Avec Laurence Rossignol, sénatrice PS du Val de Marne et ancienne Ministre
Laurence Rossignol, sénatrice PS du Val de Marne et ancienne Ministre, est l'invitée politique de Stéphanie de Muru
Les invités
Les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro de Jean-Jacques Bourdin. Retrouvez " L'invité politique" chaque matin à 08h30 sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Vous trouvez qu'on ne parle pas assez des femmes."
Stéphanie De Muru : 8h34 en direct sur Sud Radio, c'est l'heure de l'invité politique, mon invité aujourd'hui Laurence Rossignol, sénatrice PS du Val-de-Marne. Bonjour Laurence Rossignol.
Laurence Rossignol : Bonjour.
Stéphanie De Muru : Alors vous avez aussi été ministre des familles, de l'enfance et du droit des femmes, sous les gouvernements Valls et Cazeneuve, il y a plein de sujets très importants qu'on va aborder ensemble aujourd'hui Laurence Rossignol, on va revenir sur le vote hier au Sénat de l'interdiction de l'écriture inclusive mais aussi la situation évidemment au Proche-Orient. Ces répercussions en France, il y a quelque chose qui vous tenait à cœur, vous c'est la situation des otages et notamment spécifiquement les violences sexuelles dont les femmes ont été victimes, vous avez publié une tribune dans le Nouvelle Ops, une tribune aux côtés d'une trentaine d'autres femmes, Delphine Hervier, Muriel Pénicaud, Caroline Fourest, vous avez dénoncé sans réserve les massacres de civils mais vous trouvez qu'on ne parle pas assez des femmes, pourquoi vous jugiez cette tribune nécessaire ?
" La consigne de violer qui a été donnée semble-t-il selon les interrogatoires qui ont été fait auprès des terroristes, la consigne de viol, elle a une volonté d'épuration ethnique."
Laurence Rossignol : Écoutez dans ce qui s'est passé cet octobre, il y a bien entendu la dimension génocidaire, la volonté de tuer le plus de juifs possible, ça c'est assez reconnu et puis il y a dans ce massacre quelque chose de spécifique qui est l'usage du viol comme moyen d'humiliation de soumission et c'est ce qu'on appelle la dimension génocidaire, c'est à dire que c'est la volonté d'asservir les femmes pour arriver à une épuration ethnique et on sait, parce que ça a été malheureusement observé déjà dans d'autres endroits du monde, que le viol de masse, le viol systématique. La consigne de violer qui a été donnée semble-t-il selon les interrogatoires qui ont été fait auprès des terroristes, la consigne de viol, elle a une volonté d'épuration ethnique. C'est ce qu'on a observé à la fois en Bosnie, ce qu'ont vécu les femmes musulmanes en Bosnie de la part des Serbes, ce qu'on a observé au Rwanda et on ne peut pas passer sous silence cette spécificité et avec une autre spécificité qui est que le viol est aussi utilisé comme arme de propagande. C'est à dire que le plus souvent quand il y a des viols commises dans des opérations de guerre, les états majeurs, les armées n'en sont pas si fiers que ça, mais là le viol a été revendiqué, programmé et revendiqué. Et ce que nous avons voulu dire avec cette tribune c'est que d'un point de vue humaniste, d'un point de vue universaliste, si on passe sous silence la dimension spécifiquement génocidaire de ce qui s'est passé, alors on laisse le viol devenir un moyen de soumission, d'humiliation et de génocide qui aura des conséquences sur toute la planète.
Stéphanie De Muru : Et Laurence Rossignol vous dites justement trop peu de voix s'élève pour dénoncer avec force ce qui s'apparente bien à un pogrom, un génocide, certains silences sont assourdissants et la justification de ces atrocités par les politiques du gouvernement israélien insupportable. Qui visez vous quand vous parlez de silence assourdissant ?
Laurence Rossignol : Non mais on voit bien que lorsqu'il s'agit de s'exprimer sur ce qui se passe actuellement en Israël et à Gaza, il y a un malaise, beaucoup de gens sont à malaise. Les impenses que dénonçait la dimension terroriste les pogroms et les viols qui ont été commis, ce serait sous-estimer les conditions de vie des populations palestiniennes à Gaza, les autres pensent qu'on ne pourrait pas dénoncer l'un et s'émouvoir de l'autre. Aujourd'hui on est dans une situation, moi je le dis très clairement, il faut une trêve humanitaire, il faut des couloirs humanitaires, la population gazaoui a besoin de nourriture, a besoin d'eau, a besoin de médicaments. Et il y a un deuxième sujet que je trouve aussi important dans ce qu'on peut...
"C'est vrai qu'on entend beaucoup de féministes, souvent avoir des combats sur les réseaux sociaux dans les tribunes, là on les entend moins."
Stéphanie De Muru : On va y revenir justement sur cette situation humanitaire, sur la situation là bas, mais je voudrais ça vous tenait à cœur, vous me l'avez dit avant d'arriver, cette tribune, ce silence assourdissant, qui visez vous ? C'est vrai qu'on entend beaucoup de féministes, souvent avoir des combats sur les réseaux sociaux dans les tribunes, là on les entend moins. À qui vous pensez ?
Laurence Rossignol : Je suis pas là pour régler des comptes avec le reste des intervenants français. De toute façon, dès qu'il s'agit de viols et de la condition des femmes, le sujet est le plus souvent invisibilisé au profit de la dimension globale d'un événement.
Stéphanie De Muru : Mais ça dit quoi ?
Laurence Rossignol : Ça dit déjà qu'il y a une non prise en compte, une non considération de la spécificité du viol comme arme d'humiliation, d'asservissement et comme arme d'épuration ethnique, ça c'est la première chose. Et pour moi, qui suis une féministe, qui suis une sénatrice féministe, c'est important de toujours revisibiliser ce qui est spécifique aux femmes. Et puis c'est ce que je vous disais il y a un instant, c'est que sur ce débat, on voit bien que beaucoup de gens ont du mal à prononcer les mots qu'il faut prononcer, terrorisme, terrorisme islamiste, d'une part, d'autre part, viol, massacre et pogrom. (...)