La dissolution des Soulèvements de la Terre annulée par le Conseil d’Etat
La dissolution des Soulèvements de la Terre annulée par le Conseil d’Etat : "c'est une victoire pour les groupes violents"
Chaque matin, Elisabeth Levy donne son avis sur l'actualité
Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des premières minutes de votre émission :
"Gérald Darmanin sait prendre des risques, mais là il a joué et il a perdu."
Patrick Roger : Il est 8h14 sur Sud Radio. Les vies sont interdites dans un instant, Elisabeth Lévy, et puis ensuite le débat avec Amine el Khatmi, qui est là ce matin. Bien sûr, on va parler de toute l'actualité, et puis tout à l'heure aussi, l'invité politique de Jean-Jacques Bourdin, ce sera Bérangère Couillard, qui est donc ministre en charge de l'égalité et de la diversité, notamment évidemment à propos de la marche qui aura lieu ce week-end. Bonjour Elisabeth Lévy.
Elisabeth Levy : Bonjour Patrick, bonjour à tous.
Patrick Roger : Alors ce matin, vous revenez sur le Conseil d'État, qui a annulé la dissolution du mouvement, les soulèvements de la terre.
Elisabeth Levy : Oui, je vais être d'accord avec notre auditeur, que j'ai entendu, alors voilà, Gérald, c'est vrai, Gérald Darmanin sait prendre des risques, mais là il a joué et il a perdu. Donc ce décret de dissolution qui datait du 21 juin, et qui avait d'ailleurs été déjà suspendu en référé, a été donc annulé hier avec un de ces raisonnements bizarres, dont la haute juridiction a le secret. Alors, je vous lis quand même quelques extraits, "aucune provocation à la violence contre les personnes", donc quand les soulèvements de la Terre diffusent avec gourmandise, la gourmandise, ça c'est moi qui le dis, ensuite je cite, "des images d'affrontement de manifestants avec les forces de l'autre, ce n'est pas une revendication, une valorisation, une justification de tels agissements. C'est certainement pour les dénoncer qu'ils diffusent ces images, on se moque de nous". Traduction, donc, les soulèvements de la terre ne sont absolument pas responsables des violences commises dans leurs manifestations, même s'ils les relaient avec complaisance, les forces de l'ordre, blessées à Saint-Soline et ailleurs, apprécieront certainement. Alors oui, le Conseil reconnaît qu'ils sont bien coupables de provocation à des violences contre les biens, mais on va quand même pas faire une histoire pour ça. Franchement, qu'est-ce que ça peut bien faire, hein, les agriculteurs ? Tant pis pour eux qu'ils se débrouillent, comme donc notre auditeur qu'on a entendu tout ailleurs. Alors, on interdit qu'avec la main qui tremble, on pourrait admettre ce raisonnement libéral s'il n'était pas en prime très sélectif, parce que je ne vois pas en quoi les happenings de générations identitaires menacent l'ordre public, et d'ailleurs, il n'y avait même pas de violents. Alors, il est difficile dans ces conditions de ne pas penser que le Conseil d'État fait des choix idéologiques, d'ailleurs, où il a récemment découvert les dangers de l'islamisme, ça c'était plutôt bien, mais il montre une curieuse indulgence pour ces écolos dingos.
"Ils sont censés, vous savez, être les conseillers du pouvoir, ces sages. Et bien, ils sont surtout les grands artisans de son impuissance."
Patrick Roger : Bon, alors c'est le Conseil d'État qui a tranché. Vous vous estimez que Gérald Darmanin avait raison de vouloir interdire les soulèvements de la terre ?
Elisabeth Levy : Bon, pas vraiment, d'abord parce qu'une cuillère pour papa, une cuillère pour maman, vous savez, j'interdis à gauche, j'interdis à droite, ça fait pas une politique. Ensuite, l'interdiction, même quand elle est validée, elle n'est pas toujours très utile parce que ce sont des groupes très fluides qui n'ont pas d'existence juridique et qui sont souvent simplement des groupes numériques, donc qui n'ont aucun problème pour se reconstituer. Il serait plus efficace de poursuivre chaque délit et de frapper à la fois individuellement les auteurs et les collectifs au portefeuille. Ça, je vous assure que ça les enquiquinerait plus, et surtout cet arrêt est une victoire de taille pour les groupes violents quand ils agissent pour la bonne cause. D'ailleurs, voilà ce qu'on disait hier, enfin aujourd'hui, dans Libération, en rejetant le décret de dissolution, le Conseil d'État acte la légitimité de la désobéissance civile en matière d'environnement. Le pire, c'est que c'est vrai, les soulèvements de la terre triomphe, ils triomphent d'ailleurs curieusement en arabe. Vous savez, bien fait, ont-ils répondu sur les réseaux sociaux à Gérald Darmanin. Cette décision prend acte du rapport de force que nous avons instauré, dit-il, dans un communiqué. Et bien, le pire, c'est qu'ils ont raison, que cette jurisprudence pourra désormais être invoquée par tous les illuminés qui pensent que la fin justifie n'importe quel moyen. Alors si Gérald Darmanin vous montrait ses muses, peut-être qu'il devrait commencer par dissoudre le Conseil d'État. Non, non, non, ne vous énervez pas, Patrick, c'est une blague ! N'empêche, il est tout de même curieux que nos prétendus sages choisissent les fauteurs de trouble et les casseurs de flics contre les défenseurs de l'ordre public. Ils sont censés, vous savez, être les conseillers du pouvoir, ces sages. Et bien, ils sont surtout les grands artisans de son impuissance. (...)