Avec David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'AMF
David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'AMF, est l'invité politique de Jean-Jacques Bourdin
Les invités
Les grands acteurs de la vie politique s'expriment au micro de Jean-Jacques Bourdin. Retrouvez " L'invité politique" chaque matin à 08h30 sur Sud Radio et en podcast.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :
"Il y a eu un antisémitisme décomplexé dans le champ politique."
Jean-Jacques Bourdin : Notre invité ce matin, il est 8h34, David Lisnard, maire de Cannes, président de l'Association des maires de France. David Lisnard, bonjour. Bonjour. Merci d'être avec nous. Après cette interview, après 9 heures, vous savez que vous pourrez réagir 0826 300 300. David Lisnard, appel de Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale et Gérard Larcher, le président du Sénat, à une marche à Paris dimanche contre l'antisémitisme. Vous vous joignez à cet appel ?
David Lisnard : Je trouve que c'est bienvenu. Alors moi, je ne suis pas à priori un fanatique des marches et des choses comme cela. Mais malheureusement, et d'ailleurs je l'avais exprimé à plusieurs reprises, il est stupéfiant d'entendre le silence, si vous me permettez cette expression, étourdissant face à plus de 1000 actes antisémites depuis le 7 octobre. C'est-à-dire c'est deux fois plus que toute l'année précédente. Et j'avais dit récemment, je suis certain de vos confrères, qu'on avait l'impression de 80 ans d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme. C'est-à-dire de tout ce qui fait qu'on juge quelqu'un non pas pour ce qu'il fait, mais pour ce qu'il est, était balayé. Et cet appel des deux présidents de chambre, quelque chose de fort, qui transforment les clivages partisans, je pense que c'est pertinent. Et de temps en temps, il y a besoin de mettre quand même des limites morales à une société démocratique et républicaine. Et il renvoie aussi aux déclarations délirantes d'une partie de la France insoumise. Il y a eu un antisémitisme décomplexé dans le champ politique. Enfin moi, j'avais jamais vécu ça et j'ai quand même de l'expérience maintenant. En tout cas, il y avait longtemps qu'on n'avait pas entendu ça. Et il renvoie aussi peut-être à un relatif silence aussi de l'exécutif. Nous avons eu 40 de nos compatriotes qui ont été tués par le Hamas. C'est dans les attentats récents, le troisième attentat le plus meurtrier après Paris en novembre, le 13 novembre, le Bataclan et Nice. Toujours pas d'hommage national.
Jean-Jacques Bourdin : Mais pourquoi ? Parce qu'il y a encore des otages français qui sont retenus ? Ou parce que ces victimes françaises sont juives ? Je vous pose franchement la question.
David Lisnard : Alors, je ne le sais pas. Ce que je sais, c'est que le travail diplomatique secret qui doit être mené pour essayer d'obtenir la libération des otages ne serait pas perturbé par un hommage aux victimes du terrorisme. Enfin, il faut arrêter. Il faut arrêter l'hypocrisie. Ensuite, est-ce que c'est parce qu'ils sont juifs ? Je l'ignore, mais en tout cas...
"Une France qui soit libre et où on puisse se balader la tête haute, quelle que soit sa religion ou ses origines."
Jean-Jacques Bourdin : Vous pensez que ça freine ? Ça peut freiner ?
David Lisnard : Je ne sais pas. Je peux avoir une opinion personnelle, mais ça n'a pas d'intérêt. C'est pas rigoureux. Donc, je l'ignore. En tout cas, il y a l'antisémitisme qui, lui, n'est pas freiné et qu'il faut combattre. Parce que les mêmes qui se couchent devant l'antisémitisme aujourd'hui seront les mêmes qui se coucheront devant d'autres formes de racisme, seront les mêmes qui se coucheront, qui seront soumis au plus fort. Et moi, j'ai envie que mes enfants, parce que c'est bien ce qui me motive, vivent dans une France qui soit libre et où on puisse se balader la tête haute, quelle que soit sa religion ou ses origines.
Jean-Jacques Bourdin : Marche entre le palais Bourbon et le palais du Luxembourg, dimanche, c'est un symbole. Tous les partis sont bienvenus. Tous les partis doivent venir, doivent y participer. Je pense, évidemment, à Reconquête ou RN, mais je pense aussi à la gauche, je pense à la France Insoumise aussi.
David Lisnard : C'est au président du Sénat, la présidente de l'Assemblée, de dire comment ils formatent leur manifestation. Mais d'après ce que j'ai compris et ce que j'ai lu, c'est tous les Français qui sont les bienvenus.
Jean-Jacques Bourdin : Tous les Français.
David Lisnard : On ne faut pas faire une exclusive partisane.
"Un rendez-vous des amis du soutien inconditionnel au massacre."
Jean-Jacques Bourdin : Je vous dis ça parce que j'ai vu la réaction de Jean-Luc Mélenchon. Un rendez-vous des amis du soutien inconditionnel au massacre. C'est le commentaire de Jean-Luc Mélenchon.
David Lisnard : Jean-Luc Mélenchon n'en pense que l'on veut. Moi, comme vous, je l'ai connu républicain. Et il y a une dérive qu'il faut analyser. C'est un propos inacceptable. Cela s'inscrit malheureusement dans tant d'autres propos d'un parti qui ne sait pas dire que le HAMAS est une organisation terroriste, ce qui est une évidence. C'est une organisation même néonazie, à tendance génocidaire.
Jean-Jacques Bourdin : Et qui dit même que le HAMAS est une organisation de résistance.
David Lisnard : Mais c'est abject, c'est odieux, on le sait. Et derrière cela, il y a bien sûr du clientélisme et du cynisme pour plaire à ce qu'ils pensent être une partie de l'électorat. D'ailleurs, c'est bien faire insulte à beaucoup de compatriotes émigrés de penser qu'ils seraient par nature antisémites. Et deuxièmement, au-delà de ce cynisme, moi je crois qu'il y a une convergence idéologique d'une extrême gauche qui a toujours eu de l'antisémitisme en elle. Les régimes communistes étaient souvent antisémites.
Jean-Jacques Bourdin : Mais Jean-Luc Mélenchon serait, je ne vais pas dire serait antisémite, mais aurait des tendances à aller vers un antisémitisme, je ne sais pas moi, qui serait de circonstance ou électoraliste.
David Lisnard : L'antisémitisme est un délit qui doit être condamné comme tel et c'est au tribunal de dire si tel propos ou pas et ce n'est pas à nous de rendre sentence. (...)