Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, on décrypte le monde. On décrypte le monde et on parle du sort de notre compatriote Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, toujours incarcéré en Algérie, visé pour une prétendue atteinte à la sûreté de l'État. Jean-Noël Barraud, le ministre des Affaires étrangères français, sera à Alger demain pour, je cite, « renouer le dialogue ». On espère aussi pour obtenir, pourquoi pas, la grâce de Boualem Sansal.
- On en parle avec notre invité Kamel Benchek. Bonjour. Bonjour, Jean-Marie. Soyez le bienvenu sur Sud Radio. Merci pour votre invitation.
- Vous êtes, vous aussi, écrivain franco-algérien. Vous êtes membre fondateur du comité de soutien international Boualem Sansal.
- D'abord, est-ce que vous arrivez à avoir des nouvelles de Boualem Sansal ? Non. Non, on n'arrive pas à avoir des nouvelles de Boualem Sansal.
- C'est totalement opaque. Nous savons juste qu'il y a eu... Le parquet, par l'intermédiaire du procureur, a fait appel de la condamnation à 50 prisons. Et c'est tout.
- C'est tout. C'est tout ce que vous savez. Le parquet a fait appel. Ça signifie que Boualem Sansal, condamné à 50 prisons du haut de ses plus de 80 ans et malgré son cancer, pour une prétendue atteinte à la sûreté de l'État, cette peine-là, en première instance, ne suffit pas au parquet algérien ? Pour le parquet, non, ça ne suffit pas.
- Et apparemment, il y a un problème entre les différents clans algériens, au pouvoir algérien, pour que Boualem ne sorte pas.
- Et tout indiqué, il y a quelques jours, qu'une grâce allait advenir. Et certains clans essayent de bloquer cette grâce.
- En tout cas, c'est une grâce qu'on peut espérer du président Tebboune. Il se trouve qu'Emmanuel Macron, le président de la République, s'est entretenu avec le président algérien il y a quelques jours, lui aussi, pour renouer le contact.
- Lui aussi, pour apaiser les tensions qui sont particulièrement violentes entre les deux pays depuis plusieurs mois. Et pour, je cite, demander au président Tebboune un geste d'humanité.
- En d'autres termes, lui demander de bien vouloir gracier Boualem Sansal. Est-ce que vous y croyez, à ce dénouement-là ? J'y croyais jusqu'à cet appel du procureur. Mais j'y crois toujours, d'une certaine façon. J'aimerais que ce soit non seulement que ça arrive très vite, mais que Jean-Noël Barraud ramène dans son avion Boualem.
- Ça, on l'espère de tout cœur. C'est une vraie possibilité. Oui, c'est une possibilité. Mais on testera ce que le président algérien peut faire face aux clans qui se disputent la dépouille, si je puis dire, de Boualem Sansal.
- Alors il faut dire aussi qu'au sein de votre comité de soutien à Boualem Sansal, un certain nombre de membres placés ont beaucoup critiqué la position de l'Élysée longtemps et celle du Quai d'Orsay, jugée beaucoup trop conciliant avec le régime algérien.
- Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui, lui, voulait engager un bras de fer et même une riposte graduée. Si Jean-Noël Barraud, demain, revenait en avion avec Boualem Sansal, ça voudrait quand même dire que le Quai d'Orsay et l'Élysée ont eu raison de renouer le contact avec la présidence algérienne.
- Qu'ils aient eu raison, c'est vrai. Mais si Boualem Sansal revenait dans l'avion de Jean-Noël Barraud demain, ça ne veut pas dire que l'Élysée et le ministère des Affaires étrangères aient eu raison de se comporter de cette façon-là.
- Tout ce qui s'est fait jusqu'à aujourd'hui, c'est le comité de soutien international, la Boualem Sansal, qui a été jusqu'au bout et qui ne l'a pas lâché. Et c'est nous qui avons forcé l'Élysée et Jean-Noël Barraud à parler de Boualem Sansal.
- Ils ne voulaient pas en parler au début ? Mais moins que ça. On a entendu... Ça n'est jamais venu directement, mais on nous a susurré qu'il fallait être un peu plus conciliant et qu'il ne faut pas taper aussi fort.
- Qui vous a susurré que vous tapiez trop fort sur le régime algérien ? On nous a dit par l'intermédiaire...
- Par l'intermédiaire de certaines... Par des éditeurs, par le ministère des Affaires étrangères. On nous a demandé d'y aller un peu plus mollo.
- Un peu plus mollo pour sauver Boualem Sansal, par exemple. Voilà. Exactement.
- Parce qu'il pouvait partir d'une...
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