Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
- Les clés d'une vie, celles de mon invité.
- Vous êtes entrée dans la danse avec l'espoir de donner un grand coup de balai à votre passé.
- Ça n'a pas empêché la poussière de jouer un rôle clé dans votre parcours.
- Vous êtes aujourd'hui passée de la barre au code barre.
- Bonjour Marie Dau.
- Bonjour Jacques, je suis impressionnée.
- Quelle belle entrée en matière.
- Alors, on vous connaît peu alors que vous avez un parcours incroyable.
- Vous publiez un roman qui s'appelle Partir chez MEO, un éditeur belge.
- Absolument.
- On va évoquer ce roman.
- Mais surtout, votre parcours, encore une fois, assez méconnu et plein de rebondissements et de succès.
- Et la première date que j'ai trouvée, alors elle ne vous concerne pas directement, mais elle est importante.
- Le 30 mars 1958, la compagnie Alvin L.S. à New York se produit pour la première fois avec ce morceau.
- Blue Suit.
- Blue Suit, j'étais pas née.
- Voilà.
- Mais, mais Blue Suit exactement.
- Il se trouve que ce jour-là, la compagnie se présente dans une association de jeunes juifs et donne son premier spectacle à New York.
- Je ne le savais absolument pas.
- Voilà.
- Et Alvin L.S. est un grand chorégraphe qui a découvert la danse, je crois, lorsqu'il a vu un spectacle des balais russes de Diaghilev.
- Exact.
- Il est devenu chorégraphe.
- Il est mort à 58 ans.
- Il avait créé 79 balais.
- Et puis, cette compagnie...
- Cette compagnie, ça a été le départ de votre vie.
- Ah, mais Alvin, pour moi, déjà, c'était un peu plus qu'un chorégraphe.
- Il se trouvait que je ne connaissais pas mon père noir, que ma mère est blanche, bretonne et russe, et que je suis née sans père.
- Et Alvin, pour moi, a été une forme de père spirituel et idéalisé.
- Et on a eu un peu un coup de foudre mutuel, puisqu'il m'a engagée à 19 ans, sans audition, sans rien.
- Il m'a amenée de France, Paris, jusqu'à New York.
- Et j'ai su bien plus tard qu'Alvin avait eu la même histoire.
- Que moi, lui-même n'avait pas connu son père.
- Alors, il se trouve que la compagnie Alvin Ailey, pour celles et ceux qui ne connaissent pas la danse, ça a révolutionné la chorégraphie.
- C'était plus important que ça.
- C'est pas seulement la chorégraphie.
- La compagnie d'Alvin Ailey, c'était aussi presque un message.
- Comme quoi, les danseurs afro-américains pouvaient être extrêmement performants et brillants.
- Et danser plusieurs styles.
- Donc, il y avait à la fois un message chorégraphique, mais aussi un message politique.
- Oui, ce qui était tout à fait nouveau pour l'époque.
- Absolument.
- En 58 ans.
- On ne parlait même pas encore de ce sujet.
- Non, mais quand c'est né, on ne parlait même pas de ce sujet.
- Et en plus, Alvin est né au Texas, dans une région de l'Amérique extrêmement raciste.
- Je suppose qu'il est passé par des tas de...
- Et c'est très étonnant parce qu'Alvin avait à la fois une vision très éclectique et très universelle de la danse.
- Quand j'étais dans la compagnie de ballet, j'étais la première Française à 19 ans.
- Il n'y en avait jamais eu.
- Il y avait aussi des Japonais, il y avait des Blancs.
- Il n'y avait pas que des Noirs, que des Métis.
- Il avait une vision classique.
- Très humaniste de la danse.
- Et puis, il avait ce mélange, effectivement, de culture afro-américaine et d'américain.
- Absolument.
- Ce qui était tout à fait nouveau, ce qui a été repris partout depuis.
- Et avec une base classique, parce qu'il demandait à ses danseurs de quand même performer de manière...
- Le ballet, les cours de ballet étaient importants.
- Il fallait à la fois avoir le rythme, la fluidité des danseurs afro-américains, mais il fallait aussi une technique classique.
- Oui, il fallait à la fois une technique dynamique et des gens particulièrement...
- Aclétiques.
- Oui, absolument.
- C'était ce qu'il aimait.
- Moi, j'ai eu cette chance magnifique.
- Ma rencontre avec Elvin, elle date de mes 11 ans.
- Comment ça s'est passé ? Elle date de mes 11 ans.
- J'ai une tante.
- Elvin passe au Palais des Sports.
- Je suis une Métis élevée dans une famille de Blancs qui ne...
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