce moment où nous recevons un invité politique tous les matins, donc pendant près d'une demi-heure, ensuite à partir de 9h, c'est tout simple, vous pouvez réagir, 0826-300-300. Ce matin nous recevons, et je suis très heureux de vous accueillir, Général Vincent Desportes, bonjour, merci d'être avec nous, je rappelle que vous avez dirigé l'école de guerre, que vous êtes docteur en ce qui est important dans la situation actuelle, alors expliquer, analyser et comprendre la situation au proche et Moyen-Orient avec lucidité, sans parti pris au-delà des jeux politiques, des manifestations pro-Israël ou pro-Palestine. C'est ce que nous allons faire à l'Assemblée nationale aujourd'hui, les députés débattront, comment vont-ils se comporter, quelle est la position exacte de la France, Emmanuel Macron sera demain en Israël, Israël qui se prépare à l'immersion terrestre de Gaza, et les otages, dont des Français détenus par le Hamas, que fait-on ? Joe Biden, le Premier ministre canadien Trudeau, Emmanuel Macron, Olaf Schultz, Giorgia Meloni et le Premier ministre britannique Rishi Sunak, se sont réunis en vidéoconférence dans la nuit. Ils ont réitéré leur soutien à Israël et à son droit de se contre le terrorisme, ils ont également appelé au respect du droit humanitaire international, y compris en matière de protection des civils, des livraisons d'eau, de nourriture, de médicaments vont se poursuivre, ils s'engagent à œuvrer en faveur d'une solution politique et d'une paix durable au Proche-Orient. Général Desportes, sur le terrain, l'armée israélienne continue de bombarder La bande de Gaza a rien, ne doit empêcher Israël de se défendre, disait hier la présidente de la Sommée nationale Yaël Braun-Pivet. Entrer dans Gaza permettrait à Israël de se défendre ?
Général Vincent Desportes :Écoutez, c'est toute la question. Moi, je crois que nous sommes dans un piège, Israël est aussi dans un piège, et c'est pour ça que cette opération n'a pas été lancée il y a huit jours et qu'on est toujours en train d'attendre et qu'on ne sait pas. C'est-à-dire que les dirigeants israéliens comprennent bien qu'il y a de fortes chances que ce soit une opération perdant-perdant. Et donc ils hésitent, probablement ils le feront, si rien ne se dessine au niveau politique. Mais la mission que se donne l'armée israélienne est une mission absolument, évidemment, impossible. Il y a deux missions, la première.
Général Vincent Desportes :Mission impossible, la première c'est détruire le Hamas. C'est impossible. Le Hamas, c'est une idéologie, c'est un réseau. Les grands dirigeants du Hamas ne sont d'ailleurs pas à Gaza mais plutôt au Qatar. Donc on peut casser des instruments du Hamas, on ne détruira pas cette idéologie qui veut quoi ? La destruction d'Israël. Donc ça, si le Hamas est cassé dans la bande de Gaza, quelque chose de similaire ou la même chose renaîtra ailleurs. Donc ça fera disparaître la menace un certain temps mais pas pour tout le temps. La deuxième chose, c'est libérer les otages. Bon, on sait bien que les otages sont aussi aujourd'hui sous les coups qu'Israël porte sur la bande de Gaza et que dans cette bataille qui sera forcément extrêmement sanglante des deux côtés, eh bien les otages, on feront probablement les frais. Donc, et d'un autre côté, évidemment, Israël ne peut pas laisser impuni, il y a un besoin de vengeance et on le comprend mais la loi du Talion ne peut pas servir évidemment de stratégie. Et puis, Israël a le droit, évidemment, de se défendre. Donc on voit bien que Israël ne peut pas ne rien faire et en même temps en faisant, elle le fera mal. Et donc, elle est dans un piège comme nous d'ailleurs, occidentaux, sommes dans le piège.
"Des opérations, est-ce que des opérations ciblées sont déjà conduites ?"
Jean-Jacques Bourdin : Oui, je remarque la lucidité de votre propos. Nous nous en tenons au fait. Pas de parti pris, je le disais en introduction. Général Desportes, vous vous en tenez au fait, j'aime cela, parce que ça devient très très difficile aujourd'hui d'ailleurs de garder la tête froide au milieu de toutes ces prises de position. L'armée israélienne est prête donc pour cette étape, l'invasion terrestre de Gaza, c'est ce que déclare, encore une fois le porte-parole de l'armée israélienne. Des opérations, est-ce que des opérations ciblées sont déjà conduites ? J'imagine, à l'intérieur même de la bande de Gaza, je parle à terre, en oubliant les bombardements.
Général Vincent Desportes :Alors il est tout à fait possible, mais nul ne le sait véritablement, que les forces spéciales israéliennes qui sont très aguerries, conduisent déjà des opérations. Mais je pense que néanmoins, ce qui va véritablement compter, si elles existent, c'est cette opération terrestre. Et on a vu d'ailleurs la manœuvre d'Israël, qui n'est pas une manœuvre, qu'une manœuvre intelligente, qui est de libérer une zone dans le pays. (…)