Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Damien Bancal, bonjour. Bonjour.
- Merci d'être avec nous, spécialiste des questions de cyberintelligence et fondateur du site Zataz.com.
- Damien Bancal, hier matin, je recevais le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et il me disait que si la loi avait été votée, eh bien cela aurait permis d'éviter des attentats.
- Quelle loi ? Le gouvernement veut introduire une disposition contestée dans la loi contre le narcotrafic permettant aux autorités d'accéder aux conversations des messageries cryptées.
- Messageries cryptées, il y en a, WhatsApp, Signal, Telegram et même d'autres.
- Damien Bancal.
- Oui, complètement. Il faut savoir qu'aujourd'hui, tous ces outils qui nous permettent de communiquer permettent de chiffrer la communication entre vous et moi.
- La mission est clairement de rendre ça beaucoup plus confidentiel et inviter les pirates à aller voir ailleurs, ne pas pouvoir les intercepter.
- C'est une vraie problématique, par contre, pour nos autorités, c'est sûr.
- Oui. Alors, il y a combien de messages récryptés aujourd'hui, Damien Bancal ? Elles le sont quasiment toutes.
- Pourquoi ? Parce que ça a été aussi un argumentaire marketing.
- Faire comprendre aux utilisateurs, voilà.
- Aujourd'hui, on vous propose de communiquer.
- Vous êtes tranquille, vous pouvez dire ce que vous voulez, vous êtes tranquille.
- C'est ça, quoi.
- C'est carrément ça, oui.
- Ça veut dire qu'il y a impossibilité pour une personne non autorisée à lire les communications, à voir ce que vous envoyez comme photo, ou tout simplement à regarder les vidéos.
- Communiquer.
- Oui. Bien.
- Alors, le gouvernement veut des exceptions.
- Veut donc introduire une disposition permettant aux autorités d'accéder aux conversations des messageries cryptées des narcotrafiquants, par exemple, ou des futurs terroristes, ou de ceux qui envisageraient une action terroriste.
- C'est ce que nous disait hier matin le ministre de l'Intérieur.
- C'est un argument recevable, mais c'est un argument qui n'est pas reçu par tous ceux qui tiennent à… à la confidentialité.
- On a clairement ici affaire, véritablement, à une histoire de morale.
- Est-ce qu'on appelle ça l'utilitariste ou le cancien ? Je m'explique.
- L'utilitariste, lui, considère qu'une action en justice et une action de la justice, eh bien, aura pour mission de pouvoir justement « espionner », entre guillemets, toute conversation privée, pour permettre d'arrêter un réseau criminel.
- Le cancien lui dit « Oh là là, non, mais attendez, si on surveille une personne, ça veut dire qu'on va être obligé de surveiller ou en tout cas permettre la surveillance de tout le monde, pour justement protéger face à des malveillances, voire même à des vrais criminels. » Là, on parle effectivement du narcotrafiquant, mais on peut parler aussi de la pédopornographie, on peut parler aussi, bien sûr, de terrorisme.
- Et la problématique, elle est là.
- C'est jusqu'où la justice, la loi, va permettre, eh bien, cette surveillance, sachant qu'aujourd'hui, on a tous un espion dans nos poches qui est le téléphone portable, déjà de base.
- Mais si, en plus, on peut permettre, parce qu'il faut-il le rappeler, ça sera par exemple permettre d'écouter aussi, de déclencher une caméra, ou de lire les messages.
- Voilà, c'est quand même très complexe.
- Et je ne vous cache pas que voir cette décision prise, parce que ça fait quelques années quand même, depuis les années 70 que tout le monde réfléchit à ça, c'est compliqué, c'est vraiment très compliqué.
- Est-ce qu'il y a des solutions à trouver pour être entre les deux ? Pour permettre aux autorités d'avancer bien dans la lutte contre le narcotrafic, contre le terrorisme, contre la pédocriminalité, et en même temps, permettre de préserver une forme d'anonymat et de préserver la confidentialité ? Je pense qu'on appelle ça la justice.
- Je pense que la loi, si elle est votée, la justice sera là pour avoir un véritable garde-fou.
- Et ça paraît évident, je pense en tout cas, et moi je crois en mon pays, donc du coup, je pense que c'est carrément possible.
- La justice ne dira pas, allez-y, surveillez tout et n'importe quoi.
- Je pense que clairement, nos autorités...
- Il faut donc qu'un juge donne la permission de...
- Surveiller telle ou telle messagerie de telle ou telle personne.
- Je pense même que...
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