Avec Sandrine Rousseau, députée EELV de Paris
Patrick Roger: Bonjour Sandrine Rousseau, le jour-J sur la réforme des retraites à l'Assemblée est 49.3 ou pas, que peut il encore se passer? Est ce qu'il y aura encore une contestation? Ensuite, radicalisation ou non? L'affaire des éboueurs aussi, avec les réquisitions pour ramasser les poubelles, la France et son énergie, les débats sur le nucléaire, Hollande et Sarkozy qui vont être auditionnés, en fait, aujourd'hui. On va évoquer toutes ces questions avec vous Sandrine Rousseau. Avant d'en venir à cet après midi et le vote attendu, hier, vous étiez membre suppléante de la commission mixte paritaire, c'est ça? Donc, vous avez pu assister au débat. Vous avez même tweeté, je crois, un petit peu, beaucoup, passionnément. Comment se sont déroulés ces débats, alors?
Sandrine Rousseau: Mais c'était surréaliste, c'était vraiment lunaire. C'est à dire que c'était une salle dans laquelle nous étions enfermés, dont nous ne pouvions quasiment pas sortir. Nous avons eu, je crois, un quart d'heure de pause pour manger, mais c'était le tout. Et en fait, on est resté 8 h 30 dans cette salle et on avait l'impression que rien de ce qui se passait dans le pays ne perturbait les débats de cette salle. C'est à dire que des députés LREM et les députés Renaissance et les députés LR étaient main dans la main dans une espèce de lune de miel qui était presque touchante et émouvante hein, je vais vous dire à constater, mais alors qui était complètement déconnecté de la colère qui s'exprime dans la rue et de la volonté farouche qui ne diminue pas des gens des Français et françaises qui ne veulent pas travailler deux ans de plus. Et ça, tous les sondages montrent à quel point la mobilisation contre cette réforme ne diminue pas. Les gens ne veulent pas, ils ne veulent pas et rien ne les perturbe là dedans. Ils ne veulent pas travailler deux ans de plus. Mais ce cri de la rue n'est pas du tout rentré dans la salle, sauf par nos voix à nous évidemment, qui nous sommes exprimés fortement. Mais c'était impressionnant de déconnexion et de huis clos en réalité.
Patrick Roger: Et vous dites que les LR, évidemment, et la majorité s'entendent parfaitement. Lune de miel, vous avez dit.
Sandrine Rousseau: Ah mais hier c'était une lune de miel, je vous le dis. C'était même émouvant par certains aspects.
Patrick Roger: Oui, émouvant et [...]
Sandrine Rousseau: C'était ironique
Patrick Roger: Hein? Ah oui, oui, c'est évidemment. Dans ce texte, rien ne vous séduit, vous, là, par exemple, là, la surcote pour les mères de famille, 5 % en plus.
Sandrine Rousseau: La surcote, c'est les piécettes qu'on donne aux mères de famille qui ne pourront pas bénéficier des trimestres supplémentaires pour avoir eu des enfants. Je rappelle que les femmes ont quand elles sont mères, elles ont des trimestres qu'elles cotisent et là on leur interdit d'en bénéficier puisqu'on leur interdit de partir avant 64 ans. Donc on leur donne des piécettes, on leur donne 5 % de plus. Mais la réalité c'est qu'aujourd'hui les mères de famille partent en moyenne à 62 ans et qu'elles devront faire deux ans de plus. Donc la réalité est qu'on essaie d'acheter les mères comme ça par quelque part, vraiment, voilà une espèce d'aumône. Mais, mais ça n'est pas le cœur du sujet et toute la réforme est là dessus. Par exemple, je vais vous donner un autre exemple, c'est que a été retiré de la réforme des retraites hier en CMP, tous les ouvriers, tous les employés et toutes les femmes notamment, qui travaillent dans le soin, qui sont exposés aux produits chimiques, c'est à dire que l'exposition aux produits chimiques n'est plus considérée comme une pénibilité ni comme un facteur d'usure.
Patrick Roger: ça reviendra peut-être dans la loi travail puisqu'il y aura des discussions par la suite non ?
Sandrine Rousseau: Pourquoi pas la mettre dans la loi retraite comme un facteur de pénibilité. Être exposé aux produits chimiques, c'est un facteur de pénibilité, c'est un risque pour la santé, c'est un risque de cancer. Pourquoi ne pas le mettre? En fait, on est vraiment dans des économies de bouts de chandelle et dans quelque chose de comptable là où il s'agit de la vie des gens.
Patrick Roger: Oui, alors comptable, Emmanuel Macron est comptable en ce moment, il est en train de compter.
Sandrine Rousseau: Il compte beaucoup ses voix oui.
Patrick Roger: Il compte ses voix. Qu'est ce que vous pressentez vous cet après midi ? Parce que jusqu'à 14 h et 59 minutes, il peut déclencher le 49.3 avec Elisabeth Borne?
Sandrine Rousseau: Et bien je pense qu'il compte, qu'il compte, qu'il compte et qu'il n'a pas tout à fait le nombre de députés qu'il faudrait pour atteindre la majorité, faute de quoi il arrêterait de compter et que faute de quoi aussi il ne menacerait pas de dissolution. Parce que là, j'ai vu que la menace de dissolution revenait. Et alors on déjà, je dois dire que c'est insupportable, c'est à dire que c'est vraiment le truc vous allez être puni si vous votez pas bien, mais enfin on est en démocratie. Pardon, mais on a quand même le droit de voter contre une réforme si on la juge injuste et dangereuse pour les gens. Et on n'a pas à avoir cette espèce de menace. Mais quand bien même il y aurait dissolution, allons y, allons y, refaisons campagne, il n'y a pas de problème, et c'est pas comme ça.
Patrick Roger: Il menace surtout les LR quoi.
Sandrine Rousseau: Mais ce n'est pas comme ça que vous nous intimiderait franchement. Et là si les LR se font intimider par ça, c'est qu'ils se font acheter c'est tout. Donc maintenant il faut que les LR reprennent leur dignité j'ai envie de dire parce qu'hier dans la CMP franchement ils l'ont perdu. Donc qu'ils reprennent leur dignité et qu'ils retrouvent le chemin de l'autonomie de renaissance et qu'ils regardent leurs électeurs et électrices et qu'ils osent leur dire que oui, ils se sont opposés à cette réforme.
Patrick Roger: Bon, vous, une dissolution, ça ne vous fait pas peur?
Sandrine Rousseau: Ah non non non, non, non, pas du tout!
Patrick Roger: Vous le réclamez même peut être.
Sandrine Rousseau: Je ne sais pas si je la réclame ou pas, mais en tout cas [...]