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À Ploërmel, la polémique fait rage sur la croix de la statue de Jean-Paul II

Par Benjamin Jeanjean

Témoignages Sud Radio. À Ploërmel (Morbihan), la suppression programmée de la croix d’une statue est loin de faire l’unanimité.

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C’est une décision du Conseil d’État qui fait beaucoup parler dans la commune de Ploërmel, dans le Morbihan. Au nom de la laïcité française, une œuvre d’art représentant l’ancien pape polonais Jean-Paul II devra en effet été privée de la croix la surplombant. Après plus de dix ans de procédures judiciaires, le Conseil d’État estime que la présence dans l’espace public de l’emblème religieux est contraire à la loi. Alors que la commune a désormais six mois pour retirer cette croix, le maire local, Patrick Le Diffon, est loin d’être enthousiaste.

"C’est une œuvre d’art, elle nous a été placée et présentée dans son intégralité. Démembrer une œuvre d’art ne se fait pas comme ça. Elle doit être une et indivisible, c’est la règle habituelle. Je ne suis pas persuadé que l’artiste acquiescera un démembrement partiel de son œuvre. Ce qui me désole, et le mot est très faible, c’est qu’on y revient douze ans après son installation. Je ne voudrais pas raviver une guerre de religion ici à Ploërmel. On vit une époque dans laquelle on devrait éviter ce genre de choses en France entre nous", déclare-t-il au micro de Sud Radio.

"C’est une amputation de notre mémoire, je ne l’accepte pas"

Maire de Ploërmel pendant plus de 30 ans et à l’origine de l’installation de cette statue, Paul Anselin est, lui, franchement révolté. "J’ai eu une peine immense. Comment penser enlever une croix en Bretagne, qui est une terre aux racines chrétiennes ? C’est quand même invraisemblable… Je considère que c’est une amputation de notre mémoire, et je ne l’accepte pas. Il y a une petite croix que j’ai fait ériger à l’endroit où sont tombés deux jeunes de Ploërmel assassinés par les nazis en 1944. On va l’enlever aussi, cette croix ? Mais où on va ? Je suis un homme tolérant, je suis décidé à ne pas reculer sur ce terrain des valeurs. Cette statue est là depuis onze ans, elle fait partie du patrimoine de la ville !", fulmine-t-il.

Pour Martine, qui habite à deux pas de la statue, la décision du Conseil d’État n’a aucun sens… "Pour moi, il faut la laisser. Maintenant, elle est installée, laissons-la là. Je trouve ça dommage : ça fait des frais pour l’installer, des frais pour la retirer… C’est lamentable. Je vois cette statue depuis ma cuisine et depuis ma chambre, et ça ne me dérange pas. C’était dès le début qu’il fallait faire quelque chose, pas maintenant", déplore-t-elle.

Un reportage de Clément Bargain

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