Retranscription des premières minutes du podcast :
- Sud Radio Média, l'invité du jour. L'invité du jour, c'est Marie Cabrette. Bonjour.
- Bonjour. Vous êtes... Je souffle, parce que c'est une émission très pénible à faire pour moi aujourd'hui.
- Douloureuse, plus que pénible, d'ailleurs. Douloureuse qui, je vous le disais juste avant l'émission, ravive des souvenirs très forts.
- Plus que les autres années, d'ailleurs. L'anniversaire... Doit-on parler d'anniversaire ? La commémoration. La commémoration de l'assassinat des membres de la rédaction de Charlie Hebdo.
- Vous êtes présidente du mouvement du printemps républicain. Vous êtes en charge de la mémoire de Charles.
- Vous transmettez sa mémoire. Vous nous racontez d'ailleurs la difficulté que vous avez parfois à faire jouer sa pièce dans de nombreux endroits.
- Vous avez été responsable des ressources humaines de Charlie Hebdo. Vous connaissiez évidemment très bien cette équipe.
- Aujourd'hui, pratiquement à la même heure... J'en ai des frissons. À la même heure, on commençait à voir apparaître sur les bandeaux des chaînes de télévision fusillades à Charlie Hebdo, dix blessés, des morts. On ne savait pas. La situation était très confuse.
- Vous étiez où, vous, à ce moment-là, quand vous l'avez appris ? Je sortais d'un rendez-vous bancaire. Donc j'avais éteint mon téléphone portable. J'ai allumé mon téléphone portable.
- J'ai vu un nombre de messages anormalement élevé. J'en ai écouté deux.
- J'ai compris tout de suite qu'il se passait quelque chose. J'ai appelé de manière frénétique, j'allais dire presque hystérique, Charm, désespérément.
- Et je n'arrivais pas à le joindre. Et je m'accrochais au fait qu'il soit vivant. Et puis ensuite, je m'accrochais au fait qu'il était peut-être blessé.
- Et puis j'ai fini par apprendre qu'il était mort, qu'il avait été nommément assassiné.
- Et là, j'ai hurlé comme...
- Comme jamais de ma vie. J'ai étouffé beaucoup. Et il fallait que je hurle parce que je n'imaginais pas, comme personne d'ailleurs, des rafales de Kalachnikov dans une salle de rédaction en plein Paris.
- Mais je savais que Charm était menacée depuis des années. Pour rappel, l'affiche d'Al-Qaïda, où il y avait sa photo aux côtés de celle de Salman Rushdie, recherche pour crime contre l'islam.
- Alors on peut rappeler...
- C'était bien une fatwa.
- Et oui, ça s'appelle une fatwa.
- On peut rappeler que vous avez été la compagne de Charm pour nos auditeurs. Et surtout, moi, ce qui m'intéresse là-dedans, c'est... Personne n'a vu les choses venir. Il n'y a pas eu de signe avant-coureur ? Il y a eu des signes avant-coureurs depuis des années, en réalité. Le journal était menacé depuis des années. Et il y a eu des signes avant-coureurs qui n'ont pas été entendus.
- Sur la laïcité, sur la liberté d'expression, sur des sujets qui étaient, j'ai envie de dire, un peu comme l'air qu'on respire, une évidence, et qui ne le devenaient plus.
- Et puis il y a eu la grande solitude du journal. Ne l'oublions pas.
- Charm se battait pour le faire survivre. Il venait de trouver justement des fonds pour que le journal puisse continuer. C'était très difficile. Puis on...
Transcription générée par IA