Dissolution : Que penser du coup de théâtre d’Emmanuel Macron ?
Dissolution : Que penser du coup de théâtre d’Emmanuel Macron ? Écoutez la chronique d'Elisabeth Lévy
Du lundi au jeudi à 8h10, retrouvez une Elisabeth Lévy cash. Notre éditorialiste donne son avis sur un sujet d’actualité sans tabou et sans interdit.
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 3 premières minutes de votre émission :
"Emmanuel Macron, lui-même, dressait l'acte de décès du macronisme."
Patrick Roger : Il est 8h14, Lévy Sans Interdit. Bonjour Elisabeth Lévy.
Elisabeth Lévy : Allô ?
Patrick Roger : Oui, Elisabeth Lévy, vous êtes là. Elisabeth, vous revenez sur ce coup de théâtre, en quelque sorte, d'hier soir, après les résultats de ces élections européennes, l'annonce d'Emmanuel Macron.
Elisabeth Lévy : Oui, coup de théâtre, coup de poker. Alors, on peut avoir plusieurs interprétations. D'abord, on peut penser que c'est conforme, comme l'a dit Arlette Gaullien, "conforme à l'esprit des institutions qui a été mis à mal par l'omniprésence du Président, deux jours avant le scrutin". Ça, c'était pas très républicain, me semble-t-il. En tous les cas, face au désaveu, il est légitime de revenir au peuple, même si le Président fait un pari avec le siège des autres. Alors, on peut aussi penser qu'il joue l'avenir du pays sur un coup de dé. Prêts-moi le déluge, Nicolas Berthoud le compare même à Néron, qui regardait bruler Rome. Mais, en tout cas, ce qui m'a semblé hier, c'est qu'Emmanuel Macron, lui-même, dressait l'acte de décès du macronisme. Parce qu'en réalité, il s'agit d'un échec magistral. Il promettait une révolution, c'était le titre de son livre, une nouvelle façon de faire de la politique. Eh bien, le clivage droite-gauche qu'il prétendait dynamité est toujours là. Sinon, les électeurs de Raphaël Glucksmann auraient voté pour Emmanuel Macron, au moins pour l'Ukraine et l'international. Le, en même temps, consiste à dire à chacun ce qu'il veut entendre et plus personne n'est dupe. Et surtout, le Président devait être celui qui arrêterait ce qu'il appelle l'extrême droite. Et il a joué et rejoué l'ère de moi ou le nazisme. Sauf que, on l'a vu à plusieurs reprises, ce prêchi-prêchât tourne à vide. Et maintenant, il semble qu'il espère encore que les Français vont l'écouter. Emmanuel Macron veut changer le peuple, comme le recommandait ironiquement Brest. Et en fait, il ne comprend pas que pour répondre aux attentes, pour combattre le Rassemblement National, comme il veut le faire, il faut répondre aux attentes et aux inquiétudes de ses électeurs qui veulent moins d'Europe, moins d'immigration, moins d'islamisme et plus de France. Et voilà qu'il recommence la moralise en prétendant séparer les fréquentables des infréquentables. Alors, je ne sais pas si c'est confirmé, mais il se disait hier qu'il n'y aurait pas de candidat à renaissance face aux sortants appartenant au champ républicain. On est reparti pour l'exégèse. Bref, on va avoir trois semaines, Patrick, de République en danger. Mais la seule révolution macroniste, ça aura été d'amener aux marches du pouvoir le parti fondé par Jean-Marie Le Pen.
"Coup de théâtre, coup de poker."
Patrick Roger : Oui, ça, on le saura fin juin, début juillet, avec ces deux tours des élections législatives.
Elisabeth Lévy : Oui, elles y sont déjà tout de même. Et l'espoir de créer une majorité fasciste me semble totalement hors sol. (...)