Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Il est 7h41, c'était la semaine dernière à Villeurbanne, une clinique, une mère et son fils viennent aux urgences.
- Estimant le temps d'attente trop long, non satisfait des sons apportés, ils s'en sont pris à trois professionnels de santé et trois policiers.
- Et insultes, menaces, jusqu'à des coups, jusqu'à des coups.
- Et la mère et son fils, agresseurs donc présumés, puisqu'ils n'ont pas été jugés, seront jugés précisément en comparution immédiate ce lundi.
- Nous sommes avec le docteur Saïd Ouichou, qui est médecin généraliste et fondateur du collectif du 12 mars.
- C'est un collectif qui se bat justement pour dénoncer ces agressions de soignants, de personnels soignants, qui se multiplient.
- Oui, docteur Saïd Ouichou, bonjour.
- Oui, bonjour Jean-Jacques Bourdin.
- Merci d'être avec nous.
- Alors, oui, Villeurbanne, la semaine dernière, ils arrivent à la clinique, ils se plaignent à la fois du temps d'attente et ensuite des soins apportés.
- Et on se met à insulter le personnel soignant et on se bat, on donne des coups, les policiers doivent venir, on se bat avec des policiers.
- Enfin bon, dites-moi, mais c'est quoi ça ? C'est fréquent ? Oui, malheureusement, c'est fréquent et c'est de plus en plus fréquent et de plus en plus violent.
- C'est pour ça que nous, dans la profession, on commence un peu à réagir et à dénoncer ces violences, puisque nous sommes victimes, nous médecins, mais tous les soignants en général, de violences, juste parce qu'on prend quelqu'un, on ne le prend pas, on ne fait pas assez vite, les gens veulent tout avoir et tout de suite.
- Malheureusement, le système de santé est dégradé, donc on ne peut pas répondre immédiatement.
- On demande, mais dans le cas de Villeurbanne, je crois que la prise en charge a été faite dans les 10 minutes, ce qui est quand même un temps, on va dire, aux urgences actuellement exceptionnelles.
- Mais il y a un sentiment d'impunité et ce sentiment qu'on peut agresser les soignants et qu'on ne risque rien.
- Bon, jusque-là, c'était, on va dire, valable, mais la justice est en train de changer, la loi est en train de changer pour aller dans le sens de la protection des soignants.
- Bien sûr. Alors, c'est impatience.
- Qui entraîne tout de suite une violence, une réaction violente dans la prise en charge, parce qu'on n'est pas pris en charge suffisamment rapide.
- Et puis parce que, par exemple, un médecin ne va pas vous donner un certificat médical de complaisance, ça aussi.
- Oui, il y a une rupture de confiance actuellement entre le patient et le médecin.
- On assiste à une ubérisation de la médecine comme si une prestation, et les gens viennent, demandent une prestation quand ils ne sont pas...
- Oui.
- Ils sont mécontents, ils ne sont pas satisfaits, ils passent à l'acte.
- Cette confiance qu'on avait avant entre le médecin, le médecin de famille, le soignant et le respect que les gens nous témoignaient est en train de se perdre dans la société.
- Et on nous semble traités comme des prestataires de services, tout simplement.
- Oui, et puis même dans les EHPAD, les familles insultent le personnel soignant ou le personnel tout court.
- Oui, tout à fait.
- Moi, j'ai des témoignages.
- J'ai des témoignages d'infirmiers, par exemple, où la direction leur dit « Ah, laissez, c'est normal, c'est pas grave ».
- C'est-à-dire qu'on banalise l'agression du soignant.
- Et c'est pour ça que nous, au collectif du 12 mars, on se lève vraiment contre tout ça.
- On s'est mobilisés justement le 12 mars, c'est la journée européenne de lutte contre les violences envers les soignants.
- Et nous avons eu quelques réponses assez positives de la part de Yannick Noder, le ministre de la Santé, et qui vont aller dans le bon sens.
- Et j'espère justement...
- J'espère justement que la loi va changer, les choses vont changer bientôt.
- Et on voudrait vraiment alerter justement la population et les agresseurs pour leur dire que dorénavant, ils vont risquer jusqu'à 3 voire 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende parce qu'il va y avoir justement une criminalisation de l'agression du soignant.
- C'est-à-dire que chaque agression de soignant est une circonstance...
Transcription générée par IA