L’appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Alors que l’association 269 Life, qui milite pour la libération animale, avait appelé défenseurs des animaux et militants antispécistes à se rassembler mardi soir pour une "Nuit Debout" devant les abattoirs un peu partout en France, celui de Bazas (Gironde) a été le théâtre d’une drôle de scène. Une trentaine de militants de la cause animale a ainsi allumé des bougies et déposé un cercueil en hommage aux animaux d’abattoirs.
"On dénonce plus le lobby de la viande que l’individu proprement dit"
"C’est une veillée statique, silencieuse, qui rend hommage aux victimes. Nous sommes plus contre le lobby de l’élevage et de la viande que contre l’individu. C’est surtout ça que nous dénonçons", précise Stéphania Triton, porte-parole de l’association 269 Life. Mais face à eux, un peu plus loin, se tenaient 80 agriculteurs soigneusement tenus à distance par les gendarmes. "Nous ne sommes évidemment pas là pour les agresser, mais pour porter notre discours et montrer que le leur est aberrant. Je n’ai rien contre les végétariens ni contre les végans, mais qu’ils ne nous accusent pas de tous les maux et qu’ils fassent attention aux termes qu’ils emploient. Allumer des bougies parce qu’on a abattu et fait manger des poulets… Où est-ce qu’on va ?", déclare Patrick Franken, président de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne.
"La colère gronde dans les campagnes, les agriculteurs en ont par-dessus la tête !"
Si la scène n’a pas donné lieu à des débordements, si ce n’est quelques noms d’oiseaux lancés à distance, l’action des militants anti-abattoirs exaspère certains éleveurs, comme Didier Delmotte, qui s’emporte au micro de Sud Radio. "On a un abattoir qui tourne bien, mais ils nous embêtent partout, dans tous les abattoirs ! Ils veulent absolument arrêter tout ça. Ce n’est plus possible ! Les zadistes bloquent tous les projets en cours, eh bien nous on réagit maintenant. On en a assez, on veut qu’on nous foute la paix et qu’on nous laisse travailler ! Et puis qui va payer la casse, les arrêts de production, etc. ? C’est nous tous, ce sont nos produits qui sont là-dedans ! Ils ne peuvent pas venir nous empêcher de travailler, c’est quand même un monde de voir ça ! Je vous garantis que la colère gronde dans les campagnes en ce moment. Les agriculteurs en ont par-dessus la tête ! C’est en marche, et ça va bouger", promet-il.
Un reportage de Christophe Bernard.