Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Notre invité, Christian de Boissieu, professeur émérite à Paris et Panthéon-Sorbonne, économiste réputé, président de la Fondation Concorde et auteur de « La Nouvelle Guerre des Monnaies » aux éditions Odile Jacob. Bonjour Christian de Boissieu.
- Bonjour.
- Votre livre vient de sortir, il y a un mois maintenant, il vient de sortir chez Odile Jacob, « La Nouvelle Guerre des Monnaies ». C'était prémonitoire.
- Voilà que Donald Trump revient volte-face sur ses droits de douane, enfin pas sur tous les droits de douane, et je récapitule.
- Il donne 90 jours, il suspend les surtaxes, mais il y a toujours 10% de taxes sur le monde entier.
- 25% sur l'acier, l'aluminium, les automobiles, les pièces détachées automobiles, pour tout le monde.
- Et puis, il y a maintenant combien ? 125% pour la Chine.
- La Chine qui, de son côté, taxe à 84% les importations américaines.
- Ça veut dire que c'est pas fini tout ça.
- J'ai écouté l'excellente chronique de mon ancien élève, l'Aéric Revelle, avec lequel je suis d'accord, ça peut arriver, heureusement dans la vie.
- Mais il a eu un bon prof, c'est pour ça.
- Oh, il a eu un bon élève, mais je veux dire par là, moi ce qui m'a frappé, c'est qu'hier, au fond, les bourses ont été soulagées.
- Ils ont été soulagées.
- Et elles continuent à corriger ce matin.
- Moi, je considère que le film est loin d'être terminé.
- C'est-à-dire qu'il nous donne 90 jours, on va voir ce qu'il en fait.
- Ce qui me paraît quand même un peu curieux, c'est que toute la planète dépend de la manière dont M. Trump se lève le matin, du pied gauche, du pied droit.
- Et je trouve ça un peu inquiétant pour nous, Européens.
- D'être aussi dépendants de ce qui se passe de côté de l'Atlantique.
- Alors, je sais bien qu'il y a le dollar, on va en reparler.
- Il y a la puissance économique militaire des États-Unis.
- Il y a toujours eu cette asymétrie depuis la Deuxième Guerre mondiale.
- Mais là, j'ai rarement vu une situation dans laquelle, au fond, nous sommes autant totalement dépendants des décisions un peu erratiques, excusez-moi de le dire comme ça, prises par le président américain.
- Christian de Boissieu, pourquoi tu fais volte-face ? La pression des marchés, le dollar, puisque dans la Nouvelle Guerre des monnaies, c'est le nerf de la guerre.
- Bien sûr, on n'en parle d'ailleurs pas assez, parce qu'on parle, à juste titre, beaucoup des droits de douane.
- Et on oublie que les droits de douane et les aspects monétaires et financiers, tout ça est relié.
- Pourquoi est-ce qu'il a fait volte-face ? Provisoire.
- Provisoire.
- Moi, je suis un peu dubitatif sur tout ça.
- Les bourses, sans doute.
- Et les gens autour de lui qui lui ont dit, attention, on ne sait pas où on va.
- On va du côté des marchés financiers.
- Les perspectives d'inflation aux États-Unis.
- Parce que les gens sur place disent que les consommateurs aux États-Unis ont commencé depuis quelques jours à faire des achats de précaution.
- En prévision de la hausse des prix.
- Et donc, même si le phénomène de relance de l'inflation se déroule à travers le temps, et ce n'est pas quelque chose comme ça qui se passe du jour au lendemain, je pense que la peur des consommateurs américains...
- Aussi...
- Beaucoup d'entreprises aux États-Unis se sont rendues compte que s'il y avait cette montagne de droits de douane, ça augmentait le coût de leurs importations.
- Et donc...
- Bien sûr.
- Ça augmentait aussi, voilà, un autre vecteur de l'inflation.
- Donc tout ça a fait que...
- Voilà.
- Et puis je pense, excusez-moi, il y a aussi quand même...
- Allez-y.
- Cet orgueil peut-être incommensurable du côté du président américain qui consiste à dire, c'est moi le maître...
- Je fais ce que je veux.
- Je fais ce que je veux, quand je veux.
- Quand je veux.
- Et je répète, je trouve que nous, Européens, enfin le reste du monde également, on est un peu petits garçons, par rapport à tout ça.
- Et puis il y a l'affrontement commercial, une véritable guerre commerciale avec la Chine, qui est engagée.
- Et qui est loin d'être...
Transcription générée par IA