Retranscription des premières minutes :
- « Sud Radio, comment va la planète ? » « Bonjour Mordaï Tabouch. » « Bonjour Jean-Marie. » « Réalisateur de la série « Saletant pour la planète ».
- Chaque semaine, vous nous emmenez à la rencontre de personnalités étonnantes comme celle-ci que vous nous présentez qui a documenté toute sa vie et toute sa carrière, la manière dont la planète allait. » « Exactement Jean-Marie.
- Ce matin, je vous emmène dans un lieu que peu de gens connaissent.
- Cela s'appelle une ligne de front.
- Pas à Gaza où les journalistes, vous le savez, ne sont toujours pas autorisés à entrer.
- Non, je vous emmène dans les pas d'un homme qui a couvert la plupart des conflits de ces 50 dernières années.
- Spectateur impuissant de la marche du monde.
- L'homme dont je vous parle a toujours été en première ligne.
- Mais son arme à lui, c'est un petit boîtier qui fait juste ça.
- Sébastien Ossalgado.
- Je l'ai rencontré en Somalie, puis au Rwanda.
- Photographe brésilien.
- L'homme est d'une grande discrétion.
- Ses photos font le tour du monde.
- Elle raconte la guerre.
- Le génocide, la mort, l'exode, l'exploitation de l'homme par l'homme.
- Elle témoigne surtout de la folie des hommes.
- Toute sa vie, il a été au plus près.
- Car il n'y a pas d'autre moyen pour saisir l'horreur.
- L'enfer sous les bombes.
- Il en parle avec beaucoup d'émotion.
- Au bord des larmes.
- Les photographes, si ils n'ont pas l'image, il faut qu'ils l'aillent.
- On s'expose beaucoup.
- Je parlais avec mon compagnon photographe il y a quelques minutes.
- Il y a des jours les plus élevés.
- Et puis, c'était le jour que j'ai complété quatre référenceurs.
- Simplement parce que j'étais là.
- Je n'étais pas mort.
- Combien de copains.
- Quand j'étais un gamin, pendant quatre ans un gamin.
- On était douze photographes.
- Quatre photographes.
- Et je suis là.
- Donc pour moi, a été vivant.
- Quatre référenceurs privilégiés morts.
- Il y a les copains qui partent.
- Le silence.
- Et la vie qui reprend.
- Les gens qui sont en cours.
- Mais il y a aussi des blessures invisibles.
- Celles dont on ne parle qu'entre nous.
- On se pose des questions éthiques.
- On se pose des questions de légitimité.
- On se pose des questions de sécurité.
- Et c'est à nous-mêmes de trouver la solution.
- Et trouver tout seul.
- Combien de fois dans ma vie, j'ai mis mes appareils de côté.
- Et assis pour plaire.
- Parce que c'était tellement dramatique.
- Et j'étais seul.
- Ça, c'est le pouvoir photographe.
- Et puis, il y a cette guerre de trop.
- Celle qui voit les hommes devenir des monstres.
- Folie collective.
- Avis de sang et de vengeance.
- Ils tuent à la machette.
- Pour Sébastiao, la goutte de sang de trop, c'était au Rwanda.
- J'y étais aussi.
- On n'en sort pas indemne.
- Vous savez, ce n'est pas facile d'arriver sur un plan de réfugiés.
- Ils voient mourir par jour 15 000, 20 000 personnes au point qu'on ne peut plus les enterrer un par un.
- Il faut trouver un bulldozer.
- Un trou énorme par terre.
- Venir avec la grosse pelle.
- Et enlever 20, 30 cadavres.
- Et les mettre là-dedans.
- Mais ça laisse derrière un bras.
- Ça laisse derrière une tête.
- C'était une chose tellement brutale.
- Que je suis devenu malade.
- Malade.
- Et toute la violence qui se passait en même temps sur l'ex-Yougoslavie.
- Ce n'est pas que je faisais un reportage sur la guerre au Rwanda.
- Ni sur la guerre en ex-Yougoslavie.
- Je faisais une histoire.
- Sur le mouvement de population du monde.
- Mais en faisant ça, j'étais plongé dans le génocide au Rwanda.
- Et là, je suis devenu malade.
- Vraiment devenu malade.
- On le croyait indestructible.
- Il est malade, il le dit sans détour.
- Sans aucune pudeur.
- Le reportage se pêche.
- Avec le Rwanda, c'est la fin d'un chapitre.
- Le début d'un autre pour lui.
- Celui où le photoreporteur craque.
- De guerre lasse.
- Il décide de changer de vie.
- Fini la guerre.
- Place à un autre combat.
- Ils rentrent ensemble au Brésil.
- Où l'ancien président Bolsonaro fait abattre la forêt amazonienne.
- Il démarre alors une entreprise folle.
- Planter des arbres.
- Mais par quelques dizaines de milliers d'arbres.
- Beaucoup plus.
- Il fallait qu'on plante au moins 2,5 millions d'arbres.
-...
Transcription générée par IA