Retranscription des premières minutes du podcast :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Comprendre, comprendre, savoir, apprendre, c'est notre objectif tous les matins, vous le savez, et avec lucidité bien sûr.
- Et ce matin, je voudrais revenir sur la prise de pouvoir en Syrie d'Abu Mohamed Al-Joulani, le chef islamiste de HTS.
- Et pour en savoir plus, je suis avec Myriam Benrad, qui est spécialiste du Moyen-Orient, auteur de Mécanique des conflits aux éditions Le Cavalier Bleu.
- Myriam Benrad, bonjour.
- Bonjour.
- Merci d'être avec nous ce matin. Il n'y a pas de djihadistes modérés.
- Comme les talibans qui avaient promis qu'ils avaient changé, est-ce qu'on peut, avec Joulani, avoir les mêmes inquiétudes ? Oui, je pense qu'on peut avoir l'inquiétude que derrière les belles promesses qui ont été faites, en effet, de modération de son discours, de son engagement idéologique, de respect de la diversité syrienne, notamment des minorités, des femmes, qu'on se dirige en réalité, puisque ces hommes sont au pouvoir désormais, vers un régime beaucoup plus dur, sans compter tout de même qu'il y a eu une déformation informationnelle très importante autour de ce qui s'est passé, qu'on a quand même largement gommé dans une partie des médias occidentaux, la réalité sur le terrain, qui est beaucoup plus violente et inquiétante qu'il n'y paraît, encore une fois, parce que je pense qu'il y a eu...
- Ça m'intéresse, Myriam Benrad, ce que vous dites.
- Quelle est la réalité sur le terrain qu'on a occultée ici en Occident ? Parce qu'en Occident, évidemment, on se dit « Ah ben voilà, c'est la libération, le tyran Assad, à juste raison, est parti chasser du pouvoir, heureusement. » Tout le monde se réjouit, évidemment, évidemment.
- Mais attention, attention, quelle est la réalité sur le terrain, Myriam Benrad, d'après tout ce que vous entendez, tous les témoignages que vous recueillez ? Alors moi, je pense qu'il faut d'abord distinguer...
- Les scènes de liesse qu'on a vues en Syrie et les scènes de liesse qu'on voit à l'extérieur.
- Il est évident que du côté des réfugiés syriens, qui ne sont plus en Syrie depuis un certain temps, on va se réjouir parce qu'on n'a pas forcément suivi ce qui s'est passé.
- Les scènes de liesse qu'on a vues, par contre, en Syrie, dans un certain nombre de villes, sont les scènes de liesse des partisans des djihadistes, et non pas de toute la population.
- Et en effet, il y a eu cette opération CNN de respectabilité, où on a présenté, les Américains ont présenté Joulani comme étant finalement un simple militant.
- En réalité, on a déjà des centaines de milliers de Syriens qui sont déplacés, les minorités qui sont terrifiées de voir s'abattre sur elles un véritable diktat djihadiste.
- Les femmes sont très inquiètes.
- On a des scènes de pillage, de vandalisme, une espèce d'insécurité qui a repris finalement le dessus.
- Donc ce n'est pas d'ailleurs, ça n'équivaut pas encore une fois à dire qu'il ne fallait pas, entre guillemets, libérer la Syrie, mais qui sont les...
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