"Cette marche contre l'antisémitisme ne sert pas forcément à grand-chose mais il fallait la faire"
"Cette marche contre l'antisémitisme ne sert pas forcément à grand-chose mais il fallait la faire" : écoutez la chronique d'Elisabeth Lévy
Chaque matin, Elisabeth Levy donne son avis sur l'actualité
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des premières minutes de votre émission :
" C'était la France bien élevée, il n'y a pas eu d'incidents, Guy Carlier l'a excellemment décrite. "
Patrick Roger : Levy, sans interdit, Élisabeth Levy, bonjour.
Elisabeth Levy : Bonjour Patrick, bonjour à tous.
Patrick Roger : Alors cette marche contre l'antisémitisme est pour la République une réussite ou pas selon vous alors ?
Elisabeth Levy : Oui alors d'abord en nombre oui c'était une réussite Patrick, pardon je vous prie de m'excuser. Et comme l'ont dit vos auditeurs et tout le monde avant vous, c'était la France bien élevée, il n'y a pas eu d'incidents, Guy Carlier l'a excellemment décrite. Alors beaucoup d'observateurs craignaient que cette marche attire surtout des Français juifs, il y avait un petit rigolo qui s'était muni d'une pancarte, il avait écrit je suis Goy, bon. Mais en fait ce n'était pas le cas, alors bien sûr la France qui a défilé des invalides au Luxembourg, dont les beaux quartiers étaient plutôt bourgeoises, plutôt âgés et plutôt blanches, la jeunesse et la diversité manquait cruellement à l'appel mais tout de même à l'exception notable de la France insoumise, et bien tous les partis politiques du pays étaient là ce qui laisse penser que le refus de l'antisémitisme transcende tout de même l'éclivage politique, bref c'était une petite démonstration de force qui montre que beaucoup de Français ne veulent pas laisser des petites frappes incultes imposer leurs lois. Alors on a déjà parlé de l'absence d'Emmanuel Macron, moi je ne la trouvais pas scandaleuse en soi, le problème sont plutôt les raisons qu'on devine, alors hier il y avait un très bon dessin de Ranson où on voyait le président dire ah bah non je ne peux pas y aller, je suis pour l'unité, je suis aussi le président des antisémites, alors on craint que la raison de sa non-venue soit qu'il a peur des quartiers et qu'il considère en plus, ce qui est un peu méprisant pour la jeunesse de ces quartiers, qu'il considère que les antisémites et les antisionistes y sont majoritaires.
"Et bien pour elle c'est toujours une maladie, elle préfère encore avoir tort avec l'extrême gauche que raison avec l'extrême droite."
Patrick Roger : Bon, alors cela dit, une manifestation, une marche peut-elle faire reculer l'antisémitisme
Elisabeth Levy : Bah évidemment pas, et d'ailleurs même la marche du 11 janvier n'a pas non plus arrêté le terrorisme me semble-t-il, mais si cette marche n'avait pas eu lieu, ou si elle avait été une marche disons plutôt communautaire, et bien le message aurait été désastreux, mais bien sûr Patrick ça ne va pas changer grand chose, et en plus le festival d'offuscation et de posture à toute la semaine autour de la présence du RN montre qu'il y a encore beaucoup de politiques d'élus, et même dans la majorité, qui sont intraitables avec l'antisémitisme d'hier, mais qui s'emploient toujours à ne rien comprendre à celui d'aujourd'hui, et d'ailleurs on les comprend parce que ce sont tout de même eux qui par leur bel man, et leurs politiques immigrationnistes ont favorisé l'islamisation de beaucoup de quartiers, et la montée dans ces quartiers d'un antisémitisme, d'une homophobie et d'ailleurs d'une haine de la France décomplexée. Alors d'ailleurs Marine Tondelier tout de même a dit hier qu'elle voulait manifester dans un cadre sain, le RN 13 millions de voix, et bien pour elle c'est toujours une maladie, elle préfère encore avoir tort avec l'extrême gauche que raison avec l'extrême droite. Alors en plus quand même il faut lui rappeler qu'elle est la patronne d'un parti qui est encore allié avec la France Insoumise, le seul parti qui joue avec des sentiments anti-juifs en France. On a vu ce week-end les propos de David Guirault à Tunis, c'est quand même effrayant, et surtout ça contribue à installer chez une partie des jeunes Français musulmans le sentiment du deux poids deux mesures, vous voyez bien vous on vous mal traite, et pour les juifs on sort le grand jeu. Bref, cette mobilisation est peut-être rassurante si on a envie d'être optimiste, mais elle laisse entière une question cruciale, le président promet de ramener l'antisémitisme à la seule place qui doit être la sienne, devant les tribunaux et derrière les barons, c'est dans sa lettre, moi j'aimerais bien savoir comment il compte le désimplanter des cerveaux pour qu'on puisse enfin, cher Patrick, parler d'autres choses.