Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
- Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
- Pour votre retour au cinéma après dix ans d'absence, vous avez choisi de mettre les petits plats dans les grands.
- Vous avez placé la cuisine gastronomique au cœur d'une histoire dont le savant mélange des ingrédients vous a permis de confectionner la recette d'un nouveau succès en puissance.
- Bonjour Régis Varnier.
- Bonjour.
- Alors, je vous avais déjà accueilli dans les clés d'une vie, notamment pour un roman.
- À l'époque, vous n'envisagiez peut-être pas de refaire du cinéma et là vous revenez avec un film qui sort demain, La Réparation.
- On va en parler tout à l'heure car c'est un film que vous avez écrit et réalisé.
- Mais selon le principe des clés d'une vie auxquelles nous restons fidèles, on évoque d'abord votre parcours à travers des dates clés.
- Et la première, c'est le 20 décembre 1963, la sortie de ce film qui est important dans votre parcours.
- Ah oui.
- Le mépris.
- La découverte, je crois.
- Au cinéma Bonaparte de ce film de Jean-Luc Godard.
- Oui, oui, oui.
- Alors, j'avais déjà vu des films de Godard, mais celui-là m'a énormément plu.
- C'est intéressant parce que sans parler du film que je viens de faire, il y a des ingrédients dans le mépris dont on se demande comment ça va se marier entre Bardot, Godard, Moravia, Jack Palance, Fritz Lang, Homer, l'Odyssée, les dieux, Delru, tout ça.
- Et ça marche.
- Et Capri, bien sûr.
- Et Cinecitta.
- Enfin, voilà.
- Pour moi, le film est un éblouissement.
- Et je pense que pour ceux qui voudraient savoir ou comprendre qu'est-ce qu'une femme...
- Il a fait un film qui s'appelait Une femme et j'ai une femme.
- Mais qu'est-ce qu'une femme pour Godard ? Je pense que le plus bel exemple, pas de la femme idéale, mais de la vraie femme pour Godard, c'est le personnage de Camille que joue Bardot.
- Elle est à la fois...
- Sentimentale, idéaliste, indépendante, errante, proche.
- Je trouve que c'est un personnage de femme extraordinaire.
- Et je ne suis pas sûr que ces deux-là, Godard et Bardot, ce soit bien entendu.
- Mais peu importe.
- Peut-être que...
- J'ai l'impression qu'il ne l'a pas filmée malgré elle, mais il lui a pris des choses malgré elle.
- Mais elle s'est laissée faire.
- Elle n'en a pas un souvenir éblouissant, d'ailleurs.
- Non.
- Mais je pense qu'il a su, en tout cas, il a su, en tout cas, l'aimer, en tout cas, à sa manière.
- En tout cas, le cinéma a toujours compté dans votre vie.
- Je crois, depuis vos très jeunes années, votre mère vous laissait dans une salle de cinéma.
- Oui, à l'époque, il y avait deux séances.
- Souvent, il y avait deux films dans la séance.
- Oui, parce que je pense que ma mère...
- C'est des choses que j'ai comprises bien plus tard.
- Je pense que ma mère avait besoin de vivre sa vie de femme.
- Vous l'avez racontée au cinéma ? Je l'ai racontée au cinéma, dans un film qui s'appelle Une femme française, oui.
- Mon père était loin, il faisait la guerre.
- Je pense qu'il avait un certain goût pour les choses de l'armée, de la guerre et les choses militaires.
- Mais en gros, s'est-il rendu compte que son devoir faisait qu'il abandonnait sa femme et ses enfants, d'une certaine manière ? Je pense que c'était une femme jeune.
- Et voilà, je pense qu'elle a dû faire des rencontres.
- Mais c'est des choses que je ne comprenais pas bien.
- Parce que quand tout ça m'était caché, et mystérieusement, moi, j'allais voir des films qui n'étaient pas du tout pour moi, et je voyais sur l'écran ce qu'on ne me laissait pas voir dans la vie.
- Je voyais des femmes un peu malheureuses, un peu perdues, qui prenaient un amant, qui mettaient des robes rouges, qui dansaient des mambo en étant un peu ivres.
- Je voyais des grands mélo américains.
- Je pense que ça m'a fixé.
- Ça m'a fixé sur un certain goût du cinéma.
- Oui, et le cinéma, vous l'avez aussi découvert un soir à la télévision, grâce à ce film.
- Le premier film de Jacques Demy.
- Exact, exact.
- C'était Noir et...
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