Bernard Pivot
Journaliste et écrivain français, présentateur de l'émission Apostrophes. (Photo by Phototheque Lecoeuvre / Collection ChristopheL via AFP)
"Une époque s’envole, la fin des chiffres, des lettres et de Pivot"
"Une époque s’envole, la fin des chiffres, des lettres et de Pivot" : écoutez la chronique d'Elisabeth Lévy
Du lundi au jeudi à 8h10, retrouvez une Elisabeth Lévy cash. Notre éditorialiste donne son avis sur un sujet d’actualité sans tabou et sans interdit.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des premières minutes de votre émission :
Pivot meurt en même temps que : "des chiffres et des lettres."
Patrick Roger : Il est 8h13, Lévy sans interdit, bonjour Elisabeth Lévy.
Elisabeth Lévy : Bonjour Patrick, bonjour à tous.
Patrick Roger : Et vous revenez sur la disparition de Bernard Pivot.
Elisabeth Lévy : Eh oui, à peine mort, déjà béatifié, donc je vais essayer de ne pas participer à l'ensevelissement de Bernard Pivot sous les compliments lieu commun et métaphore douteuse, comme point final où fermer les guillemets, qui est rivalisé à la une de nos journaux. Donc, comme vous l'avez noté, et comme l'a noté mon cher Guy Carlier, qui a deviné tout ce que j'allais dire, c'est un monde et c'est une façon d'habiter ce monde qui disparaît, et Guy Carlier l'a remarqué, Pivot meurt en même temps que "des chiffres et des lettres", qui avaient démarré en 72, trois ans avant "Apostrophe". Les résultats aujourd'hui des élèves français en maths et en français suggèrent qu'il serait difficile de recruter, bon, peut-être pas des candidats, il y aura toujours des exceptions d'excellence, mais des téléspectateurs qui auraient envie. de se mesurer à ces candidats. Est-ce qu'on imagine un ado d'aujourd'hui, les yeux rivés sur son téléphone et le casse-vissé sur les oreilles, participer à ce scrabble télévisé ? Eh bien, en réalité, la République des lettres avait disparu bien avant son pape. Où trouverait-on aujourd'hui les Romains, Lévi-Strauss, Nabokov ou Michel Audiard pour peupler nos écrans ? Oui, il faut l'admettre, il y a des époques plus ou moins fécondes, la nôtre produit moins de génie et en plus, elle les déteste.
"La littérature, et la sœur, et peut-être même la mère, est l'épouse de la liberté."
Patrick Roger : Eh bien, vous êtes décidément une nostalgique, hyper nostalgique, Elisabeth Lévy.
Elisabeth Lévy : Ben oui, oui, oui, je vous le dis, Guy Carlier avait tout deviné. Je suis nostalgique d'un temps où la France était une patrie littéraire, oui, ça c'est sûr, parce que la littérature, et la sœur, et peut-être même la mère, est l'épouse de la liberté. Oui, il n'y a pas, à mon avis, de liberté dans une société qui répudie la littérature. (...)