Pôle emploi organise un bal des employeurs et des employés
Quand Pôle Emploi propose de danser avec son futur employeur
Chaque matin, Elisabeth Levy donne son avis sur l'actualité
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des premières minutes de votre émission :
"Danse avec ton boss !"
Benjamin Glaise : 8h13 sur Sud Radio, c'est l'heure de Lévy, sans interdit, bonjour Elisabeth Lévy.
Elisabeth Levy : Bonjour Benjamin, bonjour à tous.
Benjamin Glaise : Bon ce matin, vous nous parlez de Pôle Emploi qui organise un bal des employeurs et des employés.
Elisabeth Levy : Bah oui, ça pourrait s'appeler danse avec ton boss parce que voilà, fini le rendez vous de recrutement, vous savez, on arrivait en tailleur ou costard cravate, bien décidé à se montrer sous son meilleur jour et à impressionner le futur employeur ou le recruteur avec le récit de toutes ces expériences. Non, Pôle Emploi rône veut nous casser les codes et il veut donc donner un coup de jaune à ces vieilles méthodes en organisant, donc vous l'avez dit, un bal pour employeurs et demandeurs d'emploi. Alors l'objectif c'est à battre la barrière très formelle de l'entretien d'embauche en dançant avec son futur recruteur. Alors bon, pour l'instant, désolé mais c'est réservé au secteur culturel, au spectacle vivant, c'est pour travailler dans des compagnies de théâtre ou ce genre de choses. Si vous voulez travailler dans l'agence bancaire du coin, eh bien non, il faut encore sortir votre costard et vous supporter un rendez-vous à l'ancienne. Donc je reviens à mon bal des recruteurs. Le matin, tout le monde est anonyme, tout le monde est mélangé pour un grand atelier danse. Ça l'air d'être dans une sorte de gymnase qui est animé par un chorégraphe qui est tourné vers les nouveaux publics et les non-danceurs. Donc c'est un chorégraphe qui s'occupe des non-danceurs. Moi, je trouve ça très bien. Alors ensuite, l'après-midi, quand même, vous avez un rendez-vous. Mais bon, moi, je reviens à cette séance du matin. Alors jugé par les photos, il ne faut pas avoir trop peur du ridicule. Ça ressemble un peu à la danse des canards ou à la chemise, les chenilles des mariages. Mais cher Benjamin, félicitons-nous, la lutte des classes, c'est fini. Vive la valse des classes. Marx doit se retourner dans sa tombe.
Benjamin Glaise : Vous vous sentez un peu gognard quand même, Elisabeth ?
"Mais cher Benjamin, félicitons-nous, la lutte des classes, c'est fini. Vive la valse des classes. Marx doit se retourner dans sa tombe."
Elisabeth Levy : Ah bon ? Oui, parce que derrière ce salmigondis de recruteurs branchés, il y a un peu toute la sottise de l'époque. La gadgétisation, le câlinage, le mélange du public et du privé. Alors attention, je ne dis pas que la vie professionnelle, ça doit se réduire simplement à un échange entre un salaire et une force de travail. Et bien sûr, on préfère que notre travail ait du sens. Bien sûr, on préfère qu'il se déroule comme à Sud Radio, dans une bonne ambiance. Vous voulez danser, Benjamin ? Et le fait qu'il n'y ait plus de patron de droit divin, évidemment, à part Patrick Roger, c'est très bien. Mais ce qui est un peu absurde, c'est qu'il faudrait que le travail se décline maintenant dans la grammaire du jeu et du loisir. On va bientôt nous demander d'empiler des cubes pour avoir un emploi. Il n'y a pas de hiérarchie, pas de stress, pas d'autorité, pas de jugement. Il ne s'agit plus d'évaluer des compétences, tant mieux d'ailleurs vu le niveau de l'école qu'on nous demande pas trop de compétences, mais de jauger, attention, le savoir-être. Oui, le savoir-être. Alors j'aimerais bien savoir par ailleurs à quoi on reconnaît un humain qui ne sait pas être. Ça ouvre des abîmes philosophiques, mais passons. Il s'agit aussi bien sûr d'en finir avec le formalisme, sauf que les formes, eh bien, c'est un pilier de la vie sociale et de la civilisation. On ne se comporte pas dans son travail comme au mariage de sa cousine Ursule. En attendant, cher Benjamin, moi je voudrais vous le dire, je suis traumatisée par mes réveils matinaux, alors j'aimerais bien qu'on me dise à quelle heure ouvre la cellule d'aide psychologique de Sud radio.
Benjamin Glaise : Alors je sais pas si j'ai ça, Elisabeth, par contre j'ai ceci, écoutez. Ah oui, on danse sur Sud radio. Merci à vous, Elisabeth. (...)