Immigration : le Sénat conditionne le versement des allocations familiales aux étrangers à une présence d’au moins 5 ans sur le territoire
Chaque matin, Elisabeth Levy donne son avis sur l'actualité
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"Donc au Sénat j'embrasse ma droite, à l'Assemblée nationale je courtise ma gauche, Gérald Darmanin va devoir nous donner une belle démonstration d'eux en même temps."
Patrick Roger : Il est 8h13, les allocations pour les étrangers, c'est une question épineuse qui divise depuis longtemps. Et à l'occasion du débat sur l'immigration au Sénat, il y a un amendement voté justement mardi soir qui est passé un peu inaperçu, mais évidemment ça ne vous a pas échappé Elisabeth Levy. Bonjour Elisabeth.
Elisabeth Levy : Oui, bonjour Patrick, bonjour à tous. Donc c'était mardi soir entre la poire de l'AME, l'aide médicale d'État et le fromage de l'article 3 dont vous avez abondamment parlé. Donc pendant que les chefs de LR négocient la suppression donc de ce nouveau titre de séjour pour les métiers en tension, Jacqueline Eustache-Brinio, également sénatrice à LR, défend elle un amendement très restrictif. Il concerne les prestations non contributives, c'est-à-dire les allocations qui ne correspondent pas à une cotisation comme par exemple la retraite ou le chômage. Vous cotisez puis un jour vous en bénéficiez. Alors donc en l'occurrence il s'agit des allocations familiales, des APL et aussi d'une allocation pour handicapés. Alors pour les percevoir selon cet amendement, un étranger en situation régulière devra justifier de 5 ans de résidence. C'est ce qu'un autre amendement qui va dans le même sens appelle un délai de franchise pour bénéficier de la solidarité nationale, il faut montrer qu'on est bien installé. Alors Gérald Darmanin lui qui est en mission séduction des LR pour éviter le 49.3 délivre ce qu'on appelle, cher Patrick, je l'ai appris à cette occasion, un avis de sagesse. Ça signifie que le gouvernement ne s'y oppose pas sauf pour l'allocation handicapée. Donc au Sénat j'embrasse ma droite, à l'Assemblée nationale je courtise ma gauche, Gérald Darmanin va devoir nous donner une belle démonstration d'eux en même temps. L'amendement dont LR et l'autre ont été adoptés et sur X beaucoup de commentaires ils ont déclenché beaucoup de commentaires approbateurs, simplement les internautes savent que la mesure ne passera pas le barrage de la gauche macroniste à l'Assemblée et sans doute les sénateurs et le ministre le savent aussi, donc il y a dans cette affaire beaucoup de commedia dell Arte.
"Le diable a changé de camp. Aujourd'hui, il s'habille en rouge."
Patrick Roger : Bon alors et sur le fond, est-ce que c'est une bonne mesure ou pas ?
Elisabeth Levy : Alors si maîtriser nos frontières semble de plus en plus chimérique, en tous les cas dans le cadre des traités européens, la seule solution aujourd'hui pour endiguer concrètement les flux, eh bien c'est de rendre la France moins attractive et de jouer sur ce qu'on appelle les pompes aspirantes, ce qui fait venir des systèmes qui poussent les gens à venir dans notre pays. Alors la preuve d'ailleurs que c'est une bonne mesure, c'est que le braillomètre des immigrationnistes et de la gauche s'emballe, on organise la pauvreté des enfants, on s'en prend aux familles, autrement dit, pour ces gens il est légitime de faire venir en France des familles dont la survie dépendrait de l'argent public. Alors seulement, voilà, la majorité des électeurs, même à gauche aujourd'hui, elles ne veulent plus accueillir des gens qui ne travaillent pas ou peu et qui en plus souvent, pas toujours bien sûr, détestent la France. Alors même si finalement ça ne passe pas, cet épisode est tout de même révélateur du fait que les temps changent, parce qu'il y a 30 ans quand le Front National proposait ce genre de mesure, alors là, cher Patrick, rappelez-vous, c'était c'était l'époque où Laurent Fabius disait « Le FN pose de bonnes questions et il leur donne de mauvaises réponses ». Seulement, voilà, dans la foulée de Fabius, la gauche, prétendument morale, c'est comme ça qu'elle s'appelait, a interdit toute question. Sur l'immigration, la question elle-même était vraiment dégoûtante. Et rappelez-vous, jusqu'en 2007, l'affaire des tests ADN pour contrôler l'identité des migrants a enflammé Saint-Germain-des-Prés et fait reculer Nicolas Sarkozy. Alors aujourd'hui, tout de même, là, il y a un grand changement, c'est qu'il y a un consensus sur l'objectif qui sont la réduction drastique, la maîtrise des flux migratoires, et même Guillaume Meurice n'oserait plus parler de chance pour la France. Enfin, peut-être, je ne sais pas. Et bien sûr, une grande partie de la classe politique continue à se signer sur l'extrême droite, Alexis Poulain en a parlé, donc y compris Mme Borne, n'empêche, au-delà de toutes ces postures. L'amendement qu'on aurait décéléré il y a 20 ans n'a pas fait la une des médias, je l'ai déniché dans le Parisien, et malgré tout ce concours de mines ou trajets sur le thème « Jamais défiler avec Le Pen », et bien il est probable que Marine Le Pen marchera dimanche contre l'antisémitisme, comme l'écrit mon camarade de causeur Jean-Baptiste Roch, c'est officiel ou quasi officiel, disons. Le Rassemblement National, en tous les cas ses idées, font partie du camp républicain, le diable a changé de camp. Aujourd'hui, il s'habille en rouge.