Avec Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l'Industrie
Patrick Roger: Bonjour, Roland Lescure, Bonjour. La semaine décisive sans doute pour les retraites, les deux camps face à face. Nous allons également voir avec vous si la France est vraiment en train de se réindustrialisation, se réindustrialiser. La réindustrialisation est elle en cours ou pas? Commençons donc par la dernière ligne droite sur les retraites. Tout le monde est sur le pont au gouvernement. J'ai cru comprendre pour pour faire adopter cette semaine à l'Assemblée 149 trois. Alors c'est le mot d'ordre.
Roland Lescure: Ben, c'est ce qu'on souhaite, évidemment. Il y a une première étape importante qu'est le vote au Sénat. On a ensuite ce qu'on appelle la commission mixte paritaire, où sept députés, sénateurs, plus des suppléants vont se mettre d'accord sur un texte. On espère que ça va être le cas, on le pense. Et ensuite, une fois que la CMP, comme on dit, a adopté un texte, ce texte revient dans les mêmes termes à l'Assemblée, au Sénat. Ça, ce sera sans doute jeudi. Et moi je m'attends effectivement que le Sénat, jeudi matin et l'Assemblée, jeudi après 12 h, votent ce texte et qu'on en ait fini avec la réforme des retraites qu'il faudra ensuite mettre en œuvre.
Patrick Roger: Et là, vous lancez l'appel de nouveau aux Républicains. Quoi? Aux LR? Sans Les Républicains, ça ne passe pas.
Roland Lescure: Sans les Républicains, ça ne passe pas. Et avec un certain nombre de républicains qui, je pense, adhèrent à cette réforme et adhèrent aux amendements qui ont été adoptés et à ceux qui vont être mis en œuvre dans le cadre de la CMP. Je pense que ça va passer. En tout cas, on va tout faire pour.
Patrick Roger: Oui, c'est ça, parce que passer avec le 49.3, ce serait un passage en force, c'est ça et donc mal perçu par les français qui sont contre majoritairement.
Roland Lescure: Bon, le 49.3, il fait partie de la constitution cet article 49 tiret trois. Cela dit, cette réforme, nous nous souhaitons l'adopter sans 49.3 avec une majorité absolue à l'Assemblée, au Sénat et on va tout faire pour. Il nous reste trois jours pour négocier, faire avancer le texte encore par rapport aux avancées déjà engrangées au Sénat. Et moi je suis confiant là dessus. Je pense qu'on va y arriver, mais ça va demander un peu de travail. On en a pour trois quatre jours.
Patrick Roger: Oui, et quel appel vous lancez aux syndicats qui continuent de se mobiliser?
Roland Lescure: Mais la mobilisation est respectable. Ils sont opposés au projet de loi, donc ils s'y opposent et ils s'y opposent avec leurs moyens qui sont des manifestations. Après, moi, je pense que les blocages qu'on voit aujourd'hui où les poubelles qu'on voit en arrivant dans votre studio un peu partout dans Paris, ça, ça va trop loin. Voilà, maintenant je pense qu'on va arriver avec un processus démocratique qui, j'espère, va atteindre son but d'ici jeudi et que tous les démocrates, évidemment, syndicalistes, politiques et autres, reconnaîtront que la démocratie a parlé.
Patrick Roger: Vous êtes dans l'industrie, est-ce que vous voyez des salariés travailler jusqu'à 64 ans?
Roland Lescure: Alors d'abord, l'industrie est concernée par la réforme des retraites, et notamment pour tout ce qu'on fait sur la pénibilité. Vous savez que souvent, dans l'industrie, on fait les 3 à 8, souvent dans l'industrie, le travail, le week-end. Et moi, quand je vais dans les usines, j'y vais 2 à 3 fois par semaine. Je passe ma vie dans les territoires à rencontrer des salariés de l'industrie. Ils reconnaissent effectivement que la pénibilité va être davantage prise en compte dans cette réforme et que donc, très probablement très peu d'entre eux iront jusqu'à 64 ans. Il y aura des requalifications. Les gens qui sont aujourd'hui dans les ateliers qui iront vers d'autres métiers. On a par ailleurs une industrie qui est en train d'évoluer en profondeur. Donc je ne vais pas vous dire que l'industrie, c'est pas pénible, mais il y a toutes sortes de métiers aujourd'hui dans l'industrie qui ne sont pas pénibles et qui permettent effectivement d'envisager de travailler jusqu'à 64 ans pour certains d'entre eux. Donc, ce que cette réforme montre d'abord un, c'est que notre système est extrêmement compliqué, Donc j'ai du mal à comprendre déjà le système des retraites actuelles et que deux c'est pas un système qui est à taille unique. Il y a un certain nombre de paramètres qui concernent tout le monde, mais ensuite l'adaptation de ces paramètres à vous, à moi et à chacun, elle est différente en fonction des parcours de vie. La vie, la vie, c'est ça le travail.
Patrick Roger: C'est la raison pour laquelle on se demande si finalement les choses n'ont pas été faites à l'envers. Est ce qu'il n'aurait pas fallu voir avant le travail, la pénibilité, les seniors [...]