Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio Média, l'invité du jour. L'invité du jour, c'est Gabriel Lebaumin. Bonjour. Vous êtes réalisateur. Et ça fait, oui, une semaine que je parle de vous pratiquement tous les jours, que ce soit dans l'émission Média ou dans l'émission de débat, parce que vous avez réalisé des documents absolument fascinants, intéressants autour de ces crimes contre l'humanité. C'est la collection « Crimes contre l'humanité ».
- François revient sur le procès Papon demain soir. La semaine dernière, on a pu voir le procès Barbie. Je conseille vraiment à tout le monde de regarder vos documents, parce que ce sont des moments qui nous permettent de comprendre l'histoire. Peut-être qu'on peut parler déjà de ce qu'on a vu la semaine dernière, de la manière dont vous avez travaillé, parce que ces procès, en fait, procès Touvier, procès Papon, procès Barbie, ont été filmés à la demande à l'époque de Robert Badinter. Ce sont des heures de procès.
- Des heures de programme, des heures de rush. Combien, à peu près, à chaque fois ? Alors, ce sont effectivement des centaines d'heures qui nous arrivent aujourd'hui. Elles nous arrivent pourquoi ? Parce qu'effectivement, Robert Badinter, ministre de la Justice en 1985, alors que Barbie vient d'arriver en France, comprend la portée historique de ces procès et autorise l'introduction dans le prétoire de caméras et de micros, ce qui est interdit. La seule image que l'on a des audiences, en général, c'est le dessin de presse.
- Et donc, les procès sont considérés suffisamment puissants et historiques pour être filmés, mais pas diffusés.
- Il y a une interdiction de diffuser les images pendant un certain nombre d'années.
- 50 ans.
- Voilà, je n'ai pas le chiffre exact. Il y a eu quelques autorisations, quand même, qui ont été données de temps en temps.
- Mais nous arrivons aujourd'hui à ce que le ministère de la Justice nous autorise de plonger dans ces centaines d'heures des trois procès et de récolter, finalement, l'ensemble de ces images pour les re-raconter.
- Donc, c'est 140 heures d'audience pour le procès Barbie.
- C'est 360 heures pour le procès Papon et 110 heures pour le procès Touvier.
- Donc, une forêt, une jungle d'images, de paroles, de témoignages et d'émotions.
- Dans le documentaire sur Klaus Barbie, évidemment, ce qui est fort pour les gens qui ne l'ont pas vu, il faut absolument aller sur le replay, c'est le témoignage des personnes qui ont subi les violences de Klaus Barbie et même la torture de Klaus Barbie.
- Et évidemment, ce qu'ils ont vu.
- Comment ça se passe pour avoir le droit à l'image ? Est-ce que vous vous êtes dit que ces personnes sont peut-être mortes ? Peut-être que les petits-enfants n'ont pas vu ces images-là.
- Est-ce que vous vous êtes posé une question de conscience de diffuser ces images ? Oui, cette conscience, on l'a tout le temps parce qu'effectivement, l'ensemble des témoins viennent livrer dans l'espace public du tribunal un récit intime, un récit de calvaire, qui parfois n'a jamais d'ailleurs été raconté dans la famille ou dans l'espace privé.
- Et donc...
- La parole devient publique.
- C'est pour ça que c'est très fort, en fait.
- Et on est dans cet espace de neutralité qu'est le tribunal.
- On n'est pas du tout dans la vengeance, on n'est pas du tout dans la revendication.
- Les gens viennent dire ce qu'ils ont subi et ce qu'ils ont vécu.
- Évidemment, tout ça a été encadré juridiquement.
- On a travaillé avec le ministère de la Justice, le tribunal de grande instance de Paris, qui a autorisé l'utilisation et la diffusion de ces images.
- Donc, il n'y a pas un droit à l'image comme on l'entend aujourd'hui.
- Mais effectivement, ça a été quand même bien encadré par l'institution de justice.
- Puisque je me suis dit que la traductrice de Klaus Barbie n'avait peut-être pas envie de se voir à l'image, de traduire les propos de Klaus Barbie et qu'elle a peut-être une autre vie maintenant.
- Alors certainement, mais bon, je pense que tout le monde à l'époque était conscient qu'il était filmé.
- D'ailleurs, il y a eu des résistances à la captation des procès.
- Robert Banninter, dont nous avons fait l'interview pour ce film-là, nous dit que...
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