Retranscription des premières minutes :
- Noël Lenoir, bonjour. Bonjour.
- Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes présidente du comité de soutien français à Boilem-Sensal et ancienne ministre des Affaires européennes, je voudrais le rappeler.
- Noël Lenoir, il y a manifestation aujourd'hui de soutien à Boilem-Sensal. Jeudi, nous saurons si Boilem-Sensal est condamné à 10 ans de prison.
- Le parquet algérien a requis ces 10 ans de prison ferme à l'encontre de l'écrivain franco-algérien. Décision définitive jeudi.
- D'abord, est-ce que vous avez des nouvelles de Boilem-Sensal ? Alors nous n'avons aucune nouvelle, si ce n'est par la presse algérienne, évidemment, qui montre que le gouvernement algérien et le président Tebboune effectivement se dirigeraient, mais il faut être extrêmement prudent vers une condamnation, puisque la justice n'est pas indépendante.
- Indépendante en Algérie, suivie éventuellement d'une libération dans les semaines suivantes.
- Donc d'après les informations que vous avez, mais ce ne sont, attention, ce ne sont que des rumeurs que vous avez qui viennent d'Alger, j'imagine, Noël Lenoir, il y aurait condamnation et il y aurait derrière grâce, quoi, une forme de grâce présidentielle.
- Effectivement. Alors il faut quand même savoir que ce procès, qui s'est passé en catimini, puisque personne n'était au courant, sans avocat, puisque Boilem-Sensal s'est vu demander par ses avocats algériens commis d'office de se débarrasser, j'utilise ce terme, de son avocat français parce que juif, donc antisémitisme d'État, eh bien il avait décidé de se défendre seul.
- Et nous avons les minutes du procès, mais ces minutes du procès sont absolument lunaires.
- C'est-à-dire qu'en réalité, ce qui est reproché à Boilem-Sensal, ce qui prouve que c'est un procès fabriqué, c'est essentiellement d'avoir échangé des SMS avec un ancien ambassadeur de France et avec l'actuel ambassadeur de France.
- Et des SMS sous forme de plaisanterie. Donc vous vous souvenez du livre de Milan Kundera, « La plaisanterie », qui conduit l'auteur de cette plaisanterie au goulag. Donc on en est là.
- Et à ce titre, en raison de ces échanges avec une puissance « étrangère » qu'est la France, eh bien il pourrait être condamné à 10 ans de prison, ce qui prouve quand même qu'on est dans un contexte extrêmement politique.
- Pourquoi est-ce que le président algérien Théboune gracierait Boilem-Sensal, selon vous ? Alors, il le gracierait essentiellement parce qu'effectivement, les liens ont repris avec le président de la République, ce dont on ne peut que se réjouir, même si on peut penser que l'Élysée a essayé de négocier depuis le début cette libération, qui est quand même un des scandales du siècle.
- Écrivain de 80 ans, atteint d'un cancer, parce qu'il a écrit des ouvrages en français et censurés en Algérie et qui déplaisent au pouvoir algérien, c'est quand même incroyable.
- Donc je crois que le pouvoir algérien, c'est-à-dire la sécurité militaire et son porte-parole, en quelque sorte, le président algérien, se sont rendus compte que c'était finalement défavorable aux intérêts algériens et aux liens avec la diaspora, 7 millions de personnes en France.
- Et c'est pourquoi...
- On est maintenant au stade où le président algérien a dit aux médias algériens, c'est-à-dire gouvernementaux, que finalement, eh bien, il n'est pas du tout choqué par un rapprochement entre la France et le Maroc.
- Il y a toujours eu des liens, dit-il.
- Nous ne sommes pas non plus choqués parce que la politique étrangère française se réoriente vers une reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental.
- Non, non.
- C'est plutôt le ministre...
- ... intérieur qui nous gêne.
- Alors c'est un peu risible et sinistrement risible de voir un pays qui accuse la France d'ingérence dans la politique intérieure algérienne alors qu'il se mêle, je dirais, au cœur de l'État de la politique intérieure française.
- Bien, je ne pense pas qu'Emmanuel Macron cède au président Théboune à propos de Bruno Rotailleau, je ne sais pas.
- Je ne sais pas ce que se sont dit les deux hommes.
- En tout cas, les relations entre la France et l'Algérie sont...
- Euh...
- ... sont mauvaises pendant un moment, Noël Lenoir.
- Alors...
- Enfin, l'essentiel, c'est d'obtenir la libération de Boualem Sansal.
- Alors s'il est gracié, c'est une chose, mais sera-t-il extradé ? Enfin, extradé. Il ne peut pas être extradé puisqu'il est Algérien et Français.
- Alors,...
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