Avec Raphaël Morav, ambassadeur chargé d'affaires d'Israël en France
Avec Raphaël Morav, ambassadeur chargé d'affaires d'Israël en France
Les invités
Les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro de Jean-Jacques Bourdin. Retrouvez " L'invité politique" chaque matin à 08h30 sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Et il y a la question des otages qui est toujours..."
Jean-Jacques Bourdin : Il est 8h33, merci d'être avec nous, de retrouver votre rendez-vous entre 8h30 et 9h tous les matins, un invité politique, et ensuite, après 9h évidemment, vous appelez 0826 300 300 pour commenter l'actualité, pour nous faire part de ce que vous vivez. Nous en avons besoin, je le répète, tous les jours. Ce matin, notre invité, Raphaël Morav, qui est ambassadeur d'Israël en France. Monsieur l'ambassadeur, bonjour.
Raphaël Morav : Bonjour Jean-Jacques.
Jean-Jacques Bourdin : Merci d'être avec nous. L'armée israélienne a intensifié ses bombardements sur Gaza. Ces derniers jours, ces dernières heures, Israël ne lance pas son offensive terrestre sur Gaza. Pourquoi ?
Raphaël Morav : Pour le moment, elle ne lance pas son attaque terrestre, car il y a sans doute des préparatifs encore à faire. Il y a des renseignements encore à récolter. Et il y a la question des otages qui est toujours...
Jean-Jacques Bourdin : Qui freine l'offensive terrestre. Qui empêche aujourd'hui Israël de lancer son offensive dans Gaza.
Raphaël Morav : Empêche, je ne dirais pas, mais qui peut freiner et qui est un facteur qu'on doit tenir au compte, voilà.
Jean-Jacques Bourdin : N'y a-t-il pas des dissensions au sein du cabinet de guerre, comme je l'ai lu dans plusieurs journaux, et notamment des journaux américains ?
Raphaël Morav : C'est fort possible. Nous sommes un État démocratique, il y a la diversité des opinions, et ce que l'armée voit, ce n'est pas forcément ce que les politiciens voient. Et c'est normal.
"Pression de Washington aussi..."
Jean-Jacques Bourdin : C'est normal. Pression de Washington aussi, peut-être ?
Raphaël Morav : Peut-être. (Peut-être aussi ?) Peut-être aussi, oui.
Jean-Jacques Bourdin : Bon, donc oui. Peut-être, ça veut dire quoi ? Ça veut dire oui ou ça veut dire non, peut-être ?
Raphaël Morav : Non, c'est-à-dire que c'est possible. Nous sommes en train de faire en forte coordination avec les Américains. Le président Biden a fait une visite en Israël il y a quelques jours, et on tient compte des positions américaines, voilà. Ce n'est pas une question de pression, mais c'est une question de tenir compte des positions de nos alliés, également de la France et d'autres.
"Tomber dans le piège du Hamas."
Jean-Jacques Bourdin : Alors à propos des États-Unis, je lis Barack Obama, des milliers de Palestiniens morts à Gaza, plus de 2000 enfants, investirent militairement la bande de Gaza, aggraverait la crise humanitaire, la stratégie militaire d'Israël doit respecter le droit international, cette stratégie pourrait se retourner contre Israël, et roder le soutien mondial à Israël. C'est ce que déclare Barack Obama. Que lui répondez-vous ?
Raphaël Morav : Je répondrais que nous prenons toutes les mesures pour effectivement ne pas tomber dans le piège du Hamas, qui souhaiterait avoir le maximum de pertes civiles, et c'est une des raisons pour laquelle l'offensive militaire sur le terrain n'est pas encore exécutée, justement c'est pour pouvoir mettre en œuvre une opération chirurgicale, ce qu'on appelle, et en même temps permettre la population civile de la ville de Gaza, de se retirer à 20 kilomètres, donc c'est un peu comme Paris et Versailles, afin de nouveau d'éviter les pertes civiles, et voilà donc en fait je suis d'accord avec M. Obama qu'il ne faut pas tomber dans le piège que le Hamas voudrait nous pousser.
Jean-Jacques Bourdin : Oui, mais tuer des enfants à Gaza, ce qui est le cas ?
Raphaël Morav : Non, alors ce n'est pas du tout le...
Jean-Jacques Bourdin : Il n'y a pas d'enfants qui meurent à Gaza sous les bombes israéliennes ?
Raphaël Morav : C'est pas ce que j'ai dit non, ce que je dis c'est que ce n'est pas l'intention et ce n'est pas la cible. De l'armée israélienne.
Jean-Jacques Bourdin : J'imagine, j'imagine.
"Couper l'eau, l'électricité, priver la population de nourriture et de médicaments, est-ce se défendre ?"
Raphaël Morav : Oui, tout à fait, c'est important de le souligner. Et même en prenant toutes les précautions, il peut y avoir malheureusement des dégâts collatéraux, et dans ce cas-là, c'est très regrettable, et je dis bien ce n'est pas dans notre intention, ni dans le diagnostic, de voir des dégâts collatéraux.
Jean-Jacques Bourdin : Des dégâts collatéraux, comme vous dites. Couper l'eau, l'électricité, priver la population de nourriture et de médicaments, est-ce se défendre ?
Raphaël Morav : Alors premièrement, il n'y a pas de problème de nourriture, et selon le droit international, on n'a pas l'obligation de ravitailler son ennemi. Donc il est hors de question qu'on va ravitailler le Hamas d'électricité ou d'essence qui va être utilisé bien sûr pour leurs machines militaires. Et la population qui s'évacue vers le sud, elle a de l'eau et elle a également les moyens qui sont fournis par l'aide humanitaire. Donc il n'y a pas de focus.
"On se soumet au droit international d'une manière scrupuleuse."
Jean-Jacques Bourdin : Est-ce qu'Israël commet des crimes de guerre à Gaza ?
Raphaël Morav : Définitivement non, certainement pas. On se soumet au droit international d'une manière scrupuleuse.
Jean-Jacques Bourdin : Oui, ce n'est pas ce que dit le secrétaire général de l'ONU. Vous avez vu ses déclarations, je le cite. Il condamne les violations claires du droit humanitaire à Gaza. J'ai vu qu'Israël avait réagi, pas de visa pour l'ONU. C'est cela, M. l'ambassadeur ?
Raphaël Morav : Écoutez, le droit international ne oblige pas à fournir une aide humanitaire. Le droit international exige qu'on n'empêche pas l'acheminement d'aide humanitaire. (...)