Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Avec nous, Constance Bertrand, bonjour.
- Bonjour.
- Vous êtes porte-parole du collectif des victimes de Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine.
- Alors, commençons parce que, rappelez-nous, que s'est-il passé à Saint-Dominique ? C'est un collège lycée, privé, catholique ? C'est l'institution Saint-Dominique de Neuilly, ça va de la maternelle jusqu'à la terminale à Neuilly-sur-Seine.
- Alors, l'histoire remonte un peu plus loin parce qu'il faut retourner à Bétarame.
- On a un des bourreaux de Bétarame qui avait disparu de la circulation entre Bétarame et Orléans-Châteauroux.
- Finalement, en fait, il a été à Neuilly pendant huit ans.
- Quand on s'est souvenu, quand on nous a remémoré ce fait-là, évidemment, une fois que son nom a été prononcé à côté de Saint-Dominique, on s'est tous souvenu de lui.
- Et on a décidé d'ouvrir un groupe Facebook pour que des témoins ou victimes puissent s'exprimer.
- D'accord. Et qu'avez-vous découvert ? Et là, ça a été le choc parce qu'en cinq jours, on a eu énormément de témoignages.
- Alors, pas tellement sur lui, à part des choses qu'on savait.
- Il tire les oreilles, il tire les cheveux, il est brutal.
- Mais on a eu sur six autres personnes des choses de nature extrêmement grave.
- Donc là, on était sous le choc.
- Des agressions sexuelles ? Tout à fait.
- On parle d'agressions sexuelles, on parle d'agressions physiques, on parle de violences sadiques.
- Les gens utilisent le terme « sadique » sur des enfants de ses mains.
- On parle d'un prêtre pédophile, on parle d'un surveillant, on parle de professeurs de français, de sport, etc.
- Donc, on est submergé par ces témoignages, émotionnellement et physiquement, parce qu'on en reçoit beaucoup.
- Et on décide de s'adresser au diocèse.
- Donc, on écrit à l'évêque qui nous reçoit quasi immédiatement et fait un signalement au procureur de la République.
- Et ensuite, et la suite, vous la connaissez, on était hier à l'Assemblée nationale pour témoigner devant la commission d'enquête parlementaire.
- Oui, huit représentants de collectifs de victimes ont été auditionnés hier, dont vous, par la commission d'enquête parlementaire, créés dans la lignée du scandale de Betarham.
- Si je comprends bien, le scandale de Betarham a réveillé les consciences, mais je vais aller beaucoup plus loin que ça, a révélé tout ce qui se passait dans de nombreux établissements.
- C'est un établissement privé catholique, c'est cela ? C'est exactement ça. On leur doit énormément, à ceux que j'appelle affectueusement nos petits frères de Betarham, parce qu'ils étaient des petits enfants quand ils ont été victimes de toute cette maltraitance.
- On leur doit énormément parce qu'ils ont ouvert la route, ils ont ouvert une porte qui ne pourra plus se refermer.
- Et dans la lignée, tous les collectifs se mettent en place, des révélations ont lieu dans la France entière.
- Au moment où je vous parle, Jean-Jacques, il y a des collectifs qui se créent partout.
- Tous les jours, il y a des nouveaux collectifs. Tous les jours, on apprend de nouvelles choses.
- C'est une constante. C'est quand même la souffrance des victimes et le silence des adultes autour d'eux qui ont su, ont couvert, n'ont rien fait, ont manqué de courage.
- Non, mais vous parlez de MeToo de l'enseignement privé catholique.
- Tout à fait. C'est ce que j'ai dit hier devant les journalistes en sortant de l'Assemblée nationale.
- J'ai parlé du MeToo de l'enseignement catholique parce que, vous le savez, c'est pas à vous que je vais le dire, Jean-Jacques, la presse aime les mots forts et il fallait un terme qui soit intelligible de tous.
- Donc, en effet, c'est un MeToo de l'enseignement catholique, à mon sens.
- Et j'espère que ça ne va pas s'arrêter. Ça ne peut pas s'arrêter.
- Il y a eu tellement de souffrance pendant tellement d'années.
- Aujourd'hui, des adultes qui nous disent il y a 30 ans, il m'est arrivé ci, il m'est arrivé ça.
- Je n'en ai jamais parlé. J'en parle aujourd'hui. Donc, on ne peut pas s'arrêter.
- On a le devoir de faire en sorte que ça continue.
- Et c'est pour ça que j'ai demandé à la fois aux journalistes et surtout aux députés de nous aider à ne plus jamais faire silence sur ces sujets-là.
- Voilà. Des...
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