70 % des maires se disent victimes d’incivilité : comment expliquer cette violence ? Écoutez la chronique d'Elisabeth Lévy
Chaque matin, Elisabeth Levy donne son avis sur l'actualité
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des premières minutes de votre émission :
"D'ailleurs beaucoup sacrifient aussi leur vie professionnelle, et en plus tout ça pour se faire insulter, ça ne fait pas rêver."
Patrick Roger : Il est 7h, il est 8h et 12 minutes, Levy sont interdites comme chaque matin Elisabeth Lévy, à cette heure-ci, bonjour Elisabeth.
Elisabeth Levy : Bonjour Patrick, bonjour à tous.
Patrick Roger : Alors on parle des maires, des élus, 70% qui se disent victimes d'incivilité.
Elisabeth Levy : Oui bah comme les professeurs, les pompiers, les policiers et même les médecins, les maires et les conseillers municipaux exercent désormais un métier à risque. Autrement dit, si vous avez choisi de travailler pour vos concitoyens et l'intérêt général, eh bien vous pourrez être remerciés par des insultes, des menaces, voire des agressions physiques. Alors avant le congrès des maires de France, il y a eu l'apparussions des statistiques du ministère de l'Intérieur et aussi l'enquête du SEVIPOF qui repose sur 6000 réponses d'élus, c'est beaucoup. Alors les violences contre les élus, essentiellement municipaux, ont augmenté de 32% l'année dernière et ça devrait être 15% cette année avec 2400 signalements à la mi-novembre. Alors ce sont essentiellement des tagues, des insultes directs ou par réseaux sociaux, mais tout de même un 7,5% des répondants du SEVIPOF, donc des 6000, disent qu'ils ont subi des agressions ou des violences physiques. Alors franchement c'est pas facile, ils doivent batailler contre l'Etat qui les accable de normes et d'obligations sans leur donner les moyens correspondants. Ils sacrifient leur vie privée pour gagner 80% du SMIC horaire dans 80% des cas, d'ailleurs beaucoup sacrifient aussi leur vie professionnelle, et en plus tout ça pour se faire insulter, ça ne fait pas rêver. Il y a donc eu 4000 d'émissions depuis le 2020, 4000 d'émissions d'élus, le miracle d'ailleurs c'est qu'il y ait toujours beaucoup de candidats probablement parce que le mandat municipal est le seul qui soit épargné par l'impuissance publique, un maire, ça peut changer la vie des gens.
"Nique ton maire devient aussi banal que nique la France."
Patrick Roger : De mois en moins, ce que me disait un maire que l'on avait ce matin. Alors comment expliquer tout de même cette violence et comment l'indiquer ?
Elisabeth Levy :Alors d'abord elle s'explique par la montée de l'agressivité générale, elle n'est pas spécifique au maire, tout litige peut dégénérer en insultes, 70% des maires donc ont subi de l'agressivité ou de la politesse, proportion est probablement comparable dans l'ensemble de la population mais soyons honnêtes, nous pouvons tous ou presque, certainement pas vous Patrick, nous montrer sous l'effet de la colère poli ou impoli ou agressif et le regretter ensuite. Eh bien nous avons aussi vécu depuis 30 ans, je dirais même peut-être un peu plus, la destitution de toutes les figures d'autorité qui est liée à la haine des hiérarchies, à la levée aussi des inhibitions. Nique ton maire devient aussi banal que nique la France. Et puis nous sommes dans le monde de l'individu roi, le après-vous que nous apprenait nos parents a fait place à moi d'abord, on a un rapport consumériste à la politique, on se demande ce que son pays doit faire pour soi et en quelque sorte nous sommes devenus un peuple de créanciers qui trouvent toujours qu'on n'en fait pas assez pour eux. Alors Robert Menard me le disait hier soir, si on ne dit pas oui immédiatement à une demande, eh bien il arrive souvent que la personne pète un câble, me disait-il. Alors que faudrait-il faire ? Eh bien restaurer une éducation qui a près de les limites et sanctionner ceux qui dépassent ses limites. Il y a aussi la fameuse réponse pénale, bien sûr Dominique Faure, la ministre des Collectivités Territoriales refuse de supprimer les aides aux parents des enfants qui font des incivilités, des insultes, des agressions, alors que dit-elle, elle dit, ah mais attention on les convoque, ils encourent deux ans de prison, oui certes ils encourent, mais combien prennent-ils ? Quant aux gamins qui insultent un maire, l'auteur, eh bien le plus souvent il écope d'un rappel à la loi, signe que dans notre pays on ne badine pas avec l'autorité, c'est évidemment ironique. Cependant, cher Patrick, rassurez-vous, l'Etat n'abandonne pas les élus, la ministre annonçait qu'à partir d'aujourd'hui, l'ouverture d'un guichet d'aide psychologique pour les maires et leur famille, un halo élu pour lutter contre la violence, et bien les maires de notre pays peuvent être rassurés.