Retranscription des premières minutes :
- Faut-il craindre une invasion de produits chinois, notamment dans le textile, en France, depuis que le marché américain leur a été fermé ? C'est la question qu'on va se poser avec notre invité Thomas Urias. Bonjour. Bonjour.
- Bienvenue sur Sud Radio. C'est pas la première fois que vous intervenez sur Sud Radio. On donne beaucoup la parole aux entrepreneurs du Made in France.
- Vous étiez il y a quelques semaines chez Thomas Binet dans « Oser entreprendre » sur Sud Radio. Vous êtes le cofondateur de la marque de jeans 1083.
- Vous êtes en direct de Romand-sur-Isère dans la Drôme, en direct même de votre atelier. Ouais, c'est ça.
- Exactement. Passionné avec vos jeans, bien entendu. Vous produisez 100% Made in France. On est d'accord ? On tisse, on coupe, on confectionne en France. Vous faites absolument tout en France. Du coup, qui sont vos principaux concurrents ? Oui.
- Alors, il y a deux types de concurrents. Il y a ceux qui proposent comme nous des jeans à 100, 150 euros, qui sont fabriqués au bout du monde et qui inondent le marché français.
- Ceux-là sont nos concurrents directs, on peut dire. Donc c'est toutes les grandes marques que vous connaissez. Et ensuite, il y a toutes ces marques qui ont donné le goût aux Français d'acheter beaucoup de petits prix.
- À la fin, ça revient au même prix pour les consommateurs, parce qu'il suffit de voir le chiffre d'affaires, les milliards d'euros que font les enseignes de fast fashion pour réaliser qu'en fait, la surconsommation de bas prix ne nous fait pas faire d'économie.
- Hum.
- Mais ces marques-là, si du coup, il n'y a plus d'exitoire américain pour les marques qui fabriquent en Chine, eh bien, elles vont déverser encore plus, très certainement, et baisser les prix encore pour le marché européen.
- Et ça, du coup, si ça ne fait qu'augmenter la surconsommation de jeans importés du bout du monde, eh bien, ce ne sera pas bon, finalement, pour nos marques à nous, puisque du coup, les Français vont continuer de s'habituer à acheter beaucoup de pas chers, ce qui revient très vite.
- C'est ça. En fait, on s'abonne à des jeans, en quelque sorte, aujourd'hui, puisqu'on a tendance à acheter du très peu cher, qui va s'user beaucoup plus vite, ce qui fait qu'on en rachète, et ainsi de suite.
- Est-ce que vous craignez la situation ? Aujourd'hui, les Chinois, quasiment, ont vu les droits de douane dépasser les 100% du côté des Américains des États-Unis, où c'était l'un de leurs plus gros marchés.
- Ils vont être obligés de trouver d'autres débouchés. Et il se trouve que l'Union européenne importe plusieurs dizaines de milliards d'euros de textiles chinois chaque année.
- Oui, ils ont déjà des facilités, d'ailleurs.
- La Chine envoie des colis inférieurs, je crois, à 100 euros ou 150 euros. Ils payent pas de TVA. Donc quelque part, c'est une réduction de 20% sur le prix de vente qu'on leur offre quand c'est des petits colis.
- Ça fait des dizaines d'avions aussi chaque jour. Donc c'est pas terrible pour la planète. Et il y a des solutions face à ça. Au Sénat et au Parlement, on est en train de légiférer sur la fameuse loi fast fashion qui a été votée à l'unanimité de l'Assemblée nationale il y a un an. Eh bien ça, ce sont des réponses. L'idée, c'est pas de fermer les robinets en augmentant les droits de douane partout, l'idée, par contre, c'est d'obliger à un respect des normes sociales, un respect des normes environnementales pour que la concurrence soit libre et non faussée.
- C'est aussi une manière de fermer le robinet, parce que pour le coup, les normes sociales sont pas les mêmes en Chine. Les normes environnementales sont pas les mêmes non plus en Chine, malgré tout.
- Absolument. Mais ça tire le marché vers les hauts. Ça tire le pratique vers les hauts. Alors que quand on légifère et quand on bloque que par le prix, eh bien là, ça les tire vers le bas.
- Et on le voit. Si les Américains ferment leurs robinets, alors...
- Cette marchandise va arriver en masse chez nous.
- Encore moins chère, d'ailleurs, puisqu'elle aura...
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