Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
- Les clés d'une vie, celles de mon invité.
- La peinture vous a permis de construire le cadre d'une vie haute en couleurs.
- Vous avez passé 40 ans dans un musée tout en regardant en permanence vers demain.
- Vous avez collectionné les honneurs, mais surtout les dessins.
- Et cela toujours anime de bonnes intentions, comme les dessins.
- Bonjour Pierre Rosenberg.
- Bonjour.
- Alors vous avez une vie incroyable et passionnante.
- Je vous remercie d'être ici au micro de Sud Radio.
- D'ailleurs, votre écharpe va avec le rouge de Sud Radio.
- On va en parler tout à l'heure.
- Il y a le Salon du Dessin du 26 mars au 31 mars à Paris.
- Vous y êtes lié, c'est important.
- Mais le principe des clés d'une vie, c'est de raconter votre parcours à travers des actes clés.
- Et la première que j'ai trouvée, elle est lointaine.
- Le 2 mars 1965, c'est votre première télé.
- Une édition spéciale des actualités télévisées sur un peintre italien du XVIIe siècle, le Caravage.
- Et vous vous êtes interviewé pour la première fois.
- Ah bon ? Vous vous en souvenez ? Vous me la prenez ? C'est un reportage où vous expliquez que ce peintre a révolutionné la peinture du XVIIe siècle, qu'il a connu la célébrité de son vivant, mais trois siècles de purgatoire.
- Et qui est aujourd'hui, évidemment, le peintre le plus connu au fond du grand public.
- À cause de sa vie, il a tué quelqu'un dans son existence.
- Il est devenu une espèce de grande vedette.
- C'est même assez intéressant que vous évoquiez son nom.
- Parce qu'après tout, pendant longtemps, le grand peintre qui dominait, c'était l'histoire de la peinture, c'était Raphaël.
- Exactement.
- Et maintenant, si je vous le dis, le Caravage l'a un peu supplanté.
- Alors la question qui se pose est de savoir qui sera le nouveau Caravage.
- Quel sera l'artiste qui, dans les générations plus jeunes que vous et moi, supplantera Caravage ? Je ne sais pas.
- Alors il se trouve que pourquoi vous êtes à la télévision ce jour-là, Pierre Rosenberg ? C'est une exposition au Musée du Louvre dont vous êtes le commissaire général sur le Caravage.
- C'était une exposition extrêmement courageuse qu'on avait faite à l'époque.
- Parce que...
- On avait obtenu...
- On avait obtenu des prêts que plus personne n'obtiendrait aujourd'hui.
- Ah bon ? On avait obtenu les grands prêts des Français de Rome qui ne voyagent plus.
- C'est une exposition qui prouve, en effet, à quel point, encore en 1965, Caravage était considéré comme un immense artiste, mais pas au point d'être sacralisé au point qu'on ne peut plus prêter ses œuvres.
- Les musées qui ont des Caravages refusent de les prêter.
- Tellement pour eux d'avoir un Caravage dans leur musée, il y a une assurance de visiteurs.
- C'était tout à fait étonnant parce qu'à l'époque, en 1965, vous disiez que les peintres du XVIIe siècle n'étaient pas encore très connus en France.
- C'est vrai.
- Surtout les peintres, si j'ose dire, italiens.
- À l'époque, c'était aussi le début de la résurrection, de la redécouverte de Georges Latour.
- Ce qui était complètement inconnu, beaucoup plus que Caravage, et qui, au fond, était une conquête de l'histoire de l'art.
- Georges Latour n'existerait pas sans les historiens d'art.
- Alors, la redécouverte de Georges Latour, en fait, elle a commencé en 1934 par une exposition que, naturellement, je n'ai pas vue malgré mon grand âge, mais elle a continué par une exposition en 1972, dont j'étais commissaire de l'exposition avec Jacques Tuilier.
- Et c'était l'exposition de 1972 sur Georges Latour qui a fait de Georges Latour le peintre archi populaire qu'il est.
- Mais il était alors, lui, totalement tombé dans l'oubli.
- Les gens le confondaient avec Maurice Quentin de Latour, le pasteliste du XVIIIe siècle.
- Et aujourd'hui, c'est une des grandes vedettes.
- Et alors, l'exposition de 1972, ça peut amuser vos auditeurs.
- Pourquoi l'avions-nous faite ? À l'époque, c'était Michel Laclotte qui dirigeait le département des peintures.
- Je l'avais faite avec Jacques Tuilier, qui, à l'époque, n'était pas encore professeur au Collège de France.
- Pourquoi l'avions-nous faite ? Parce que nous avions acheté un tableau de Georges Latour, le Tricheur, un tableau...
Transcription générée par IA