Ler 10 janvier 2015, la France entière défilait en clamant son attachement à Charlie Hebdo. Ici, à Lille, ils étaient des milliers. (Denis CHARLET / AFP)
L’esprit Charlie existe-t-il encore ? Écoutez la chronique d'Elisabeth Lévy
Du lundi au jeudi à 8h10, retrouvez une Elisabeth Lévy cash. Notre éditorialiste donne son avis sur un sujet d’actualité sans tabou et sans interdit.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des premières minutes de votre émission :
"L'humour meurt s'il n'est pas le sauve conduit de nos mauvaises pensées, le refuge du négatif."
Patrick Roger : 8h14 minutes, Lévy sans interdit, Elisabeth Lévy, bonjour.
Elisabeth Lévy : Bonjour Patrick, bonjour à tous.
Patrick Roger : C'était hier, on l'a célébré. Et on se pose d'ailleurs la question encore, est-ce qu'il y a toujours un esprit Charlie ?
Elisabeth Lévy : Oui alors hier c'était donc le 9e anniversaire et beaucoup de français ont eu une pensée pour la bande de Trublion rigolos assassinés en janvier 2015 pour avoir caricaturé le prophète de l'islam et une fois par an c'est un rituel tout le monde est Charlie. Alors je ne vous parlerai pas Chère Patrick, du combat contre l'islamisme et l'islamisme d'atmosphère, comme on dit, et le séparatisme qui se réduit à quelques déclarations ronflantes, je l'ai fait l'an dernier, vous en parlez je le ferai peut-être malheureusement l'an prochain. Mais le plus triste peut-être c'est que l'esprit Charlie disparaît même chez ceux qui se proclament Charlie, parfois même chez Charlie par exemple quand il s'associe aux chasses aux sorcières d'extrême droite. Alors d'abord qu'est-ce que c'est que l'esprit Charlie ? Charlie c'est d'abord l'humour, l'humour qui fait boue, qui choque, qui pique, c'est bal tragique à Colombais, deux morts, vous vous rappelez ça c'est l'ancêtre Araquiri, c'est le cercueil d'un soldat mort au Mali, surmoté du slogan publicitaire de l'armée je suis tourné vers les autres et vers mon avenir, c'est blaguez sur tout et sur tout le monde les juifs, les musulmans, les homo-hitlères, les violences sexistes, c'est la vulgarité, c'est le mauvais goût aujourd'hui tout ça est passé de mode, le rire doit être moral, dénué de mauvaises pensées les blagues obscènes de deux par Dieu affolent la bonne société, mais pardon cher Patrick, l'humour meurt s'il n'est pas le sauve conduit de nos mauvaises pensées, le refuge du négatif.
"Mais il faut le rappeler, la liberté d'expression, elle est née avec des offenses, des offenses au roi et des offenses à Dieu. "
Patrick Roger : Donc si je vous suis, Guillaume Meurice par exemple a eu le droit, avait le droit de blaguer sur Netanyahou alors ?
Elisabeth Lévy : Bah évidemment, d'abord je n'ai jamais demandé qu'il soit censuré ou sanctionné j'ai le droit néanmoins de mépriser cet humour qui se prosterne devant les vaches sacrées de l'époque, cogne sur les méchants estampillés par exemple, toujours les mêmes, l'extrême droite les mâles blancs, les réacs, etc. les humoristes officiels, cher Patrick, ce sont des marteaux qui tapent comme des forcenés sur le même clou les autres sont éjectés du système, par exemple comme Xavier Garcia-Bardon qui a dû quitter le monde après un dessin sur l'inceste, pardon, un dessin parodique bien sûr alors au-delà de l'humour, qui en est l'une des expressions, eh bien il y a un péril sur la liberté d'expression dans son ensemble pourquoi ? Par peur, notamment du terrorisme islamiste, des professeurs, des journalistes, des élus auto-censure qui oserait aujourd'hui publier les caricatures du prophète ? Bah personne bien sûr, ça veut dire que le chantage à l'offense marche. Mais il faut le rappeler, la liberté d'expression, elle est née avec des offenses, des offenses au roi et des offenses à Dieu. Puis, il n'y a pas seulement le terrorisme islamique, parce qu'en réalité le débat public est sous la surveillance du gauchisme culturel aujourd'hui si vous contestez l'adoxa féministe, immigrationniste, inalgébétiste... Eh bien ça vous vaut au minimum des flots d'invectives, et souvent pire, résultat, eh bien des adultes parfaitement responsables ont peur de dire ce qu'ils pensent, alors voilà, pour 2024, Patrick, je souhaite ardemment que nous défendions nos libertés, que nous arrêtions de nous laisser intimider par des minorités hargneuses n'ayez pas peur des censeurs...
Patrick Roger : Bon voilà, l'esprit, Charlie merci, Elisabeth Lévy.